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Quand Sonko inspire l’opposition

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XALIMANEWS- Longtemps relégué au placard par le chef de l’État et sa politique multiforme de réduction de l’opposition à sa plus simple expression, le camp anti-Macky reprend des couleurs et semble renaître de ses cendres en cherchant à se poser comme alternative au pouvoir en place, suite aux derniers événements liés à l’affaire Ousmane Sonko. Un leader qui s’emploie vaille que vaille à entrainer le camp anti-Macky vers une opposition plus dynamique et un front structuré. Face à cette nouvelle donne, le maître du jeu ou ancien maître du jeu, c’est selon, ravive ses forces et sonne la mobilisation des troupes et/ou de sa majorité.

La scène politique sénégalaise confinée pendant plus d’une année par le mastodonte Covid-19 est partie, ces temps-ci, pour sortir de sa torpeur, eu égard aux diverses actualités qui s’emparent de l’espace politique. Seul paradoxe : le réveil des acteurs, et par suite la redynamisation du jeu politique, est la consécutive d’une banal fait divers, à la limite licencieux, qui a fini par devenir une affaire politico-judiciaire source d’émeutes meurtrières à travers le pays.

Au centre de ce mélimélo socio politico-judiciaire qui a fortement secoué l’Etat et les institutions de la République, on retrouvait le député Ousmane Sonko, leader de Pastef-Les Patriotes, accusé de «viols répétés» et «menaces de mort» par une masseuse. Entre son arrestation et sa mise sous contrôle judiciaire par le Doyen des juges, plus d’une dizaine de vies seront perdues à travers le Sénégal, des biens publics et privés détériorés pour des centaines de millions de francs de pertes, une grave fracture enregistrée au sein de la société sénégalaise. Parmi tous les acteurs de cette crise politique judiciaire, seule l’opposition sénégalaise pourrait cependant se prévaloir d’en avoir tiré un effet bénéfique. Pour cause, remisée au placard bien avant même la présidentielle de 2019 par un chef de l’État qui s’évertuait méthodiquement à la réduire à sa plus simple expression, par l’entremise de stratégies dûment orchestrées (parrainage, instrumentalisation de la justice comme pour Khalifa Sall et Karim Wade, entrisme avec Idrissa Seck, arrivé pourtant 2ème à la dernière présidentielle), l’opposition renaît aujourd’hui de ses cendres.

Par la grâce d’Ousmane Sonko. Le leader de Pastef-Les Patriotes sorti en troisième position avec 15% des suffrages valablement exprimés au scrutin présidentiel de février 2019, en est en vérité le catalyseur. Libéré des délits de trouble à l’ordre et participation à une marche non autorisée, quoique sous contrôle d’un appel à l’insurrection, le leader des Patriotes a entrainé un vague de mobilisation de la jeunesse sénégalaise sans précédent au Sénégal, bien plus que les évènements du 23 juin 2011. Même s’il est vrai qu’il n’a été que l’étincelle qui a déclenché l’explosion d’une frange de la population précarisée par Covid-19 et ses restrictions, le chômage, le sous-emploi, le manque de perspectives, la morosité économique et l’inefficacité des politiques publiques.

UNE PLATEFORME UNITAIREEN GESTATION

Dès sa remise en liberté sous condition, Ousmane Sonko s’attelait ainsi à un large exercice de rassemblement des forces pour faire face au régime en place. Sous la bannière de la défense de la démocratie et du respect de l’Etat de droit, le leader de Pastef-Les Patriotes entamait de larges concertations, via des visites de remerciement pour l’avoir soutenu dans son combat, avec beaucoup de leaders politiques. Parmi ceux-ci, on notait l’ancien maire révoqué de Dakar Khalifa Sall, patron de Taxawu Sénégal, l’ancien numéro 2 de Moustapha Niasse, exclu de l’Afp, Malick Gakou, aujourd’hui patron du Grand Parti. Dans le même ordre d’idées, Serigne Mansour Sy Djamil de Bess du niak, Thierno Bocoum d’Agir et cie recevaient Ousmane Sonko. La nouvelle vague représentée par Babacar Diop des Fds/les Guelwaars n’était pas lassée en rade. Ousmane Sonko ira même plus loin en tissant langue avec beaucoup d’organisations de la société civile et de mouvements citoyens autour de cet idéal de défense de la démocratie et de l’Etat de droit. Y’en a marre, Frapp France dégage, No Lank, Plateforme bi nu beug, Collectif Doyna…autant de structures à cheval entre l’activisme et l’action politique qui valideront la démarche de Sonko pour une plateforme unitaire contre le régime. La force d’entrainement et selon d’attraction du leader de Pastef Les Patriotes aidant, on assiste alors à un réveil des énergies somnolentes du camp anti Macky vers une opposition plus dynamique avec en ligne de mire une structuration affirmée. C’est ainsi que samedi dernier, le Front de résistance national (Frn), désormais comptable du Pds de Me Abdoulaye Wade qui l’avait quitté avant de rejoindre le bercail dans la foulée de l’affaire Sonko (realpolitik obligeant certainement), tenait une rencontre avec les partis politiques de l’Opposition, le M2D, la coalition Jotna, le Crd d’Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo et autre Thierno Alassane Sall, les mouvements et associations de la société civile, les syndicats de travailleurs, les activistes et lanceurs d’alerte de tous bords, en plus de plusieurs autres personnalités, en vue de la mise en place d’un Grand cadre d’unité d’action de l’opposition. Qui plus est, apprenait-on, un comité ad hoc était mis en place pour proposer les règles de fonctionnement de ce cadre ainsi que la stratégie d’un plan d’actions à soumettre à la prochaine conférence des leaders. Parallèlement, les partis politiques de l’opposition semblent, ces derniers jours, dans une dynamique globale de rappel et de remobilisation des troupes pour ne pas être en reste dans le mouvement initié par leurs pairs en croisade contre le camp au pouvoir.

LE POUVOIR, EN… REMOBILISATION

En contrepartie, consciente du coup qui lui a été porté, politiquement parlant, avec les derniers évènements qu’a connus le pays, et surtout de la fragilisation de son patron, en l’occurrence Macky Sall, la majorité présidentielle s’attelle à redorer son blason terni contre une… « volonté de renverser le système démocratique ». C’est tout le sens de la rencontre des leaders de Benno Bokk Yaakaar, samedi dernier, autour du chef de l’Apr et chef de l’Etat. Une rencontre qui a vivement dénoncé « l’appel à l’insurrection» d’Ousmane Sonko» et qui a appelé à se dresser contre un «projet anti-républicain, anti-démocratique, antinational et anti-populaire».

Côté mobilisation des troupes sur le terrain, c’est au Fouta (voir par ailleurs) que Benno Bokk Yaakaar reprenait des forces après la «déconvenue» des émeutes populaires. Histoire de préparer le terrain au président Macky Sall, actuellement en mauvaise posture, pour une tournée économique à fort relent de remobilisation de la majorité. Quoique ladite tournée du président de la République au Fouta était sur toutes les lèvres du camp au pouvoir depuis lors !

Sud Quotidien

 

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