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PS Duel à distance entre Tanor et Khalifa : La stratégie du pourrissement – Le leader de Taxawu Dakar vote «Non» au référendum

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Le Ps peut aussi signifier, dans ce contexte de crise qui le caractérise, Pourrissement stratégique ou, à l’inverse, Stratégie du pourrissement. Les événements du 5 mars n’ont fait qu’officialiser un duel silencieux, mais ô combien bruyant entre Tanor et Khalifa Sall. Chronique d’une dualité tue, mais têtue.

Les événements de samedi, à la Maison du Parti socialiste, augurent des lendemains incertains pour cette formation politique. Il faut avouer et constater que Tanor et Khalifa Sall ont jusqu’ici étouffé leurs divergences qui se manifestent avec «pro-Khalifa» et «pro-Tanor». Dans tous les cas, le secrétaire général du Ps et le secrétaire en charge de la Vie politique ont pendant longtemps aiguisé leurs seconds couteaux. Cette stratégie du pourrissement est aussi un pourrissement stratégique pour les deux camps. Il y a, au fond, une volonté de l’un et de l’autre d’en finir. «Tous les coups sont permis», quel qu’en soit le coût. Les fronts ouverts sont nombreux et ce sont ceux-là qui ont abouti aux affrontements lors du dernier Bureau politique.

La guerre diplomatique de Tanor
Tanor use de son «don» de diplomate pour faire passer, avec ses codes, ses télégrammes en direction du maire de Dakar. Il a son armée d’inconditionnels préparés à cette guerre inévitable. Cheikh Seck et Cie sont chargés de mâter la rébellion par des obus médiatiques. Jusqu’au sein de l’Assemblée nationale où le député a été à la tête des parlementaires qui sont à l’initiative de la première proposition de loi qui a porté la constitution du groupe à 15 au lieu de 10 députés et contraint tout démissionnaire de son groupe à rester un non-inscrit et non à rejoindre un autre. Il parvient à isoler Aïssata Tall Sall, Idrissa Diallo et Aminata Diallo, mais en même temps à sortir du bois ceux qui ne sont pas avec lui, car dans une guerre, il faut savoir identifier ses ennemis pour éviter une surprise.

La Sall stratégie de Khalifa
Khalifa Sall aussi est dans la même logique. Il entraîne ses troupes sur le terrain médiatique. Il cherche son indépendance comme il en a arraché une pour l’aménagement de l’ancienne Place Protêt, ruminant le long silence de son parti qui n’a réagi qu’après l’enlisement de la guéguerre entre «sa» mairie et le ministère en charge du Renou­veau urbain. Khalifa Sall ne parle pas, mais fait parler ses hommes. Lui, le chef des rebelles, ne lance pas de grenade, mais laisse ses lieutenants poser des mines aux «tanoristes». Les répliques visent directement la tête de troupe des Socialistes. Et le maire de Dakar fait du «ce n’est pas moi, ce sont des éléments incontrôlés». C’est le propre d’une rébellion.
 
Duel et dualité
Ce duo mort depuis le dernier échec de Tanor à la Prési­dentielle est aujourd’hui un duel douloureux et tragique. Mais aussi une dualité qui s’impose savamment par l’existence de deux camps qui tentent de dicter leurs points de vue. C’était le cas, lorsque le Bureau politique a approuvé l’Acte 3 de la décentralisation. Le maire de Dakar y voyait une occasion de le «tuer», de le «sacrifier» et de le dégarnir de ses compétences. Donc de son pouvoir. Deuxième accroc profond, c’est ce référendum que Tanor et le Secrétariat exécutif ont applaudi, en l’absence de Khalifa Sall qui dénonce, dans un communiqué, le non-respect de la parole donnée de Macky Sall. Et finalement il vote Non.

Réplique de Tanor au meeting de Grand-Yoff
Mais ce référendum n’est que le paroxysme (?) de la longue séance d’observation entre les deux leaders. Il y a comme un jeu d’attaques et contre-attaques à distance. La sortie du maire de Dakar lors de son meeting à Grand-Yoff, en janvier dernier, n’a pas plu à l’homme de Nguéniène. «Je suis un Socia­liste, c’est mon Adn. Je ne participerai ni à sa chute ni à son affaiblissement, mais je ferai de telle sorte que la vérité et le droit s’installent dans le parti pour qu’il ne dévie pas de sa vocation naturelle», avait-il dit. Sug­gérait-il que la «vérité» et le «droit» ne prévalent plus au sein du Ps ? Et devant Barthélemy Dias et Bamba Fall qui réclamaient sa candidature, Khalifa Sall ajoutait : «Il n’est pas dans l’esprit de Tanor de vendanger le parti. Il n’est pas dans les intentions de Tanor d’hypothéquer le parti.» Le secrétaire général du Ps avait alors piqué une crise d’orgueil, surtout qu’il a été hué lors de la rentrée de l’école du Ps et Khalifa Sall ovationné. «Faux ! Je ne suis pas éclipsé par Khalifa Sall. Ce jour, comme d’habitude d’ailleurs, je suis le dernier à entrer dans la salle et à chaque fois, je suis accueilli par un standing ovation et durant plusieurs minutes. Ces militants ont raison d’acclamer Khalifa Sall, mais ce que je leur reproche, c’est que ce n’était pas et le moment et le lieu. Je regrette, d’ailleurs, que cela ait dévoyé l’objectif de la rentrée de l’école du Parti socialiste», a rétorqué Tanor une semaine après, à l’émission «Grand Jury» de la Rfm. Et ce n’est point un lapsus quand il dit «ces militants», parlant de Khalifa Sall.

Tanor assume  le bilan, Khalifa veut assumer le pouvoir
En fait, Tanor y aurait donc vu une «communication par le contraire», estimant que son camarade a volontairement laissé planer dans l’opinion des Socialistes qu’il voudrait effectivement monnayer le parti avec le Président Sall. Et voilà qui expliquerait la réplique soigneusement cuisinée de Tanor le dimanche suivant à la même émission. Ainsi, il tempère les ambitions de l’homme qui n’aurait d’yeux que pour la candidature du Ps à la Présidentielle en ouvrant une brèche : «J’ai dit que je n’envisageais pas de me présenter à une élection présidentielle.» Là où il avait juré : «Je ne serai pas candidat, quelle que soit la méthode utilisée.» Mais Tanor affirmait aussi, à celui qui qualifiait Benno bokk yaakaar de coalition souppou kandja (fourre-tout) et qu’il avait défiée aux Locales, que le Ps et l’Apr sont en «partenariat» et que sa formation «assume tout le bilan de Macky Sall». C’est évident qu’un éventuel candidat à la candidature n’aurait jamais voulu entendre cela, surtout que pour Khalifa Sall, «le parti doit conquérir le pouvoir et l’assumer» et «servir ce pays sur la base d’un programme que les Sénégalais auront partagé».

Pousser Khalifa à se dévoiler­
Tanor n’est pas un stagiaire en  politique. S’il avoue avoir été naïf pour ne pas voir ce qui allait se passer samedi dernier au Bureau politique, il ne peut fermer les yeux sur les ambitions de Khalifa Sall. En réalité, il veut le pousser à se dévoiler. Il y arrive d’ailleurs en «laissant le temps au temps», comme il dit à ceux qui sont pressés de désigner le candidat du parti. Il lance ses ballons de sonde à sa manière, comme lorsqu’il a soutenu une semaine après le meeting de Grand-Yoff : «Khalifa Sall n’a jamais annoncé sa candidature.» C’est aussi le cas pour le référendum : «Je n’ai pas entendu Khalifa Sall dire qu’il a choisi le camp du ‘’Non’’. Il a indiqué ce qu’il pensait de l’avis du Conseil Constitutionnel, ce qu’il pensait de ce que le Président Macky Sall a dit.»

Comité central, décision centrale
Il est clair que Tanor a dicté la voie à suivre pour ce référendum en soutenant le septennat de Macky Sall, avant même que les instances du Ps ne se réunissent. Le Secrétariat exécutif était censé légitimer une telle position en faveur du «Oui». Aïssata Tall Sall, qui a décidé de voter «Non», avait déjà indiqué que «seule la position du Comité central peut engager le parti, même si certains de ses responsables se sont prononcés pour le ‘’Oui’’». Avant Bamba Fall qui disait la même chose : «Le Parti socialiste a des instances habilitées et autorisées à parler en son nom : c’est le Comité cen­tral.» C’est ainsi que les «ouistes» sont allés chercher un cachet officiel à leur ligne en convoquant le Bureau politique. Aujourd’hui encore, c’est le camp de Khalifa Sall qui réclame la voix du Comité central, «le parlement du Ps». Le score à la soviétique souligné par la résolution du Bureau politique (88 «Oui» et 3 «Non» sur les 91 membres présents) ne laisse aucune chance à ceux qui se sont absentés au deuxième jour. Et vraisemblablement, Tanor pourrait aller jusqu’au bout en convoquant le Comité central, assuré qu’il est de la victoire du «Oui». Et dans tous les cas, les absents auront toujours tort et la loi de la majorité s’imposera. L’essentiel pour Tanor étant d’user de la procédure pour éviter toute contestation, mais aussi pour mettre devant le fait accompli les «nonistes». Cette ligne du Ps ne devrait pas changer, sauf surprise, d’ici aux Législatives. Et même à la Présidentielle. Il ne restera à Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall qu’à choisir, surtout si le courant du «Oui» l’emporte, entre un courant au sein du Ps et un parti politique. Si seulement Tanor et Cie n’acceptent pas la proposition de Me Moussa Bocar Thiam qui plaide l’exclusion des «nonistes». Parce qu’en définitive, Tanor a résisté à plus dur que Khalifa Sall et autres. Quitte à ce que le parti en pâtisse !

Tanor et l’art de résister
C’est que dans cette guerre, il n’y a pas de place pour les initiés. Pour les amateurs. C’est de la «haute politique», comme le théorise Abdoulaye Wade. Celle des coups bas, de la ruse. N’y survivront que ceux qui auront la carapace politique. Tanor a survécu aux barons Djibo Kâ, Moustapha Niasse au pouvoir, avant Mamadou Diop, Robert Sagna et Cie dans l’opposition. Tous n’ont pu empêcher ce que refuse aujourd’hui Khalifa Sall : la «tanorisation» du Ps. Le secrétaire général ne lésinera pas sur les moyens pour faire payer à Khalifa Sall cet affront. Et ces affrontements qui l’ont humilié, lui et ses hommes de confiance comme Serigne Mbaye Thiam et Mamoudou Wane. «Ceux qui sont derrière cette provocation le paieront», a-t-il menacé, avant le communiqué du Bureau politique qui indexe des «nervis recrutés par des responsables du parti». L’on annonce déjà une plainte contre les animateurs de la chaude journée du 5 mars. Mais qui sont d’ailleurs les commanditaires visés par les «suites judiciaires et politiques» ? Quand la résolution finale accuse ces mêmes «responsables qui ont constaté, avec la tournure des débats, une tendance démocratique nette et claire en faveur du ‘’Oui’’», elle suggère un clin d’œil du côté des «khalifaïstes». Quand le couperet tombera sur les hommes du Khalifa, il faudra penser à un autre Ps.

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