Le 17 janvier 2010, lors d’un meeting du Parti socialiste à Thiès, un pan de la tribune avait été incendié. Mamadou Lamine Massaly avait revendiqué cet acte en appelant le commissaire de la localité et le journaliste Léopold Tamba chef de la station régionale de Thiès de Walf tv/Fm.
Arrêté par le commissariat central de Thiès, il a été placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Thiès.
Le 3 février, il a été déclaré coupable de violence, destruction de biens appartenant à autrui et voie de fait et condamné par le tribunal des flagrants délits de Thiès à deux ans de prison dont six mois ferme. Convaincu de l’innocence de leur client, les avocats de Massaly avaient interjeté appel et introduit une demande de liberté provisoire. Liberté provisoire qui lui a été accordée le vendredi 26 mars 2010.
Le juge Ameth Diouf avait suivi le réquisitoire de l’avocat général, François Diouf, représentant le ministère public, qui avait estimé qu’il n’y a aucun trouble à l’ordre public et Massaly a une garantie de représentativité en justice. Par conséquent, rien ne s’oppose à ce qu’il soit libéré, à charge pour lui de se présenter à la Cour d’appel pour être jugé à nouveau.
L’avocat de la défense, Me Pape Jean Sèye, avait lui aussi déclaré pour obtenir la libération de son client que Mamadou Lamine Massaly n’entrave en rien la manifestation de la vérité. « Il est régulièrement domicilié à Dakar et à Thiès, il a deux épouses et il est le président du Conseil d’administration de la Société des infrastructures de réparation navale (Sirn). Massaly est tout simplement victime de sa langue et autres fanfaronnades, mais il n’a pas commis les faits pour lesquels il a été envoyé en prison », avait-il plaidé.
L’avocat et le représentant du ministère public avaient ainsi été suivis.
Mais Massaly devra être jugé à nouveau sur le fond du dossier. Des relevés d’appel téléphoniques prouvant qu’il avait bien appelé le commissaire de Thiès et le journaliste Léopold Tamba l’avaient confondu. Reste à savoir ce que la cour d’appel décidera.
Je pense vous vous êtes trompé sur la date du procès.
Renseigne toi d’avantage, il semble que c’est le 24 sep.
L’Afrique créancière du monde développé
Par Jean-Pierre Boris
Les économies africaines apportent plus de ressources à l’économie mondiale qu’elles n’en reçoivent au titre de l’aide internationale. C’est la conclusion explosive d’un rapport que vient de publier le « think tank »américain, Global Financial Integrity.
La somme est plus que rondelette. Au cours des quarante dernières années, les flux financiers illicites partant d’Afrique vers les pays développés ont atteint les 1 600 milliards de dollars. La somme est d’autant plus impressionnante que les experts de GFI excluent de leurs estimations et analyses tout ce qui procède de la corruption, des détournements de fonds, du trafic de drogue ou de la contrefaçon. Ils ne s’intéressent qu’aux recettes tirées de l’économie formelle, officielle et à tout ce qui ressemble à de l’évasion fiscale.
Ces recettes qui échappent aux économies africaines représentent 60 à 65% de l’ensemble des flux illicites. C’est donc énorme. Les mécanismes mis en œuvre et dénoncés sont très simples. Il suffit de surestimer la valeur des importations en Afrique et de sous-estimer celle des exportations.
Le Nigeria principale victime
Tous les pays africains sont concernés par cette gigantesque évasion de capitaux. Ceux d’Afrique sub-saharienne au premier chef avec en particulier le Nigéria, de loin la première victime de ce phénomène. Les responsables ne sont pas seulement les grandes compagnies minières ou pétrolières étrangères qui sont installées dans les pays africains. Même si, par exemple au Mozambique, l’économiste Carlos Castel-Branco dénonce le traitement de faveur accordé à ces multinationales qui ne payent pas de taxes sur les minerais qu’elles exploitent.
Mais les investisseurs africains sont directement mis en cause par les experts du « think tank »américain GFI. Ces investisseurs préfèrent en effet placer leurs avoirs sur les grandes places financières internationales ou dans des banques offshore que dans leurs propres pays. GFI estime ainsi que le total des capitaux et des investissements réalisés dépasse le total de la dette extérieure de la région. L’Afrique investit donc plus à l’étranger qu’elle n’emprunte, faisant du continent le plus pauvre de la planète un créditeur net et non un débiteur.
La responsabilité des gouvernements africains
Le défaut de vigilance des gouvernements africains est aussi pointé du doigt. Car ces flux n’ont fait que grossir au fil des années. Au début des années 70, ils ne représentaient que 2% du Produit National Brut (PNB) de la région. En 1987, c’était 11% du PNB. Vingt ans plus tard, en 2008, les flux commerciaux illicites avaient un peu décliné mais ils représentaient quand même 7% de la richesse annuelle produite en Afrique.
Global Financial Integrity insiste sur le besoin de réformes économiques et de meilleure gouvernance. Sans elles, il sera impossible de maîtriser la situation. Ainsi, alors qu’entre 2000 et 2010, l’Afrique sub-saharienne a enregistré sa période de plus forte croissance économique, les flux illicites ont aussi augmenté plus vite qu’ils ne le faisaient précédemment.
Les auteurs du rapport voient dans cette fuite exorbitante de capitaux l’une des principales raisons à l’inefficacité de l’aide internationale dans la lutte contre la pauvreté en Afrique. « Tant que cette hémorragie ne sera pas endiguée, concluent-ils, l’Afrique ne s’en sortira pas ».
TAGS: CRISE ÉCONOMIQUE – FINANCES