Face aux rebuffades des Sénégalais à la pratique du dépistage volontaire du Vih, Mme Viviane Wade promeut la manière forte, pour les contraindre à être au fait de leur état sérologique.
Il n’y pas mille manières de prévenir le Vih/Sida, au Sénégal. Selon Mme Viviane Wade, épouse du chef de l’Etat, le dépistage est une des panacées qui doit permettre à chaque individu d’être au fait de son état sérologique. Ainsi, pour Mme Wade, le dépistage doit dépasser le stade de volontaire pour passer à une étape plus coercitive, pour contraindre les personnes réfractaires à épouser cette pratique. «Il faut faire le test», répète Mme Wade, du haut de la tribune qui lui servait de parloir, pour les besoins de la Journée mondiale du Sida, célébrée hier à Linguère.
Dans un long discours improvisé et parfois très ironique, la Première dame du Sénégal a insisté sur le fait que «les personnes réfractaires au test doivent recevoir une correction». Parce qu’il est inadmissible, dit-elle, qu’une personne vivant avec le Vih le transmet à des innocents qui sont, par la suite, obligés de vivre avec le virus jusqu’à la fin de leur vie. «C’est une injustice», a indiqué Mme Wade, par ailleurs présidente de l’Association Education-Santé. Dans cette veine, elle a évoqué les dangers de la polygamie qui, même si elle n’est pas mauvaise, favorise la transmission du Vih. En effet Mme Wade, se voulant persuasive, a rappelé que 60% des nouvelles infections proviennent des couples stables. D’où la nécessité pour elle, d’instaurer le test au Vih, comme une pratique obligatoire chez les personnes en couple mais aussi chez les jeunes.
Evoquant la situation de Linguère, qui a été choisie pour son statut de «zone vulnérable», Viviane Wade accuse les camionneurs comme étant les seuls responsables de la progression du Vih dans cette partie du Djolof. Aux femmes de Linguère qui est une zone qui enregistre un taux de prévalence de 1%, soit au-dessus de la moyenne nationale qui est de 0,7%, Mme Wade demande de refuser la transmission du Vih par ces «aventuriers». Sinon, prévient-elle, «vous et vos enfants serez exposés à cette maladie, jusque-là incurable».
Aussi, dans une de ses nombreuses anecdotes qu’elle a racontées au public, elle explique pour s’en émouvoir, que dans une région sud du pays, les tests sont vendus à 5 000 francs Cfa, alors qu’ils devraient être gratuits. Mais tout ça, dit-elle, ce sont les autorités qui doivent y mettre un terme, avant que ces dérives n’impactent négativement sur la lutte contre le Vih-Sida.
Au terme de son speech, Mme Wade a annoncé aux populations de Linguère que les fils de ce terroir, basés à l’étranger, ont mis à la disposition du district sanitaire de la commune, une ambulance médicalisée. Mais au-delà de ce moyen de déplacement, le médecin-chef du district, a exprimé le besoin en ressources humaines suffisantes, pour mieux combattre le Vih dans cette zone. Au cours d’une conférence de presse tenue la veille, Dr Tidiane Thiam, le médecin-chef du district sanitaire de Linguère, a aussi exprimé le besoin d’intensifier l’offre des services de dépistage, qui ne sont disponibles qu’au centre de santé de Linguère. Ce qui est, à ses yeux, un obstacle majeur à l’atteinte de ses objectifs.
RAPPORT DE L’ONUSIDA : Le Sénégal a enregistré 4 722 nouvelles infections en 2009
Le rapport annuel de l’Onusida sur l’état de l’épidémie, qui sera publié demain à Dakar, révèle que le Sénégal a enregistré en 2009, 4 722 nouvelles infections. Une partie du contenu du rapport a été évoquée hier à Linguère, par le secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le Sida. Le Dr Ibra Ndoye indique en effet, que ces personnes infectées sont identifiées à partir des 378 693 personnes dépistées l’année dernière, au Sénégal. Pour le Dr Ndoye, les nouvelles infections auraient pu être plus nombreuses si les Sénégalais n’utilisaient pas suffisamment les préservatifs. Ceux-ci ont été distribués à hauteur de 11,5 millions en 2009, contre 5 millions distribués en 2002.
A noter que la journée d’hier a été émaillée par un mouvement d’humeur des élèves du Lycée Alboury Ndiaye qui, ont exprimé leur colère face à l’inexistence d’un lycée fonctionnel dans la commune. Ils ont été tenus en respect par les forces de l’ordre qui les ont ainsi empêchés de rejoindre le lieu public, qui abritait les festivités. Et jusqu’au moment où nous quittions Linguère, six d’entre les élèves étaient encore en détention au poste de Gendarmerie de la ville.
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