Sourire en coin, deux bisous en guise de bienvenue, Queen Biz reçoit Rewmi Quotidien avec chaleur. L’antre de celle qui revendique un hip-hop commercial est tout aussi accueillant. Sobre et classe. Sans clinquant. Musique, vie privée, engagement politique et social…, Coumba Diallo, à l’état civil, s’est également pliée à nos questions, sans langue de bois.
Quel est le bilan de votre premier album ?
Le bilan est positif, il a dépassé de loin mes attentes. Pour un premier album, cela devait juste être la révélation d’une identité. Je devais faire en sorte que les gens me connaissent. J’ai atteint cet objectif.
Daddy Bibson estime que vous n’avez pas d’identité musicale. En tout cas, que vous ne faites pas du hip-hop, le genre musical que vous prétendez faire.
Je fais du hip-hop. Mon nom, c’est Queen Biz et Biz, c’est en référence à business. Je fais de la musique qui marche et de la musique intelligente. Même si la base et le beat sont hip-hop, il faut essayer de faire quelque chose qui plait aux Sénégalais. J’ai essayé, et cela a marché. Alors pourquoi ne pas continuer ? Rien ne peut m’arrêter sur ce plan-là.
Donc vous revendiquez une musique commerciale ?
Je compte continuer avec mon style qu’adorent aussi bien les jeunes que les personnes âgées. Toutes les générations peuvent se retrouver dans ma musique. Il ne faut pas oublier que la musique évolue comme le monde. Les pionniers du mouvement hip-hop américain sont, actuellement, en train de faire des mélanges avec des sonorités latino, chinoise et autres, pour avoir des hits. Alors, pourquoi pas nous ? Il ne faut pas avoir le complexe d’innover. C’est sûr que quand on innove, il y aura beaucoup de critiques, mais il faut être fort (rires). Cela ne sera pas facile de me déstabiliser sur ce plan-là.
Vous avez un penchant pour les tenues sexy sur scène; est-ce un feeling ou est-ce pour choquer ?
(Elle éclate de rire) Ce sont des tenues de scène. Et avec ces tenues, je suis à l’aise sur scène. Je suis comme une folle, quand je fais des prestations. Si je portais des trucs longs, je pourrais même faire un faux pas et tomber. C’est juste ça. Vous êtes chez moi et vous voyez comment je suis habillée (voir les photos). Et quand j’étais étudiante, je ne m’habillais pas comme cela.
Mamadou Sy Tounkara, un de vos anciens professeurs, vous a reproché votre habillement. Comment avez-vous réagi à ses remarques ?
C’est normal qu’il me fasse des reproches, s’il estime que c’est nécessaire. Mamadou Sy Tounkara a été mon professeur, quand je faisais mon 3e cycle. Sincèrement, c’est quelqu’un de bien. J’ai beaucoup d’estime pour lui. Ses reproches n’étaient pas méchants. Il a juste dit que mon niveau intellectuel ne me permettait pas de m’habiller ainsi. Je dois juste lui faire comprendre que mes tenues sexy, c’est juste dans le cadre professionnel.
A part la musique, que faites-vous dans la vie ?
J’écris beaucoup. Je suis en train d’écrire un roman qui aura le même titre que mon album. Je suis aussi dans le social, j’ai eu à faire une tournée à Maka Coulibantang, qui est le village d’origine de mon père. J’y étais pour une cause noble, la scolarisation des filles en milieu rural. J’ai fait un concert et des dons aux meilleurs élèves. Et dans ces villages, les filles sont mariées prématurément et de façon forcée. Il faut que les filles aillent au-delà du Cm2 et fassent des études universitaires pour pouvoir représenter le pays dignement. C’est révolu, l’époque où les filles devaient tendre la main, pour réclamer la dépense quotidienne. Il faut qu’on apprenne à se prendre en charge. Pour cela, il faut des études poussées.
Dans l’avenir, je m’investirai en politique. Il ne faut pas laisser les autres gérer toujours à notre place.
Vous dites souvent que le remariage n’est pas dans vos projets. N’est-ce pas une façon subtile de masquer une solitude ?
(Elle éclate de rire) Non, du tout. Si je voulais un mari demain, je l’aurais.
Voulez-vous dire que les hommes sont à vos pieds ?
Ce n’est pas cela. Le mariage n’est pas dans mes projets. J’ai beaucoup de choses à faire en ce moment. Et je n’ai pas beaucoup de temps pour entretenir un homme. Parce que un homme, ça s’entretient.
Vous dites que votre ex-mari a détruit votre vie. N’est-ce pas cet épisode qui vous hante ?
Ça, c’était juste un épisode de ma vie. La page est tournée. Je suis forte, très forte par rapport à ces genres de trucs. J’ai vécu assez de choses qui m’ont permis (elle se pince la lèvre et inspire un grand coup) d’être là, forte et expérimentée. J’ai beaucoup appris dans la vie. Mon premier mariage ne peut pas constituer une entrave à un remariage. C’est juste que je n’ai pas de temps.
Quelles sont vos relations à votre ex-mari ?
Il ne faut pas que l’entretien porte sur lui. Ce n’est pas lui que vous interviewez, mais Queen Biz. S’il vous plait, zappez tout ce qui est «Queen Biz et son ex».
Parmi les expériences difficiles que vous racontez avoir vécues, il y a votre passé de domestique. Qu’est-ce qui vous avait poussé vers ce métier ?
C’était juste pendant des grandes vacances. Je devais le faire pour payer l’inscription, les fournitures et mon habillement pour l’année scolaire qui allait suivre. C’était la période des vaches maigres. J’avais une patronne très gentille. Elle m’aimait bien.
Vous avez fait des études en sciences politiques et en diplomatie. Peut-on s’attendre à ce que vous vous investissiez en politique ?
C’est sûr que dans l’avenir, je m’y investirai. La politique, c’est l’art de gérer la Cité, alors il ne faut pas laisser les autres gérer toujours à notre place. Chaque personne doit mettre la main à la pâte. Actuellement, mes activités ne me le permettent pas, mais j’y songe beaucoup. Il faut que j’utilise mes diplômes et mes expériences pour aider mon peuple.
Le Ramadan, qu’est-ce que ça change dans votre quotidien ?
Comme tout bon musulman, je jeûne. J’avoue que c’est très dur actuellement, avec la chaleur, mais ça ira. La seule chose qui change, c’est le port vestimentaire, par respect pour ce mois béni.
rewmi.com
Propos recueillis par
Christine MENDY