Sénégal: la pratique de la torture existe mais est « minime »
La torture est pratiquée mais de façon « minime » au Sénégal et ce pays reste « un exemple » pour les droits de l’homme, a déclaré son gouvernement jeudi, en réponse Amnesty international qui affirme que la torture des suspects par les policiers sénégalais est courante.
« Les autorités sénégalaises, preuves à l’appui, ont démontré que notre pays, loin de constituer une terre d’impunité, est un exemple dans la protection, la promotion et la sauvegarde des droits humains », indique le ministère sénégalais de la Communication dans un communiqué reçu par l’AFP.
« Sans occulter l’existence de cette pratique, quoique minime, le Sénégal renouvelle ici son engagement à ne ménager aucun effort pour (…) participer à l’oeuvre internationale et communautaire destinée à l’éradication de la torture sous toutes ses formes », poursuit le ministère.
Il note que « l’essentiel des récriminations contenues dans le rapport d’Amnesty International ont fait l’objet de débats houleux devant le Conseil des droits de l’Homme de Genève ».
Dans un rapport intitulé « Sénégal, terre d’impunité », Amnesty international a écrit qu’au Sénégal, « le recours systématique à la torture semble être considéré (…) comme une manière tout à fait admissible de procéder à une enquête et d’aboutir à l’identification et la condamnation des coupables ».
L’ONG a relevé qu' »au cours des trois dernières années, au moins cinq personnes arrêtées pour des délits de droit commun sont décédées en détention, apparemment des suites de torture » et que dans au moins quatre de ces cas, « l’enquête n’a pas abouti à la traduction en justice des présumés coupables ».
En réponse, le gouvernement de Dakar déclare que des enquêtes ont été ouvertes mais qu’il faut du temps pour identifier « les individus contre lesquels les poursuites seront dirigées ».
Le gouvernement dit ainsi qu’une enquête est toujours « en cours » pour la mort de Dominique Lopy, 27 ans, décédé en avril 2007 au commissariat de Kolda (670 km au sud-est de Dakar) après avoir dit à sa mère qu’il avait été battu en détention. « Le ministre de l’Intérieur avait à l’époque muté tous les éléments du commissariat », relève le ministère de la Communication, assurant que cette mesure traduit « la volonté des pouvoirs publics de combattre toute forme d’atteinte à l’intégrité physique de la personne ».
Après la mort d’Aboubacry Dia, en novembre 2009 au commissariat de Matam (700 km à l’est de Dakar), la police avait affirmé qu’il s’était suicidé par pendaison. Selon le ministère, « les résultats de l’autopsie font état de mort par strangulation » et « l’autorité judiciaire continue de mener des investigations ».
AFP via Romadie.com