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Quartiers inondés de la banlieu : jeûner, les pieds dans l’eau

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Après la pluie, c’est le beau temps, dit l’adage. Un tour dans certains coins des Parcelles assainies après celle du week-end, permet de dire le contraire.
Ici, c’est plutôt le mauvais temps après la pluie. Une pluviométrie, comprise entre 40 et 60 mm d’eau seulement d’après la Météo, suffit pour mettre certains foyers dans les eaux.
Jambes enfoncées dans la boue,  pagne retroussé jusqu’aux genoux et seau à la main, Oumou Ly, une résidente  du quartier Touba de l’Unité 2 des Parcelles assainies, essaie de vider l’eau qui stagne dans la cour de sa maison. Elle remplit le seau, pour ensuite sortir et verser le trop plein dehors dans le ruisseau qui s’est formé.
« Mon ennemi numéro 1, c’est la pluie» lance-t-elle ironiquement.  Et d’ajouter : « la pluie a démarré cette année à un mauvais moment. J’avais mieux à faire, après avoir jeûné jusqu’au crépuscule, que de vider de l’eau. En ce moment, je devrais m’occuper de la coupure et du dîner ».
Oumou n’a même pas eu le temps de rompre son jeûne. Elle veut à tout prix débarrasser sa cour de l’eau stagnante. «Cette eau me gêne énormément. Si je ne l’évacue pas, maintenant, les enfants peuvent venir y jouer et cela peut les exposer à certaines maladies liées à la saleté », explique-t-elle en soupirant.
Modou, le mari, lui prépare son «ndogou» (coupure). Assis sur un tabouret, posé dans la véranda, il lance : «moi, je viens comme ça du boulot. J’ai demandé à Oumou d’attendre jusqu’après la coupure pour qu’on s’entraide à évacuer l’eau. Mais comme elle ne supporte pas la saleté, elle veut coûte que coûte se débarrasser de cette eau ».

Les pratiques blâmables des voisins
Contrairement à Oumou, Amadou, lui, a choisi de rompre son jeûne dans les eaux. « Moi, je préfère, après une longue journée de privation, m’occuper de la coupure qu’autre chose. Et tant pis, cette eau ne me gène nullement, puisque j’ai maintenant pris l’habitude de cohabiter avec elle. Toutefois, Amadou indexe l’attitude de certains de ses voisins qui, dit-il, profitent de la pluie pour ouvrir leurs fosses septiques.
«L’eau que vous voyez là, ce n’est pas que l’eau de la pluie ; c’est plutôt l’eau des fosses. Elle dégage une odeur nauséabonde», dit-il. Pour lui, il ne sert à rien de jeûner jusqu’au soir pour ensuite causer des désagréments aux autres frères musulmans et les empêcher de couper leur jeûne dans la sérénité.  « Dieu chasse tout croyant qui s’adonne à cette pratique », enseigne-t-il.
Les conséquences de la pluie ne sont pas vécues que dans les foyers.
Certains vendeurs de « ndogou » de la rue aussi ont payé les pots cassés. C’est le cas d’Astou qui, d’habitude, posait sa table devant la boulangerie «Khadim Rassoul» de l’Unité 01.
Surprise de constater que sa place est aujourd’hui envahie par l’eau, elle ne sait plus quoi faire. Elle s’est finalement arrangée avec la gérante du kiosque, pour y installer ses bases. « Cette journée est morte pour moi », se lamente-t-elle, avant de poursuivre : « les clients et abonnés croiront sans doute que je ne suis pas venue. Je ne sais pas comment ils vont faire pour rompre le jeûne aujourd’hui ». Elle finit par se résigner en reconnaissant que c’est la loi du marché : tantôt on gagne, tantôt on perd.

Ndiol Maka SECK (Stagiaire)

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