Les matières sont elles sources de développement économique ? Le Pr Philipe Chalmin de l’université Paris Dauphine, répondant par la négation, a démonté cette thèse hier, vendredi 2 juillet, à l’ouverture de la conférence internationale sur « Le facteur non spécifié » qui réunit plus d’une centaine d’universitaires du monde.
Les thèses de chercheurs, acteurs économiques ou institutions financières internationales mettant les matières premières au cœur du développement économique ont été balayées d’un revers de bras par le Pr Philipe Chalmin de l’université Paris Dauphine. L’ouverture de la conférence internationale sur « Le facteur non spécifié » ou « facteur « capital immatériel » hier, vendredi 2 juillet à Dakar, a été une opportunité pour le Pr Chalmin de remettre en cause la place donnée aux matières premières. A son avis, « quand on regarde le thème général de la conférence (ndlr : Faire de l’Afrique le continent le plus prospère du monde), on voit que l’Afrique est le continent le plus riche au monde avec la prospérité africaine qui est née de ses matières premières ». « Au fond, nous avons tous rêvé des matières premières africaines avec l’or, l’ivoire, des minerais de métaux, du Katanga…du pétrole plus récemment. Nous avons tous pensé qu’avec les matières premières, l’Afrique va pouvoir brûler les étapes en terme de développement économique », a démontré M. Chalmin.
Malheureusement, a-t-il poursuivi, « il faut bien constater que l’histoire de l’Afrique a été marquée par une exploitation géographique des matières premières par les collons. Aujourd’hui, force est de constater que si les matières premières sont essentielles pour l’Afrique, le continent n’est plus essentiel pour le marché mondial des matières premières ». A son avis, « il est vrai qu’il y a des choses importantes avec le pétrole, le gaz naturel, le charbon, le phosphate (au Sénégal), le café, la cacao, le thé…Lorsqu’on fait une analyse, ce que l’on constate c’est qu’instabilité politique et instabilité sociale riment avec les matières premières ».
Le Pr Chalmin considère que « quelque part, on peut dire que les matières premières sont une source totale de corruption au sens le plus large ». Avant d’avancer : « les pays d’Afrique les plus riches en matières premières sont peut-être les plus pauvres humainement, socialement et politiquement ». Il a ajouté que « cette situation ne s’est pas seulement produite en Afrique parce que même des pays comme la Russie ont subi le même sort ».
Le président de la République, Me Abdoulaye qui a guidé l’ouverture des travaux de cette conférence, pense dans le contexte actuel, il faut distinguer le pétrole dans le lot des matières premières. Il rejoint ainsi l’idée du Pr Chalmin en affirmant que « c’est un malheur dans nos pays parce que dès qu’on annonce du pétrole tout le monde veut prendre le pouvoir ». Pour lui, « si le pétrole installe un gouvernement dans la béatitude, c’est une catastrophe ». C’est ainsi que le président de la République a invité les pays africains à investir dans les facteurs non spécifiés. Il propose l’école Dauphine de lancer une école sur la production sur la croissance. « Je suis prêt à l’abriter. Vous pouvez l’appeler l’Ecole Dauphine de Dakar ». Ce qui, à son avis, consistera à faire des séminaires beaucoup plus pointus sur le développement et une revue plus approfondie des choses.
sudonline.sn
La ou il passe,on lui parle de corruption.