Le cancer du sein qui s’est déclaré chez Ndèye Ndour en 2008 a sonné comme un coup de frein dans sa vie. Contrainte de limiter son existence entre quatre murs, l’ancienne étudiante de la Faculté de droit résidant à Fann Hock vit un véritable drame. Face à cette détresse, elle sollicite de l’aide à tout cœur charitable. «Mon appel est lancé en direction de toutes les bonnes volontés. Je souffre énormément. J’ai envie de retrouver mes activités.» Ce Sos lancé par Ndèye Ndour sur un ton implorant et émouvant traduit la tristesse et la désolation que connaît la jeune fille de 27 ans. Atteinte d’un cancer du sein depuis 2008, cette ancienne étudiante à la Faculté de droit est restée cloîtrée depuis lors entre quatre murs, chez elle.
«J’ai fait une analyse en décembre 2008. Les résultats sont sortis en 2009. Et le médecin m’a annoncé la maladie», se souvient-elle. Quatre ans après, Mlle Ndour ressemble à une dame de plusieurs décennies, rongée qu’elle est par une infection qui ne cesse de progresser. Elle qui, naguère arpentait les ruelles de Fann Hock pour se rendre à l’Université Cheikh Anta Diop, n’a plus parcouru une distance supérieure à celle qui sépare son lit aux fauteuils du salon familial. Vêtue d’un ensemble traditionnel multicolore, un foulard mal noué sur la tête, elle ne pense plus à se faire belle comme jadis. Sa seule préoccupation aujourd’hui est de retrouver sa santé. D’abord pour se départir de cette souffrance qui n’a que trop duré. Mais aussi reprendre ses activités, en particulier ses études.
En 2009, elle a subi une ablation du sein affecté, à l’hôpital Abass Ndao. Ensuite, elle avait même pensé un instant suivre une formation, mais c’était sans compter avec les effets secondaires de la chimiothérapie. Elle a senti d’abord des douleurs. Par la suite, sa jambe s’est enflée. Elle n’arrive plus à la plier. Après une radiothérapie, le médecin lui annonce un nouveau coup du sort. Elle est atteinte d’une lésion osseuse secondaire. Et même les vertèbres et la colonne vertébrale sont affectées.
La peau pâle et le visage émacié, elle est mollement assise sur un fauteuil. Une expression de fatigue extrême se dégage de ses lèvres sèches. Le regard hagard et la jambe gauche toujours étalée, les mots s’échappent avec difficulté de sa bouche. A côté d’elle, sa sœur et une béquille, ses deux inséparables compagnes. Son déplacement est aujourd’hui plus que pénible. «Je suis obligée de m’appuyer sur une canne. Il arrive même des moments où la canne ne suffit plus. Il faut qu’il y ait une autre personne pour me tenir à l’épaule. Je suis vraiment fatiguée», se lamente-t-elle. Dans ces mots, sa voix meurt de façon progressive pour laisser la place à des larmes. Attristée, sa sœur la console avant d’ajouter d’un ton compatissant : «Elle ne dort plus la nuit.»
Membre d’une famille où le père a fait valoir ses droits à la retraite, Ndèye n’a pas de quoi payer ses frais médicaux. Pour la seule boîte de chimiothérapie à voix orale, il lui faut 270 000 francs Cfa. Or, elle a besoin de 8 boîtes. Une somme hors de portée d’une modeste bourse. La tante qui a pris en charge la famille a du mal à joindre les deux bouts. Des frères et des sœurs, elle en a. «Mais leur situation économique ne leur permet pas de me venir en aide», précise-t-elle d’une voix tremblotante.
LES PROMESSES NON-TENUES D’UN TELETHON
Quand la maladie s’est déclarée, elle et sa famille ont pensé à demander de l’aide dans plusieurs institutions, publiques comme privées. Une sollicitation à laquelle seule la Ligue sénégalaise contre le cancer) (Lisca) a accédé. «J’avais déposé un dossier social au ministère de la Famille, à la Fondation de Mme Wade (Ndlr : Fondation Education Santé dirigée par la Première dame Viviane Wade). Et même dans des Ong. Mais seule la Lisca a répondu favorablement. Elle me soutient depuis lors», déclare-t-elle d’une manière exprimant la reconnaissance et la gratitude à l’égard de cette Ong. D’ailleurs, c’est cette organisation de lutte contre le cancer qui prend en charge la moitié de ses frais médicaux. Le reste étant laissé à la débrouille de la famille. Et pour cette raison, les soins risquent, du moins de ralentir, sinon d’être tout bonnement interrompus.
Par ailleurs, Ndèye Ndour demande à tous ceux qui ne peuvent pas respecter leur parole d’arrêter les promesses à l’endroit des malades. «Nous souffrons, en même temps nous sommes obligés de courir derrière eux, en vain. Ils nous font espérer. Mais à la longue, nous nous rendons compte que ce n’étaient que des déclarations dans le vent. Ce n’est pas juste. La déception nous fait souffrir doublement», regrette-t-elle.
En fait, la lutte que Ndèye mène contre sa maladie l’avait amenée à accepter de participer à un téléthon organisé l’année dernière sur la chaîne de télévision publique, la Rts. Beaucoup de personnes avaient alors appelé, promettant de l’aider. Parmi elles, «une dame célèbre vivant aux Etats Unis» dont elle ne veut pas donner le nom. «Elle m’avait même promis de m’amener aux Usa pour me soigner. Mais depuis ce jour, les promesses sont restées vaines», déplore-t-elle. Les autres qui s’étaient engagés à l’aider sont quant à eux restés introuvables.
En dépit des déconvenues qu’elle a connues avec les promesses, Ndèye n’en désespère pas pour autant de trouver de l’aide chez de bonnes volontés. Elle tend encore la main à tous ceux qui sont sensibles à son état. Mais cette fois-ci, vraiment de l’aide et non des promesses dans le vent !
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