Le village traditionnel de Cambèrène est aussi religieux. A l’image de Yoff, le village est connu pour le mausolée où reposent Seydina Issa Lahi et Cherif Ousseynou Lahi. Aujourd’hui, le village est étendu aux quartiers environnants. La commune d’arrondissement est dirigée par le socialiste Pape Ahmadou Samba membre de Benno Siggil Sénégal. La commune est presque un village élargi. Avec ses maigres moyens, la commune compte travailler dur pour répondre aux attentes des administrés.
C’est un village traditionnel et religieux, Cambèrène est situé entre Yoff et Guediawaye au nord-est des parcelles assainies. C’est par le décret N°96-745 du 30 Août 1985 portant création des communes d’arrondissement dans les départements de Dakar, de Pikine et de Rufisque qu’est née la commune d’arrondissement de Cambèrène comprenant en son sein une partie de l’Unité 15 et le village ainsi que Cambèrène 2. Le village est rattaché à la commune qui porte son nom. L’actuel maire, Pape Ahmadou Samba, est issu de Benno Siggil Sénégal (opposition) à l’issue des élections locales de 2009. La population de la commune s’élève à quarante cinq mille (45000) âmes. Elle s’étend de L’Unité 15 des parcelles assainies à la commune d’arrondissement de Golf sud. La population est jeune et s’active dans le secteur tertiaire d’où la préoccupation des autorités locales à vouloir faire des actions en direction de la jeunesse. La commune compte tout de même des cadres dans beaucoup de secteur d’activités du pays. Les jeunes étant plus nombreux, ils sont pour la plupart des ouvriers. C’est pourquoi la mairie compte aider ceux qui n’ont pas d’activités en leur en trouvant.
La mairie espère aider les femmes aussi. « Elles fréquentent très rarement l’école » révèle le maire. C’est pourquoi, selon lui, « la municipalité a l’intention de les orienter, les aider avec l’appui de la ville de Dakar à trouver des bourses pour qu’elles puissent continuer leurs études ».
Les infrastructures sont composées entre autres de centre de santé, écoles (arabe, jardins d’enfants, garderies, écoles primaires et Cem). La commune est bordée au nord par la mer qui n’avance jamais. Ce qui fait la particularité de la commune d’arrondissement de Cambèrène est la cohabitation administration-pouvoir spirituel et traditionnel.
Historique du village traditionnel
Des rues étroites non bitumées, reliées à d’autres. Des populations dont le nom se substitue à celui du guide religieux Laye. Ici, la sécurité est presque assurée. L’insalubrité est une affaire des ménages. « Le camion de ramassage ne vient que très rarement. A défaut, nous demandons à nos jeunes enfants de creuser un trou afin d’y mettre les ordures ménagères » révèle la dame Safietou Sylla.
Quant à l’insécurité, les femmes vendeuses de poissons sont le plus souvent agressées à l’aube quand elles se rendent au marché au poisson. « Elles sont agressées à l’extérieur du village. Pour dire que les étrangers (ressortissants de l’Afrique centrale) ne sont pas acceptés au village. Personne ne leur donne une maison en location » explique Alassane Hanne membre du club d’anglais et de l’association des jeunes du dimanche matin. Le village à lui seul ne connait pas d’insécurité. « L’insécurité gagne du terrain, mais notre commune est moins atteinte que les autres. Nous vivons dans un village traditionnel où les gens se connaissent. Les jeunes de cambèrène 2 se sont constitués en association pour lutter contre le phénomène de l’insécurité. Un acte à saluer » précise Pape Ahmadou Samba.
L’histoire de cambèrène, capitale de la confrérie Layène, se confond à celle de son fondateur, Seydina Limamou Laye. Ce dernier est né à Yoff en 1843. Il a grandi dans ce village Lébou où il exerça le métier de pêcheur.
Selon l’histoire, l’origine du nom viendrait de (kémédine), nom de la ville de naissance du Sceau des Prophètes. La célébrité du village s’est amplifiée surtout, grâce à Feu Cherif Ousseynou Laye chef religieux et fondateur du mouvement Farlou ci Diné Dji. Mouvement qui a vu l’adhésion massive des jeunes Layènes. Ils l’aimaient et le vénéraient par la véracité de ses propos envers la jeunesse
IL y a quelques années, le village était presque habité d’analphabètes. Aujourd’hui, le village de Cambèrène compte aujourd’hui beaucoup de cadres.
Comme dans tous les villages traditionnels, les habitants de Cambèrène sont presque de la même famille. Ils se connaissent tous. Les femmes se fréquentent pour ne pas céder à la tentation de la vie urbaine qui les guette. Elles se sont constituées en associations de quartier pour des tontines. La présidente de l’une d’elle Mme Safietou Sylla précise « nous ne faisons que nous aider entre femmes. Les hommes n’ont pas assez de moyens pour subvenir aux besoins de toute une famille. L’association que je dirige est composée de cent femmes. Chacune cotise mille francs par semaine. On garde l’argent dans une mutuelle pendant cinq à six mois pour avoir une somme consistante. C’est à ce moment qu’on ouvre les demandes pressantes pour celles qui en veulent ».
Les femmes du village ne sont pas exemptes des reproches sur le gaspillage dans les cérémonies familiales. « Elles gaspillent trop dans les cérémonies familiales » se désole cet homme d’âge mûr. « En effet, sur les cent membres que compte le groupement chaque femme qui sollicite qu’on lui donne sa part le fait parce qu’elle a un mariage ou un baptême. C’est du gaspillage. Nous e sommes conscientes. Je suis persuadée que nous allons nous parler pour pouvoir aider nos enfants, et pourquoi pas réaliser quelque chose » poursuit Safietou Sylla.
C’est un village de pêcheurs dont les principales ressources viennent de la mer, comme le prouvent les pirogues sur la plage. Les habitants expliquent que « la présence des pirogues ne sert pas à grand chose car, elles sont presque inactives ».
La chefferie religieuse est très puissante dans la commune de Cambèrène. Le fondateur de la confrérie des Layènes Seydina Limamou Laye, a vu le jour à Yoff où il a grandi. Il est venu s’installer à Cambèrène (déformation de Kém Médine) pour accomplir sa mission divine. Mission qui consistait à faire abandonner à la communauté léboue qui y vivait les pratiques païennes. Dans le village de cambèrène, certaines choses ne sont pas tolérées. Par exemple, fumer de la cigarette est considéré comme un sacrilège. Par contre, de nos jours, d’autres interdits, sont acceptés. Les filles s’habillent à la mode sans pour autant être obligées de sortir avec un pagne gardé chez une amie dans les parcelles assainies. Pourtant, certains vieux, la mort dans l’âme, se résignent à laisser les filles s’habiller en conformité avec leur époque. « Le village traditionnel a connu des extensions avec la naissance de nouveaux quartiers comme camberene2, nations unies, quartier Ndiaga Mbaye et l’Islam2 » laisse entendre le maire.
Le village se modernise avec la création de la mairie
« Avec l’avènement de la commune, les choses ont un peu changé » confie le maire. Avec un budget de 206 millions de francs CFA, Pape Ahmadou Samba confie qu’ « il y avait beaucoup de potentialités qui n’étaient pas exploitées comme le recouvrement de la patente dont les gens avaient perdu la notion du paiement ». La mairie ne compte pas se laisser faire pour le désengorgement de la voie publique. Parce que dit le maire « autorisation ne veut pas dire anarchie. Nous sommes structurés, donc nous comptons assainir le village, remettre en ordre tout ce qui déborde, tout ce qui n’est pas dans les normes.
Avoir une autorisation d’occupation ne veut pas dire faire du laisser-aller ». Cambèrène, c’est aussi le club sportif du même nom, les lutteurs comme Mbeuss de l’écurie Rock- Energie et Pape Cambèrène, de bons espoirs. Par le village, passe un canal d’évacuation des eaux usées. La date de validité étant dépassée, le gouvernement envisage de l’étendre aux autres quartiers. Cambèrène ne veut pas de la construction d’un deuxième canal d’évacuation des eaux usées de Dakar dans le village. Un projet de six milliards de francs Cfa de l’Etat, financé par l’Union européenne pour résoudre le problème de l’assainissement dans la capitale. En effet, les jeunes à travers leur association comptent se battre jusqu’à la dernière énergie pour s’opposer à la volonté des autorités. Ablaye Fall, membre de l’association des » jeunes du dimanche matin » confie : « à certaines heures de la nuit ou à l’aube, l’air est irrespirable à cambèrène. L’odeur que le canal dégage est très forte. Nous craignons beaucoup pour notre santé ».
La commune de Cambèrène a donné un million aux neuf (09) Associations Sportives et Culturelles des subventions, à la zone 8A, trois cent mille (300 000), et l’As Cambèrène qui a joué la coupe du Sénégal contre le Jaraaf a reçu quatre millions de francs CFA. Les quatre écoles primaires ont reçu des aides d’une valeur de dix millions. La municipalité en collaboration avec les autorités coutumières sont en train de voir chacun en ce qui le concerne comment trouver un site qui pourra abriter une cinquième école élémentaire.
Cambèrène et Cherif Ousseynou Laye
Fils du premier khalife général des Layènes, Seydina Issa Rouhou Laye (1876-1949), Chérif Ousseynou Laye était un guide religieux très proche des jeunes. Il était le bras droit et confident de son frère ainé et actuel khalife de la confrérie, Serigne Abdoulaye Thiaw Laye. D’ailleurs, c’est lui qui présidait ces dernières années la cérémonie officielle de l’Appel de Seydina Limamou Laye. « Baye Cherif était notre père. Nous l’aimions tous dans le village même au-delà des frontières. Les jeunes n’écoutaient que lui » note Ablaye Fall.
Les festivités organisées dans la nuit du 24 décembre (Noel) étaient pour les jeunes de Cambèrène l’occasion de se retrouver pour célébrer avec lui : l’ »Appel de la jeunesse »
Dans ses discours, il ne cessait d’appeler à l’unité, à la solidarité et d’exhorter les jeunes talibés à suivre les enseignements de Seydina Limamou. Très ouvert au monde moderne, Chérif Ousseynou ne manquait pas d’évoquer des sujets liés au vécu de la population, comme le renchérissement du coût de la vie. Son élégance était aussi exemplaire.
Décédé le 1er juillet 2009, Baye Cherif comme l’appellent affectueusement les jeunes, repose désormais à Cambèrène auprès de son père Seydina Issa Rouhou Lahi, dans le mausolée qu’il était en de train de restaurer.
Encadré
Pape Ahmadou Samba maire de la commune d’Arrondissement de Cambèrène
« La commune de Cambèrène est vaste. Elle ne connait presque pas d’insécurité. L’éclairage public sera rétabli, les femmes sont en train d’être organisées en Gie afin de pouvoir bénéficier de crédits auprès des mutuelles. Elles se réunissent tous les week end pour mener leurs activités de micro- jardinage entres autres.
S’agissant de l’environnement, la commune va bientôt commencer à désensabler les routes. Nous allons constituer les jeunes en associations et les faire travailler. La chefferie traditionnelle n’entrave en rien au travail de la commune. Au contraire elle nous soulage, car tout ce qui est en train d’être fait a été réalisé ou écrit. La municipalité n’a pas d’argent mais nous ferons de notre mieux pour ne pas décevoir la population ».
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