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Présidentielle de 2012: choc des ambitions

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08 candidatures officiellement déclarées pour la présidentielle de 2012 et autant de programmes de développement socio-économique et de gouvernance politique devant aller à la quête des suffrage des Sénégalais pour le fauteuil présidentiel. Nouveautés ou redondances, schémas planifiés ou simples professions de foi ? Dans cet article, Sud quotidien ébauche une approche comparative des feuilles de route des candidatures déclarées et dévoile les ambitions cachées de ces potentiels challengers de Me Wade.

A moins de huit mois de la prochaine élection présidentielle prévue pour le 26 février 2012, les ambitions présidentielles se font de plus en plus jour dans les chaumières politiques. Huit candidatures à la magistrature suprême se sont, à ce jour, manifestées. Ce sont celles de Me Abdoulaye Wade, l’actuel président de la République et leader du Pds, de Macky Sall de l’Apr Yakaar, de l’universitaire Arona Ndoffène Diouf, d’Amsata Sow Sidibé de Car Leneen, de Cheikh Tidiane Gadio du Mpcl, d’Ibrahima Fall, d’El Hadj Diouf du Ptp, voire de Talla Sylla de la coalition Benno Taxawaal Senegal. Ces prétendants au fauteuil présidentiel entendent, chacun en ce qui le concerne, présenter tout un programme de gouvernance et de développement économique et social dont la moindre prétention est d’apporter des solutions structurelles à la “crise des institutions”, comme disent certains observateurs de la chose politique au Sénégal, voire aux questions sociales qui “stressent” les populations sénégalaises. Parmi ces problèmes, on relève la crise du secteur énergétique, la déliquescence du monde rural, la déconfiture du tissu économique, la cherté de la vie, le sous-emploi et le chômage, l’accès à des services d’éducation et de santé de qualité, voire la Casamance. Seulement, la question qui se pose est de savoir s’il y a une quelconque nouveauté dans les divers programmes esquissés par les challengers de Me Wade qui ont actuellement déclaré leur candidature à la présidentielle de 2010.

GADI0 P0UR UN M0UVEMENT CIT0YEN A LA BASE

S’inspirant du mouvement citoyen à la base (« Grassroots Movement »), C.T. Gadio dit ambitionner pour le Sénégal une véritable séparation et un équilibre réel des pouvoirs. Le Mouvement politique citoyen, pour ce faire, soumettra au Peuple sénégalais le projet d’une nouvelle constitution qui fera partie de ses propositions pour la renaissance démocratique et le renouveau institutionnel du Sénégal. Tout en prônant par ailleurs une réconciliation immédiate et sincère en Casamance à travers une paix définitive, une amnistie et une réinsertion des combattants, en plus d’un programme prioritaire de reconstruction économique de cette region, le Mouvement politique citoyen propose aux Sénégalais dix mesures essentielles et prioritaires. Restaurer l’état de droit et ses institutions fondamentales par la promotion du « patriotisme constitutionnel », fonder une nouvelle éthique dans la gestion des affaires publiques et dans la gouvernance des entreprises privées, favoriser l’organisation d’un jeu politique plus sain et plus crédible entre un nombre restreint de partis politiques à côté d’un mouvement citoyen. Ces initiatives seront renforcées par la redynamisation de notre économie par une gestion transparente des ressources du pays, le lancement d’un véritable programme de développement rural et de développement régional, la réhabilitation de la base industrielle et le renforcement du secteur-clé de la pêche tout en donnant un nouvel élan aux autres secteurs prioritaires que sont les infrastructures, l’éducation, la santé, les Tics, l’énergie, l’environnement…

IBRAHIMA FALL, CHANTRE DU REGIME PARLEMENTAIRE

Ancien ministre des Affaires étrangères sous le Président Abdou Diouf, Ibrahima Fall articule son programme politique autour de huit points. Selon, Ibrahima Fall, « la refondation du système de gouvernance politique devra passer impérativement par la réduction du train de vie de l’Etat marquée par l’assainissement des finances publiques, la suppression du Senat et des innombrables et inutiles agences, la diminution drastique de la taille du gouvernement ». Fort de cette proposition, M. Fall estime que l’utilisation judicieuse des ressources financières ainsi économisées permettra en priorité, de répondre aux besoins socio-économiques prioritaires des couches laborieuses de la nation sénégalaise. Une option de gouvernance qui devra déboucher sur un régime politique de type parlementaire.”

La recherche de la paix en Casamance se fera par l’association de “toutes les parties prenantes et les bonnes volontés, au premier rang desquelles les ressortissants de cette région. Le temps des messies est passé”. Pour la résolution du chômage, le candidat préconise la mise en place d’un sous-programme spécial dont une composante porte sur l’emploi. Enfin, pour ce qui concerne la crise énergétique, le candidat Fall affirme que « Nous entendons mettre un terme définitif aux nombreux problèmes énergétiques par une politique délibérément volontariste fondée sur un plan à court terme. Et à moyen termes de réhabilitation du parc actuel et sur le recours systématique aux énergies renouvelables, notamment à l’énergie solaire”. Par contre, la réduction des prix des denrées de premières nécessités se fera « grâce à une diminution importantes des impôts et taxes opérés par les Pouvoirs publics et, d’autre part, le respect strict , par tous, de la baisse et la stabilisation des prix.”

MACKY SALL, LA REVANCHE PAR L’APR YAKAAR

Pur produit du Parti démocratique sénégalais qui l’a intronisé au poste de Premier ministre avant d’en faire Président de l’Assemblée nationale, Macky Sall a coupé les ponts avec Me Wade, à l’issue d’une brouille dont l’aboutissement fut la destitution de l’actuel président de l’Alliance pour la République, (Apr) de ses principaux postes électifs. Resté néanmoins à la tête de la mairie, après les locales de 2009, Macky Sall est décidé à prendre sa revanche sur le leader du Pds. 0ptant à massifier, pour le moment, son parti à l’intérieur du pays, Macky Sall surfe sur un état de grâce fondée, selon des acteurs de la chose politique, sur la relative sympathie que les Sénégalais lui témoignent à l’issue de son bras de fer malheureux avec le Pds. De toute façon, le leader de l’Apr qui se trouverait en très bonne position dans le choix des électeurs, d’après certains sondages, se dit prêt à dérouler un ensemble d’initiatives à même de régler définitivement les problèmes du Sénégal. Quoiqu’il se soit un peu démarqué de certaines conclusions des Assises nationales, relativement à la candidature unique de l’opposition politique et une candidature de transition, Macky Sall dit intégrer la charte de bonne gouvernance issue de ces Assises dans sa feuille de route pour l’élection présidentielle.

TALLA SYLLA AVEC BENN0… TAXAWAAL SENEGAL

Talla Sylla, à l’instar de Macky Sall, avait déjà affiché très tôt sa volonté de se présenter à la présidentielle de 2012. Bien qu’il n’ait pas atteint la barre des 1 % lors de la dernière présidentielle (il avait obtenu 0, 53 %), l’homme politique entend remettre se présenter à nouveau. Il compte aller à la pêche aux voix sous la bannière de la coalition Bennoo Taxawaal Senegaal, qu’il a mise sur pied au lendemain de son départ de Benno Siggil Senegaal. D’ores et déjà dans la peau du futur chef d’Etat sénégalais, Talla Sylla décline sa feuille de route. Une feuille de route qui puise sa quintessence dans les réformes institutionnelles contenues dans la Charte de gouvernance démocratique issue des Assises nationales. Le seul paradoxe pour Talla Sylla, c’est que le programme de gouvernement qu’il entend décliner sera nécessairement similaire au candidat unique, à la “candidature de l’unité”, ou la “candidature de transition” qu’investira, sauf zizanie de dernière minute, la coalition Benno Sigguil Senegaal.

AMSATOU SOW SIDIBÉ ET LE PROJET DE SOCIÉTÉ DE RUPTURE

Mme Amsatou Sow Sidibé, candidate à la présidentielle de 2012, présente ce qui sera son projet de société comme une démarche de rupture. Pour cela, Amsatou Sow Sidibé prône une rupture par rapport aux pratiques observées jusqu’ici et qui ont pour nom : gabegie, clientélisme, infantilisation des populations avec des billets de banque, dilapidation des ressources et manque de transparence. Pour elle, la priorité des priorités est, entre autres, la question énergétique, la crise de l’éducation, de l’emploi, le dossier casamançais, la demande sociale. Sur le secteur énergétique, Car Leneen propose pour autant la remise à niveau du parc de production de la Senelec en s’appuyant sur les énergies renouvelables, mais aussi la généralisation des lampes à basse consommation et la réorganisation profonde de la Senelec. Au plan Takkal proposé par le gouvernement, Mme Sidibé oppose celui de «Leeral» qui, à ses yeux, symbolise mieux l’idée de lumière. Sur la demande sociale, la leader de Car Leneen préconise une politique économique volontariste qui cible les couches vulnérables. Selon Mme Sidibé, il faut aussi freiner de manière substantielle l’inflation sur les denrées et revaloriser les petites pensions de retraites. Pour l’éducation, Amsatou Sow Sidibé propose une nouvelle approche basée sur la qualité de l’éducation. Elle suggère également des mesures pour une meilleure prise en compte des artistes, tout comme des solutions pour la crise casamançaise axées sur la reprise des négociations.

AR0NA ND0FFENE DI0UF 0U L’ALTERNATIVE CIT0YENNE

Sous les couleurs d’Alternative citoyenne and Defar sunurew, cet enseignant chercheur dit vouloir créer une troisième voie, ajoutant qu’il fera connaître à tous les Sénégalais, d’ici 2011, son projet de société et surtout son programme dans le domaine économique, qui s’appuie essentiellement sur l’agriculture. ‘Nous avons des programmes qui vont nous permettre d’utiliser nos propres ressources, en commençant par les ressources agricoles, car nous avons un potentiel agricole énorme’, expliquant que tous les pays qui se sont développés se sont basés sur l’agriculture. ‘Le Sénégal dispose de terres. Nous avons 19 millions d’hectares qui ne sont pas exploités. D’autre part, nous avons aussi le programme Repi (Ressources en eau pour l’irrigation), pour redynamiser notre agriculture, en exploitant les eaux du pays’, fait-il remarquer, comptant sur le fleuve Sénégal, qui est long de 1 700 km, pour assurer le développement du pays. Pour ce qui est de la crise énergétique, l’enseignant de l’Université nord américaine révèle dans son programme dit « Programme remède, un modèle de Développement pour faire émerger le Sénégal », que notre pays dispose d’assez d’atouts pour faire face à la situation actuelle. « On peut utiliser les 80 millions m3 de tourbe dont les gisements se trouvent de Kayes à Rao pour obtenir de l’électricité, en plus des 3000 heures de soleil et les 1700 km d’eau du fleuve Sénégal. Malheureusement, note-t-il, il n’y a pas de vision sérieuse et de volonté politique et patriotique pour sortir le pays de cette situation de torpeur ».

ME EL HADJ DI0UF ET LA SUPPRESSI0N DU MINISTRE DE LA JUSTICE

Pour le candidat El Hadj Diouf, leader du Ptp, le Sénégal a connu 40 ans de misère sous le régime du Parti socialiste (Ps) et 11 ans de déception et d’échec sous Wade. Selon Me Diouf, les socialistes en quarante ans de règne ont enfoncé le pays. Pis, leur successeur Me Wade avec qui il fait un long compagnonnage est, selon l’avocat “vieux, très mal entouré par des opportunistes qui ne sont là que pour s’enrichir. Et le résultat, c’est 11 ans de déception et d’échec’. Et cela, note celui qui se surnomme “l’avocat du people”, malgré un bilan positif dans le domaine des infrastructures. Seulement, les infrastructures ne suffisent pas, selon lui, dans un pays où les gens ont ‘faim et soif’. Pour autant, le candidat à la présidentielle de 2012 se dit prêt à se battre pour sortir le Sénégal de la misère, des inondations et des ‘coupures intempestives chroniques’. Ainsi, le leader du Ptp promet de régler en 500 jours les problèmes des Sénégalais, en mettant l’accent sur l’industrialisation pour développer le Sénégal contrairement à Wade qui parle de Goana. Car “seule l’industrie peut faire développer un pays”. Aussi créera-t-il, selon sa feuille de route, des usines pour résorber le chômage. Autre proposition et non des moindres de l’avocat politicien, la suppression du ministère de la Justice. “Je vais supprimer le ministère de la Justice parce qu’un ministre ne peut être le chef de la justice qui est considéré comme un pouvoir”.

Face à ces challengers dont la liste n’est guère exhaustive, on retrouve Me Wade. A plus de 86 ans à la fin de son quinquennat (après un premier mandat de sept ans), le leader du Parti démocratique sénégalais est décidé, contre vents et marées, à briguer un nouveau mandat. Quid du programme de gouvernance et de développement socioéconomique porté par le régime libéral. Les Sénégalais, confrontés depuis une dizaine d’années à un contexte social et économique vécu au quotidien, à une demande sociale palpable au quotidien se feront leur propre religion. De toute façon, l’échéance de février 2012 approche à grands pas et l’espace de séduction de l’électorat sénégalais est encore appelé à connaître diverses propositions qui relèvent pour la plupart autant de professions de foi que de stratégies planifiées de résolution de la crise multiforme que vivent les “gorgorlu”. Aux électeurs de se determiner.
sudonline.sn

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