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PSG-Leipzig, la demie des « nouveaux riches » de la Ligue des Champions

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Le premier duel franco-allemand des demi-finales de C1, avant Lyon-Bayern, oppose deux des nouvelles puissances financières du football européen.

À une époque où Emmanuel Macron est président de la République française, l’opposition entre “ancien” et “nouveau” monde est devenue un poncif. Jusque et y compris en football, en l’occurrence dans la plus relevée des compétitions de clubs au monde: la Ligue des champions. 

À partir de ce mardi 18 août, les quatre dernières équipes en lice en C1 tentent de décrocher leur billet pour la finale, dimanche à Lisbonne. Et si d’un côté du tableau, on retrouve deux équipes au modèle relativement conventionnel (un stade vaste et comble quand les conditions sanitaires le permettent, des joueurs formés localement, des achats généralement locaux et/ou raisonnés en matière de transferts -pour le football des années 2020, entendons-nous- etc.) que sont le Bayern Munich et l’Olympique lyonnais, l’autre affiche est beaucoup plus représentative du ballon rond contemporain. 

Y figurent ainsi le Paris Saint-Germain et le RasenBallsport Leipzig, deux clubs richissimes, mais dont la fortune est somme toute assez récente. Des nouveaux riches capables de se bâtir en quelques années seulement des effectifs qui permettront à l’un d’entre eux de viser le titre européen ce dimanche 23 août à Lisbonne. Chacun à sa manière… 

  • Les deniers du Qatar

Pour commencer, écartons d’emblée l’argument qui pourrait être opposé à l’idée d’une fortune récente du club parisien. Si le Paris Saint-Germain a une histoire plus longue que son adversaire du jour, force est de constater que sept de ses neuf titres de champion de France de Ligue 1 ont été glanés après le rachat par le fonds d’investissement souverain du Qatar (en 2011), tout comme cinq de ses coupes de France, six coupes de la Ligue et sept Trophées des champions. Et oui, le PSG a remporté une compétition européenne au mitant des années 1990, mais c’était alors sans avoir à dépenser les centaines de millions d’euros nécessaires de nos jours pour faire venir Neymar et Mbappé. 

Car c’est bien là ce qui a fait changer de dimension au Paris Saint-Germain. Depuis un peu moins de dix ans, le club français dispose de l’une des forces de frappe financières les plus importantes de tout le continent. Et il n’hésite pas à s’en servir: quand le Bayern n’a dépensé qu’une seule fois plus de 45 millions d’euros pour un joueur (le champion du monde Français Lucas Hernandez), le PSG l’a fait à six reprises ces sept dernières années, dont 180 millions pour le seul attaquant français et 222 pour le Brésilien, les deux acquisitions les plus chères de l’Histoire. 

Et même quand les joueurs ne sont pas forcément hors de prix, le confort financier du PSG lui permet d’offrir des salaires colossaux, attirant ainsi des stars du sport: Zlatan Ibrahimovic, David Beckham, Gianluigi Buffon… Par ricochet, cette accumulation de noms permet au club de faire parler de lui, d’obtenir une exposition médiatique importante et d’engranger des profits en vendant des produits dérivés et des places au stade. Au niveau européen, cette stratégie lui permet de se positionner face à des clubs historiques et habitués du haut niveau pour séduire investisseurs et joueurs. Et de truster devant eux, cette année en tout cas, une place dans le dernier carré de la C1. 

  • Red Bull, toujours plus haut, toujours plus vite

Du côté allemand, la progression est encore plus fulgurante, aux allures de courbe exponentielle. En 2013, quand le PSG recrutait Edinson Cavani pour 64 millions d’euros, l’équipe d’ex-Allemagne de l’Est se trouvait en troisième division, ce qui représentait alors sa première présence au niveau national du football local. Et pour cause: l’histoire du demi-finaliste de cette Ligue des Champions 2020 est toute jeune.

En 2009, la marque autrichienne Red Bull décide effectivement d’augmenter sa présence dans le sport et rachète pour ce faire un petit club de Saxe, le SSV Markranstädt, qui évolue alors en cinquième division. Recrutant des jeunes talents et des dirigeants reconnus, le club se fait rapidement un nom -et puisque les règles du football allemand l’empêche d’utiliser le nom de la marque de boissons énergétiques, c’est celui de “RasenBallsport” qui est choisi, aux initiales identiques au produit vendu, et signifiant “sport de ballon sur pelouse” dans la langue de Goethe. 

S’ensuite donc une ascension rectiligne dans les divisions allemandes et au niveau européen avec une recette indémodable. À chaque fois, le club se base sur des entraîneurs renommés de grand talent et sur des jeunes pousses qui pourront être revendues à prix d’or. Et à mesure qu’il progresse, le club parvient à récupérer des débutants de plus en plus cotés et prometteurs (Dani Olmo pour 19 millions à 21 ans, Amadou Haidara pour autant à 20 ans, Ademola Lookman pour 18 millions à 20 ans, Nordi Mukiele pour 16 à 21 ans…) voire à garder ses joueurs sans avoir besoin de les revendre (à l’image des Français Dayot Upamecano et Ibrahima Konaté, que toute l’Europe s’arrache). 

Avec en plus un club satellite, le Red Bull Salzbourg en Autriche, pour servir de pépinière, le fabricant de boissons en canette peut même se permettre de laisser progresser sa jeunesse flamboyante à son rythme, avant de l’intégrer progressivement à son équipe fanion pour qu’elle y affronte les cadors du championnat d’Allemagne et de la Ligue des Champions. 

  • Un succès qui dérange

Reste qu’au-delà de cette différence de modèle (quand le PSG dispose historiquement de l’un des publics les plus chauds et réputés d’Europe, Leipzig de son côté n’attire que depuis très récemment des curieux au stade, par exemple), les deux clubs sont peu ou prou jugés à la même aune. Dans leur pays respectif comme au niveau européen. 

Ainsi, les millions du Paris Saint-Germain lui ont valu l’ire de cadors éternels, le FC Barcelone et le Real Madrid en tête, qui estiment que le club français instaure une concurrence déloyale du fait de son investisseur étatique. Et de la même manière, l’histoire récente et ascensionnelle du RB Leipzig lui vaut régulièrement les critiques des supporters de clubs allemands traditionnels et installés, qui lui reprochent des investissements sur lesquels ils ne peuvent s’aligner ainsi que de disposer d’un poids qui ne s’appuie sur aucun soutien populaire réel. 

En ce sens, le Paris Saint-Germain et le RasenBallsport Leipzig peuvent pour certains faire figure de parvenus sur la scène européenne, loin d’un Bayern et de Lyon par exemple qui s’appuient depuis des années sur un recrutement sans frivolité, des finances extrêmement solides, un supportérisme puissant et ancien et une image d’institution davantage que de projets d’image pour un acteur institutionnel, commercial ou étatique.

Mais en 2020, à l’heure où tous les cadors européens -historiques ou pas- dépensent de toute façon par dizaines de millions chaque année en versant des salaires toujours plus démesurés, peut-être que la frontière entre ancien et nouveau monde a en réalité depuis longtemps été franchie. 

huffpost.com

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