Le professeur Diegane Sène, élevé samedi au titre de docteur d’Etat en Lettres et sciences humaines, a émis le souhait de voir ‘’une nouvelle presse sénégalaise professionnelle » émerger, afin d’éviter les polémiques qui peuvent fragiliser la démocratie.
‘’Nous assistons à une négligence professionnelle de la part des journalistes ou simplement de la mauvaise foi. Un journaliste ne doit pas cesser d’apprendre. Cela lui permettra de ne pas verser dans les polémiques ou la course au scoop parfois non vérifié pouvant amener une démocratie à être fragile’’, a-t-il dit.
Diégane Séne présentait une thèse pour le doctorat d’Etat en Lettres et sciences humaines (histoire moderne et contemporaine). Le thème est axé sur: ‘’Ancrage et mutations de la presse sénégalaise dans la première moitié du XXème siècle (1913-1947) ».
‘’La presse n’existait pas au Sénégal avant 1913. Plusieurs titres de journaux ou de publications coexistaient à la même période. Et cette succession a fait qu’il n’y avait pas de presse dans le pays. A partir de 1947, nous vivons la naissance de Condition Humaine. Et cela a marqué une rupture totale. On venait d’avoir un journal national’’, a rappelé le professeur Séne.
Pour comprendre cette évolution de la presse coloniale sénégalaise, a-t-il poursuivi, »il fallait aller à la base remonter l’histoire ». ‘’Actuellement, nous acheminons vers l’âge de la prolifération des journaux, il faut une certaine humilité au journaliste pour qu’il comprenne à quel point son outil de travail est redoutable.’’
Le jury composé spécialement d’historiens a qualifié à l’unanimité le document de thèse ‘’de textes riches en informations notamment sur la politique et l’histoire de la presse sénégalaise depuis ces premiers jours.’’ Il a par ailleurs recommandé au candidat de retravailler certaines imperfections et corrigé la grammaire et la langue.
Pour l’historien ivoirien Michel Kouamé, le document présenté par Diégane Séne »n’est pas seulement une histoire de la presse sénégalaise car, le pluralisme est bien mis en évidence ».
Il a par ailleurs invité le professeur Sène à renseigner ses lecteurs sur le prix du journal à l’époque, le statut professionnel des acteurs. ‘’On ignore dans votre document si les journalistes d’alors sont des professionnels ou des vacataires ? Il faut faire aussi une approche historique ou statistique pour montrer quelle est la rubrique qui dominait’’, a-t-il suggéré.
Les professeurs Abdoulaye Touré et Olivier Sagna ont quant-à eux souligné la nécessité de retravailler la thèse afin qu’elle soit utile non seulement aux universitaires mais à toute personne qui voudra s’enrichir.
Répondant aux différentes suggestions, Diégane Séne a indiqué au jury qu’il va accomplir le travail, afin qu’il serve à toutes les personnes qui le consulteront. ‘’J’étais confronté à un problème qu’il fallait résoudre sur l’histoire des médias et j’espère que des experts viendront l’enrichir.’’
