Le Pr Fallou Cissé* se veut formel ! Le jeun et la compétition de haut niveau ne peuvent pas aller de paire. A moins de 24h du match amical Sénégal-Maroc (mois de ramadan, une période caniculaire), « le médecin des lions » revient sur les raisons qui font que le sport de haut niveau est incompatible avec le ramadan. Mais aussi sur les risques qu’encourent les sportifs qui jeûnent durant les compétitions.
Le football de haut niveau est incompatible avec le Ramadan parce que le jeun, a des contraintes et la majeure est la privation d’eau et on sait que l’eau joue un rôle fondamental dans le corps humain. C’est grâce à l’eau que l’on peut réguler la température centrale et c’est aussi grâce à l’eau que le cœur arrive aussi à battre normalement. Quand il y a un manque d’eau important, le cœur risque de s’arrêter et on parle de mort subite. Ensuite, c’est l’eau qui est filtrée par le rein pour procéder à l’épuration des déchets qui sont produits en permanence dans le corps. Donc cette privation d’eau risque d’entrainer des désordres dans l’organisme. Et ces désordres sont beaucoup plus marqués lorsqu’on est en activité physique. Au cours de l’activité physique, on perd énormément d’eau du fait de la sudation et de l’évaporation d’eau surtout quand il fait chaud, ce qui est le cas en ce moment. Cette élévation ambiante de température est surtout accompagnée d’une forte hygrométrie, la saturation de l’air en vapeur d’eau. C’est cette contrainte majeure qui baisse les contre performances lorsqu’on observe le jeun et surtout, lorsque la température ambiante est élevée. L’alimentation ne pose pas de problème majeur. Le sportif a plutôt besoin de sucre lent, qu’on trouve dans les pates, le riz… des aliments qui au bout de 6h, 7h de temps sont transformés en sucre dans l’organisme donc, l’alimentation ne pose pas de problème chez le footballeur professionnel durant le ramadan. Fondamentalement ce qui pose problème c’est l’eau.
Nos footballeurs, notamment ceux qui sont en équipe nationale sont de fervents croyants, mais ce sont des professionnels qui savent que leur métier c’est le football. L’année dernière quand on jouait contre la RDC (2-4 à Lubumbashi), c’était pendant le ramadan et les joueurs avaient accepté de ne pas jeuner parce qu’ils se disaient qu’ « ils sont en mission en mission d’Etat et la religion leur permettait dans ces moments précis de ne pas jeuner et d’attendre la fin du mois pour pouvoir compenser. Même si le match, Sénégal-Maroc est un match amical, les joueurs savent que c’est un match capital.
*Le professeur Fallou Cissé, médecin de l’Equipe nationale de football du Sénégal et enseignant à la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. ndamli.sn