Le président Sénégalais Abdoulaye Wade, à l’invitation de son homologue ivoirien Laurent Gbagbo, est en Côte d’Ivoire depuis hier jeudi 22 avril 2010. Wade se trouve sur les bords de la lagune Ebrié pour mener une médiation entre les acteurs politiques ivoiriens, en vue de débloquer le processus de sortie de crise en panne depuis le 12 février 2010, date de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (Cei). Cette visite de ‘’travail et d’amitié’’ du promoteur du Sopi (Changement) est vue par plusieurs observateurs, comme une volonté du président Laurent Gbagbo de mettre à l’écart du règlement de la crise ivoirienne, le président du Faso, Blaise Compaoré qui est officiellement, le Facilitateur du dialogue inter ivoirien. Bien qu’aucune voix officielle n’ait encore annoncé la fin de la Facilitation burkinabé, des indices laissent croire que le numéro un ivoirien penche pour la médiation de Wade. Quatre raisons pourraient expliquer le choix de Laurent Gbagbo. La première raison se trouve dans les propos tenus début avril par le président ivoirien à Dakar, à l’occasion de la célébration des festivités marquant les 50 ans de l’indépendance du Sénégal. « J’ai invité le Président Wade à venir à Abidjan. Je lui ai dit de venir parce que nous nous parlons dans la sous-région. Je lui ai dit de venir parler aux uns et aux autres, à moi-même, pour que la Côte d’Ivoire sorte de la situation de crise qu’elle connaît », avait affirmé Laurent Gbagbo à la presse. Il est donc clair que c’est une médiation voulue par le numéro un ivoirien qui, semble-t-il, n’avait pas informé le Facilitateur Compaoré. Une source nous avait d’ailleurs indiqué à la veille de l’arrivée de Wade en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire le mercredi 21 avril 2010, que c’est dans la presse ivoirienne que la Facilitation burkinabé a été informé de la médiation du président Wade. Bien que ce dernier, à son arrivée, ait tenté de rassurer Blaise Compaoré, des nuages recouvrent encore son retour dans le dossier ivoirien. La deuxième raison de l’option de Gbagbo est liée à la fougue du président sénégalais. Le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, selon des indiscrétions, pense que Wade qui est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, aiderait plus aisément à l’accélération du processus de paix, notamment au niveau du désarmement des ex-rebelles ivoiriens.
Reproche et anticipation Contrairement au Facilitateur du dialogue interivoirien, Blaise Compaoré qui appartient à la fleur des pois, du côté du palais au Plateau, on estime qu’Abdoulaye Wade qui est coutumier des propos peu diplomatiques, n’hésiterait pas à donner ‘’des coups’’ aux Forces nouvelles qui disent s’attacher à l’application stricte de l’accord politique de Ouagadougou (Apo) notamment en ce qui concerne le désarmement. Le président Laurent Gbagbo qui avait eu des prises de bec avec le président Wade au début de la crise ivoirienne, a eu le temps de renouer le fil du dialogue et de séduire son homologue sénégalais. La présence du numéro un ivoirien à Dakar à l’occasion du lancement des festivités marquant la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal, est le signe de la lune de miel entre les deux chefs d’Etat. La troisième raison qui oriente le président ivoirien vers la destination sénégalaise, tire sa source dans ce que le camp présidentiel ivoirien considère comme des faveurs que le Facilitateur accorde aux Forces nouvelles. Le chef de l’Etat ivoirien, n’apprécierait pas le fait que les ex-rebelles ivoiriens continuent non seulement de s’armer à partir du Burkina Faso, mais exportent aussi des produits agricoles notamment le café, le cacao, le coton, vers ce pays. La présidence ivoirienne, reproche au Facilitateur qui est le président du Faso, de ne pas prendre des mesures fermes pour interdire les transactions qui ont cours au niveau de sa frontière avec la partie de la Côte d’Ivoire occupée par les Forces nouvelles. Enfin, la quatrième raison qui pourrait expliquer le choix d’une médiation sénégalaise, c’est la tenue de l’élection présidentielle au Burkina Faso cette année 2010. Le président Blaise Compaoré étant candidat à sa propre succession, le chef de l’Etat ivoirien est conscient que celui-ci n’aura pas assez de temps à se consacrer sérieusement au processus de paix en Côte d’Ivoire. Aussi, pour éviter qu’il y ait un vide au niveau de la médiation, le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire veut certainement anticiper en ramenant Wade dans le dossier ivoirien. Par ailleurs, d’autres sources soutiennent que le président du Faso est excédé des incessantes remises en cause des acquis de l’Apo par le camp présidentiel ivoirien. Il se serait désolidarisé de la volonté du chef de l’Etat de procéder à un croisement populaire par rapport à la liste électorale provisoire. Autant d’éléments qui expliquent que le chef de l’Etat ivoirien emprunte une nouvelle voie dans le règlement de la crise en Côte d’Ivoire.
Source: soirinfo.com