e maire de la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye veut apporter des changements dans une commune où la pauvreté est visible. « Malgré la situation, les enfants doivent avoir une bonne éducation pour pouvoir prétendre demain à un avenir meilleur » assène le maire. Dans un quartier où la plupart des maisons sont inondées, des lieux de culte envahis par les eaux de pluie et l’insécurité grandissante, seule la volonté peut faire espérer à des lendemains radieux.
Situé au cœur de la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye, le quartier « Souf sou Weex » est né en 1972 après le déguerpissement des populations de Nimzatt aux Hlm. Il est l’un des quartiers de la commune où « vivent près de mille âmes » selon Matar Ndiaye, un jeune de la localité. Avec ses maisons alignées comme des militaires dans les casernes, le quartier semble loti. Aucun débordement n’est noté, à part quelques femmes assises devant les maisons pour évidemment prendre de l’air et laisser la femme de ménage faire son travail sans être dérangée, mais aussi et surtout surveiller les moutons attachés dans un enclos devant la maison. La particularité de ce quartier vient du fait qu’il est le seul dans la commune à connaitre les inondations. « Le quartier Souf sou Weex reste notre principal souci concernant les inondations. C’est le réceptacle de toutes les eaux des autres quartiers environnants », confie le Maire de la commune d’arrondissement, Ibrahima Ndiaye.
Historique du quartier
Selon le chef du quartier, Demba Diallo, « c’est en 1972 que l’Etat nous avait emmené ici car il avait besoin de l’espace que nous occupions. On nous avait averti que nous devions quitter et pour chaque maison concernée, le chef de famille est avisé à l’avance. Le jour du déguerpissement, ce sont les camions des militaires qui sont venus nous embarquer avec toute la famille ainsi que nos baraques. Arrivé sur les lieux, chacun a déjà son nom inscrit sur un tableau qui montre que tel tableau appartient à tel chef de famille ». Un quartier qui était dépourvu d’électricité et d’eau, mais les populations attendaient car elles étaient persuadées que « le meilleur est à venir » révèle cette femme d’un âge avancé. Autrefois, le sable était blanc d’où son nom « Souf sou Weex ». « Beaucoup de chef de famille ont construit avec ce sable, à commencer par moi-même », explique le vieux Demba Diallo. Aujourd’hui, « comme si notre quartier a été changé par un autre du fait des inondations qui maintenant hantent nos sommeils ».
En effet, le quartier « Souf sou Weex » est inondé car, des mois après, la trace de l’eau est visible. L’eau reste encore visible dans certaines maisons. Celle occupée par la jeune fille Fatou Seck et sa maman, Soda, en est une parfaite illustration. Le bâtiment de la maison qu’occupent ces femmes est en ruine. Des pans entiers tombent. Fatou Seck explique « vous voyez ces gravats, ils viennent de la toiture. Ils sont tombés alors que je venais juste de passer. Vous imaginez un peu ce que ça aurait donnés si quelqu’un était à coté ». Fatou Seck et sa maman sont seules et sans aide dans une maison où la fosse sceptique s’est effondrée. De l’herbe a poussé dessus la trace de l’eau sur les murs et sur le sol est visible. Si elles ont habité dans cette maison, « c’est par manque de moyens » explique la jeune fille en l’absence de sa mère, Soda Sène. « Nous sommes en location maman et moi. Si on choisi de rester dans cette maison, c’est parce que nous n’avons nulle part où aller. Si on voulait quelque chose de mieux, ce serait hors de nos bourses. Le loyer est cher, c’est un secret de polichinelle. Ce sont les agences qui s’en occupent et elles demandent trois mois d’avance, je ne peux pas le payer car c’est moi qui travaille et aide maman alors que je ne gagne pas assez », poursuit la jeune fille.
Des propos que confirme la dame Amy Diouf habitante du quartier. Trouvée en pleine rue vendant le petit déjeuner, elle dit d’une voix triste : « j’étais obligée de quitter ma maison pour aller vivre ailleurs à cause de l’eau. Je suis revenue le jour de la Korité. Ce sont les voisins qui m’aidaient à évacuer les eaux de pluie ». Anta Nar Guèye quant à elle ajoute : « nous avons utilisé l’argent de la dépense quotidienne pour acheter du ciment et du fer pour la réfection de la maison ». Sokhna Ndiaye ajoute désolée « puisque nous habitons le bas fond du quartier, toutes les eaux des autres rues et quartiers arrivent ici. Il y a juste moins de cinq ans le quartier n’était pas inondé, mais depuis la construction de la route qui traverse le quartier, on reçoit de l’eau venant des autres quartiers. C’est pourquoi, toutes les maisons inondées ont mis des briques pour arrêter l’arrivée de l’eau ».
Les autorités locales agissent
Une situation qui inquiète les autorités locales au plus haut degré. C’est pourquoi, le premier magistrat de la commune, le maire Ibrahima Ndiaye, a mis la main à la poche, pour sortir les gros moyens et mettre les populations dans les meilleures conditions, parce que selon lui, « les inondations restent le problème le plus aigu que vit la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye ». L’approche de la saison des pluies aidant, « la mairie, en collaboration avec les conseils de quartier, a mis à la disposition des populations du matériel allant des râteaux aux pelles en passant par brouettes, bottes et fourches, pour les premiers travaux d’avant hivernage mais aussi pour lutter contre l’insalubrité. Cela épargnera à la population de signer un papier d’acquisition ou une décharge à chaque fois qu’elle a besoin du matériel » a expliqué Matar Ndiaye. Avec un budget de 182 millions de francs CFA, la municipalité compte apporter son aide aux populations quels que soient leurs difficultés.
S’agissant des inondations, le maire explique : « pour ne pas avoir à acheter à chaque fois du carburant pour l’évacuation des eaux de pluie, la municipalité a jugé nécessaire de trouver un compteur d’électricité pour y brancher la motopompe. Ainsi, l’évacuation des eaux se fait sans difficulté ». Le chef de quartier ajoute : « cela veut dire que tant qu’il y a de l’électricité, on n’a pas à se faire du souci pour l’évacuation des eaux ». Mais le problème majeur du vieux Demba Diallo, reste la mosquée qui est le lieu de rencontre des eaux. « La mosquée reste inondée pendant des semaines. L’année dernière, nous sommes restés près de deux mois sans y prier. La mairie nous avait certes offert du sable mais ce sont les riverains qui viennent le prendre pour leurs maisons inondées aussi. Ils en ont besoin c’est la raison pour laquelle on ne réagi pas ». L’imam de la mosquée, Youssou Guèye, abonde dans le même sens : « nous voulons d’ailleurs élever le niveau du mur, le remblayer pour éviter que l’eau y pénètre. Au niveau de la municipalité, il y avait un projet de lutte contre les inondations, mais j’ignore ce qu’il est devenu. Le quartier n’était jamais inondé auparavant, il suffit que la pluie s’arrête pour que tout le monde vaque tranquillement à ses occupations ».
Les actions de la nouvelle équipe municipale issue des élections locales de mars 2009 ne s’arrêtent pas seulement aux inondations. Elles vont au-delà. « Le cadre de vie nous intéresse au plus haut point. Ça concerne l’éducation, la formation, l’environnement entre autres » confie le maire.
S’agissant de la santé, elle fait partie des compétences transférées et en banlieue, les gens vivent les difficultés les plus aigues parce que les moyens ne suivent pas. La commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye compte un poste de santé et une maternité. Le maire estime que « gérer ces structures n’est pas chose facile du point de vue des usagers qui envahissent chaque matin ces structures avec le manque de personnel ». C’est pourquoi, « quand je suis arrivé, j’ai recruté une aide infirmière qui fait un travail excellent à coté de l’infirmière chef de poste », ajoute Ibrahima Ndiaye. Et ce n’est pas tout car, « le mur de clôture a été refait parce que l’intimité des péripatéticiennes n’était pas respectée. On pouvait les apercevoir à travers le mur originel qui n’était pas haut ». Un acte que les femmes de la localité ont apprécié à l’unanimité.
L’éducation est un secteur clé. Elle fait également partie des compétences transférées. Ainsi, la commune a depuis le mois de janvier, un comité de pilotage chargé d’élaborer et de mettre en place un projet éducation qui prendrait en charge le renforcement des capacités des enseignants. « Les enfants aussi seront pris en charge, surtout ceux issus des familles défavorisées, et nous comptons organiser un concours pour les meilleurs élèves de la localité », révèle le maire.
Quant au soutien scolaire des enfants, la commune a offert des fournitures « dans le cadre d’un partenariat avec Plan International » explique un enseignant sous le couvert de l’anonymat.
La commune compte un centre commercial dont la sécurité laisse à désirer d’où la colère des commerçants qui refusent tout simplement de payer la taxe municipale.
Selon le maire, « La mauvaise gestion du cadre de vie résulte d’un manque de sécurité mais, il faut relever le problème d’éducation des enfants car si un enfant n’est pas bien éduqué ça se sent sur son avenir ». Malgré l’installation des postes de police dans les communes, le problème de l’insécurité reste entier. Le maire de la commune d’arrondissement de Ndiarème Limamou Laye ne croit pas à cela, car selon lui « les pays qui ont les polices les plus développées ont le taux de criminalité le plus élevé. Donc c’est un problème de mentalité ».
D’autre part, le maire, en collaboration avec l’équipe municipale, a mis en place des conseils de quartier pour répondre favorablement aux nombreuses sollicitations de ses administrés. Dans ces conseils de quartier, se retrouvent « les différentes sensibilités de la population. Le conseil est dirigé par le chef du quartier qui est pour la plupart du temps un notable. Ainsi, le matériel de nettoiement composé entre autres de brouettes, pelles, fourches et balais est gardé chez lui au cas où quelqu’un en aurait besoin on lui épargne ainsi la tâche de venir jusqu’à la mairie. Maintenant à partir du chef de quartier, on peut disposer de tout cela », souligne Matar Ndiaye.
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