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Quand les moutons porteront plainte…

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Chaque année dans les pays musulmans, on célèbre la fête de la tabaski ou l’Aid el Kabir ou encore la fête du mouton ! Ce n’est pas que le mouton va festoyer, non ! On lui fera sa fête, en le privant de sa tête. Des millions de moutons vont subir le sacrifice abrahamique, acte que ce patriarche avait fait en signe de dévotion à Dieu. Mais aussi acte symbolique et de haute portée pédagogique en ce sens qu’il constitue un geste qui allait sauver tous les enfants mâles d’un sacrifice, synonyme de boucherie humaine comparable aux deux grandes guerres.
Abraham, le sauveur, posa par ce geste, le second acte civilisateur de l’histoire de l’Humanité. Le sacrifice des animaux, en substitution au sacrifice humain, est sans doute un pas magistral vers plus d’humanisme. Cependant, sans risque de nous tromper, on peut avancer que le premier acte civilisateur est le sacrifice humain. Si pour éviter toute une guerre, aux conséquences désastreuses, l’on sacrifiait une ou deux personnes, il me semble qu’il n’y a pas acte plus humain et noble que ce sacrifice humain. Mais, à l’instar de Jésus, qui symbolise le troisième acte civilisateur, en faisant don de sa personne et/ou en démontrant par là qu’il n’y a rien de plus aveugle que la vindicte populaire, et que seule la foi en Dieu compte, l’on se rendra alors compte avec Mouhamad, que ni la viande ni le sang de ces animaux sacrifiés, n’arriveront au Seigneur, mais la piété des individus. Tels furent les enseignements de ces illustres personnages, faire comprendre qu’il n’y a que Dieu et que seule la foi et la piété comptent. Ni le sacrifice humain ni le sacrifice animal ne sont importants pour Dieu, si bien sûr c’est pour Dieu et pour Lui seul. Alors, à quand la fin du sacrifice animal ? Quand on plaidera pour eux !

Quand les animaux porteront plainte, et que l’on plaidera pour leur cause, les êtres humains se rendront compte que dans ce processus d’actes civilisateurs enclenchés ou symbolisés par les prophètes du monothéisme, ils ont interrompu sa longue marche et qu’effectivement, à l’heure actuelle, on aurait dû dépasser ce stade où les animaux sont massacrés à grande échelle. C’est plus qu’un gé­nocide, c’est plus qu’une hécatombe !

Il est vrai qu’il existe depuis longtemps des lois contre les mauvais traitements infligés aux bêtes de compagnie et d’élevage, dans pratiquement tous les pays du monde, mais il y a lieu de progresser un peu. A défaut d’arrêter ces sacrifices à grande échelle, il y a lieu d’inciter les gens à le faire en veillant à ce que ces bêtes en souffrent le moins. De nouvelles techniques sont là et très appropriées, il suffit de les vulgariser. Cependant, le mieux serait de mettre fin purement et simplement à ces pratiques traditionnelles actuellement néfastes d’autant que, une fois de plus, ce qui «arrive au seigneur, ce n’est ni le sang ni la viande» ; et d’autant qu’il est possible maintenant de disposer de protéines animales sans consommer ces pauvres bêtes, dont le seul tort est de n’avoir pu jusqu’ici porter plainte contre ces traitements destructeurs. Il ne s’agit nullement ici de donner les mêmes droits aux animaux qu’aux êtres humains, mais de faire appel à ce qu’on les traite avec décence et respect. Il ne s’agit pas non plus de faire la promotion du végétarisme qui est un style de vie assez incongru, mais de faire progresser l’idée de justice, en y incluant de plus en plus les animaux et les plantes. On a souvent pensé la justice en termes de respect des droits hu­mains, mais de plus en plus il faudrait que les êtres humains acceptent de prendre en considération cette catégorie de la population mondiale laissée pour compte : les animaux et les végétaux.

Ils le méritent bien et il est plus que temps que les êtres humains leur accordent ce droit, d’autant que ces animaux ont toujours rendu de bons et loyaux services à ces bipèdes prédateurs ; mais aussi et surtout, parce que l’être humain est la créature qui ressemble le plus à un animal, plus que tous les autres êtres. D’ailleurs, de plus en plus cet être humain découvre qu’il veut ressembler à cet animal qu’il a longtemps honni. Dans ses ébats sexuels, dans ses performances physiques, etc. ; l’homme se fait volontiers animal. Dans les compétitions sportives internationales ou même nationales, l’on note des Lions de la teranga, des Panthères, des Scorpions, des Coqs, des Antilopes, des Eperviers, des Pandas, etc. Des emblèmes à l’effigie d’animaux (Lions, Aigles, Eléphants, Chevaux, etc.), et nous avons même eu droit à un Président Bélier, Houphouët Boigny. Ce bélier qu’on veut égorger à grande échelle dans toutes les contrées musulmanes, à l’occasion de la «fête du mouton».

Quand les moutons porteront plainte, on ne les mènera plus comme des moutons de panurge ! Et quand on reviendra vraiment à nos moutons, on verra bien qu’on est en train de les massacrer et qu’on n’a pas été très sérieux avec eux jusqu’ici, ni avec les autres animaux. Quand les moutons porteront plainte, peut-être que ce cauchemar, dans lequel je me débats où je me vois comme un agneau de sacrifice poursuivi par des moutons noirs, se transformera en un rêve où tous les êtres humains sont doux comme des agneaux et n’ont d’yeux que pour Dieu. Ce Dieu qui n’a besoin ni du sang ni de la viande de ces animaux ou hommes sacrifiés. Cependant, s’il faut éviter une boucherie humaine en sacrifiant une ou deux personnes, il faudrait le faire. S’il faut éviter une boucherie humaine en sacrifiant des animaux, il faudrait là aussi le faire. Mais si on ne le fait que pour Dieu et rien que pour Lui, Il n’a pas besoin de tout cela, ni du sang ni de la viande !
Moutons de tous les pays, unissez-vous !

Mamadou Moustapha WONE – Sociologue[email protected] / BP : 15 812 Dakar-Fann – Sénégal

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