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Prison et sexualité : les dessous d’une double peine

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Le sexe et la prison sont liés.Une sexualité interdite ou contre nature  méne en prison. Les violeurs et les homosexuels ces « délinquants sexuels »  l’ont appris  à leurs dépends.  Mais il y’a ces « innoncents sexuels » qui,une fois en prison découvrent une autre vie sexuelle que leur impose le milieu carcéral. Privés de sexe et de liberté, comment les détenus vivent cette double peine ? Dans une cellule où la cohabitation avec des dizaines de détenus empêche toute intimité, la curiosité pousse à vouloir compendre ce qu’un prisonnier fait de sa libido. Prostitution, homosexualité, marchandage sexuel, les solutions pour survivre en prison  sont là, bien que difficile à mesurer. Décryptage d’un sujet encore tabou !

Des actes sexuels sanctionnés par la loi comme, le viol, l’inceste, la pédophilie, l’homosexualité, l’harcèlement sexuel, mènent les coupables en prison. Mais le milieu carcéral est aussi un terreau fertile à la sexualité.   La plupart des détenus (entre 19 et 40) ans, sont des hommes  et des femmes sexuellement actifs, avant d’entrer en prison.  Les prisons dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne sont surpeuplées ce qui fait que l’encadrement, le contrôle et la sécurité, laissent à désirer. Du coup,le risque de pratiques sexuelles s’accroîtdans le secret des cellules. Les conditions de détention dans nos prisons et la promiscuité les favorisent. Les relations sexuelles et les agressions sexuelles sont souvent un exutoire pour les détenus gagnés par le stress, l’oisiveté et le sentiment d’impuissance. Pour un détenu qui a un désir sexuel, son camarade de cellule est la seule personne qui «s’offre» à lui.  Dans un tel environnement, les actes sexuels (entre détenus pour la plupart) sont fréquents. Cependant peu d’études sont menées au Sénégal sur la sexualité des détenus pour rendre compte de la situation. En milieu carcéral, le nombre de cas signalés est en très en dessous de la réalité. Les détenus encore en prison persistent à nier les faits de crainte d’être dénoncés. Mais tous les acteurs du milieu carcéral, aussi bien les détenus que les pénitenciers reconnaissent l’existence de ses relations sexuelles en prison. Ce témoignage d’un gardien de prison à la retraite, sous le couvert de l’anonymat, renseigne sur les comportements sexuels dans les prisons. «Il arrivait que des détenus se plaignent des attouchements et des agressions sexuelles dont ils sont victimes. Un jour, il y’a eu un cri  qui venait d’une cellule.C’était un jeune détenu, quand un des pénitenciers s’est rendu dans la cellule pour constater, il lui a expliqué qu’un groupe de détenus voulait le violer et l’un d’eux voulait lui imposer à lui sucer le sexe. Les accusés l’ont nié naturellement mais c’était vrai. Ceux sont souvent les chefs de chambres, qui sont des caïds, qui tentent d’abuser des plus faibles. Mais heureusement qu’il a changé de cellule. Ce sont des choses qui s’y passent en général. Nous, avec le nombre de détenus, on ne peut pas tout contrôler».Au vu de l’importance que la sexualité revêt pour les individus et les communautés, il n’est pas étonnant que certaines situations telles que l’incarcération, exposent particulièrement les détenus  aux brutalités d’ordre sexuel. La privation de liberté peut  créer chez les prisonniers le sentiment d’une virilité amputée  et ce manque génère aussi des excès et des violences… Cela peut créer un besoin de domination qui passe parfois par le viol. Les victimes sont souvent les « pointeurs » (des personnes condamnées pour viol), considérés comme des sous-prisonniers. Mais, paradoxalement, les nouveaux violeurs ne seront pas forcément perçus comme tels au sein de la prison,  et ne sont pas dénoncés car ils ont une réputation de caïd. Les victimes, elles, se taisent souvent par peur ou parce qu’elles ont besoin de protection de ces « dominants ». Du coup, les sévices sexuels restent impunis dans les prisons.

Des femmes investies dans une sexualité carcérale

Cette privation de liberté et le désir sexuel qui font que les détenus entretiennent des relations sexuelles entre eux, n’épargne pas le milieu carcéral féminin. N.C une ancienne détenue, emprisonnée au Camp pénal pendant quatre ans pour une histoire de drogue, reconnait cette réalité même si elle ne l’a pas vécue personnellement. «Je n’ai jamais eu de problème de ce genre avec mes co-détenues. Mais les relations sexuelles entre femmes existentbel et bien dans les prisons pour femmes. Une détenue qui te dit le contraire raconte des mensonges. Mais il faut avouer qu’au niveau du Camp Pénal,  si des choses de ce genre se passent, la ‘’régisseuse’’s’y oppose et elle le combat. Il fautreconnaitre que cette sexualité entre prisonnière est plus une réalité dans les cellules où il y’a les prostituées».Mais les pratiques de masturbation solitaire et d’homosexualité avec une autre détenue sont d’emblée exclues du champ sexuel possible, pour certaines détenues. Car pour ces  femmes, la sexualité s’inscrit exclusivement dans le cadre du couple et des sentiments et il y’a des principes à respecter. Elles préfèrent repousser le désir sexuel plutôt que de «sacrifier» leurs habitudes sexuelles.  Astou, on peut l’appeler ainsi, la quarantaine, a vécu deux longues années en prison. Des années qu’elle a passées à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) pour femmes de Rufisque. Elle s’est toujours refusée, tout plaisir sexuel en prison. «Je voyais des détenues se masturber, d’autres utiliser même des objets pour se faire plaisir sexuellement. Des fois, on pouvait voir certaines détenues entretenir une intimité tellement suspecte qu’on les soupçonnait d’entretenir des relations sexuelles la nuit. Mais moi, je vous jure que pendant deux ans, la période de mon séjour carcéral, j’ai mis entre parenthèse le plaisir sexuel. J’avoue qu’en tant que femme mariée, l’intimité avec mon mari me manquait parfois, mais je refoulais ce désir sexuel dans ma tête. J’ai pu maitriser mon corps. Peut-être que ce qui m’a permis cela,c’est ma lecture fréquente du Coran. C’était mon recours».

La prison, « un paradis gays » ?

Les comportements sexuels les plus fréquents rencontrés en prison sont de trois types : le sacrifice de la sexualité, la masturbation et l’homosexualité. Cette dernière est vécue différemment par les hommes et les femmes. En effet, les relations sexuelles entre détenus de même sexe sont une réalité mais restentencore taboue dans un univers où la virilité est perçue comme une marque de puissance. Elle peut être consentie par les deux partenaires, mais peut également être forcée. En Afrique, il y’a très peu de données qui parlent de l’homosexualité en prison. Dans les publications que l’on peut retrouver à travers le monde, il y’a deux théories concurrentes qui ont expliqué l’homosexualité en prison : le modèle de l’importation et celui de l’adaptatif, c’est-à-dire une homosexualité de circonstance. Selon ce second modèle, l’homosexualité naîtrait de la «privation». Dans cette société, caractérisée par la supériorité du masculin sur le féminin, les «grands hommes» doivent affirmer leur virilité par la domination des «sous-hommes» qui, en l’absencedes femmes,les remplacent. Néanmoins, ces relations sont souvent dites, par les intéressés, substitutives à la privation affective. Cependant il est établi que ces comportements sexuels à haut risque dans les prisons,accélèrent la propagation du VIH et des infections sexuellement transmises. En 2010, ils sont 2,7% de détenus à être infectés de la maladie, là où la moyenne nationale tourne autour de 0,7% au Sénégal. Dans le témoignage d’un ancien détenu N. Ndiaye,paru dans la presse en mars dernier sur le site de Rewmi, on constate réellement les dégâts des actes homosexuels en prison. «J’ai eu le Sida en Prison… On m’a violé un jour alors que j’étais malade, ils m’ont attrapé à trois et sont passés sur moi à tour de rôle.L’homosexualité est en nette progression. A ma sortie de prison, on m’a fait faire un bilan de santé et là, je découvre qu’on ma refilé le Sida …» Cependant, les spécialistes de la santé carcérale se veulent plus prudents. Selon le Médecin commandant Abdoulaye Ndiaye, Chef du service médico- social de l’administration pénitentiaire à l’hôpital  Aristide le Dantec, «il n’y a pas un critère objectif qui permet de dire qu’il y’a une exposition particulière des détenus vis-à-vis du VIH sida. Nous avons une prévalence au niveau du milieu carcéral qui cadre avec le niveau national».  Par rapport aux infections sexuellement transmises, enregistrées en milieu carcéral,  le médecin commandant Abdoulaye Ndiaye relativise, «c’est vrai que  ces  risques d’infections sont décrites dans la littérature.Mais, nous partons de ce constat, et dans ma pratique, je n’ai pas observé des lésions anatomiques qui peuvent  entrainer une certaine suspicion de pratiques contre-nature qui alarment. »

Fawade WELLE 

Le Pays au Quotidien


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