Après plusieurs mois de travail, la compagnie Pasytef a présenté vendredi dernier, la pièce Lu Tax ? (pourquoi, en wolof). La pièce raconte les malheurs d’un village de pygmées qui a vu la forêt, sa seule ressource, complètement rasée. Un village perdu dans la forêt, quelque part en Afrique centrale. Le chant des oiseaux en sourdine. Des hommes de petite taille sortent des cases et vaquent à leurs occupations. Ils s’adonnent à la chasse, à la cueillette et à toutes les autres activités que l’on peut mener dans une forêt. Une femme qui accouche sans difficultés à domicile, aidée par ses voisines. Bref, des scènes de la vie quotidienne chez les pygmées. Le décor est ainsi planté pour la compagnie Pasytef qui présentait dans un mélange de musique et de danse, la première du spectacle Lu Tax ? (pourquoi, en wolof).Ce fut devant un public pas très nombreux.
Cette représentation théâtrale plaide la cause des pygmées, cette «race en voie de disparition». Selon Steve Belinga, le metteur en scène, la déforestation menace grandement la survie des pygmées. Et pour cela, il faut à travers le théâtre évoquer le mal. Le scénario résumé, plonge l’audience dans l’univers d’un village de pygmées. Le calme de ce village est perturbé par l’arrivée d’un inconnu venu s’enrichir grâce à la richesse de la forêt. Il offre des présents de toutes sortes aux pygmées pour mieux les amadouer. D’après Steve Belinga, c’est très courant en Afrique centrale. «Parfois c’est un responsable ou des propriétaires d’industries (qui sont derrière, Ndlr). Quand les pygmées sont occupés à admirer les cadeaux, le bruit des machines les a fait réagir. Ils se réfugient dans les cases. Quand tout revient à la normal, ils sortent de leur cachette pour se rendre compte que tout a été ravagé. Tristesse, consternation, ébahissement se lisent sur les visages. Chacun se demande «Lu Tax ?». Mais cela n’est que le début de leurs misères. Vivant des ressources de la forêt, ils finissent démunis. La famine s’installe. Ils ne trouvent plus à manger et n’ont plus les moyens de se soigner. Ils finissent par mourir un à un, sans que personne ne leur vienne en aide.
Aucun détail n’a été laissé au hasard, pour donner de la réalité aux scènes. En plus du décor, les costumes ont été bien travaillés. La façon de se tenir et de marcher des acteurs a été savamment étudiée pendant plus d’un an. Les acteurs étant de différentes nationalités, n’étant pas familiers à la culture pygmée, il a fallu beaucoup de temps pour s’en imprégner. Mais cela en a valu la peine, puisque les chansons et les pas de danse ont été exécutés avec grâce et naturellement par la compagnie. Les acteurs ont chanté en «Badjo», des chansons traditionnelles pygmées. C’est ainsi que les scènes de fiançailles et mariages, ont été rythmées par les danses et chansons pygmées. Le chorégraphe Omar Sène a eu fort à faire pour aboutir à une bonne synchronisation de ses danseurs. La chanson finale composée par le metteur en scène résume l’histoire.
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