Le chef de l’Etat et l’ensemble de son Gouvernement nous ont épuisé cette semaine: Une pluie, annoncée, de 1800 milliards sur la région de Dakar. Des foules, plutôt modestes,transportées de pose de première pierre à chantiers inachevés. La banlieue, envahie par des berlines rutilantes est irriguée par des flots de francs CFA dont le partage laisse toujours des cicatrices durables. Bref, une fébrilité générale qui pose quelques questions: on se demande en effet qu’est ce qui fait courir, en ce moment-ci précisément, tout ce beau monde? Que n’attend t-on, par exemple, d’avoir fini d’équiper l’Hôpital Dalal Jamm pour l’inscrire au tableau des réussites gouvernementales? Et le Pont, dit de » l’émergence », inauguré par force(?)avant la finition des travaux? On peut parier qu’il sera refermé, ne serait-ce que partiellement, à la circulation pour permettre à l’entreprise de poursuivre son travail dans la sérénité!
On se demande dès lors pourquoi tout cela ne s’est pas fait dans la sobriété, de manière quasi studieuse, pour permettre au Chef de l’Etat de se rendre compte, par lui-même, de la véracité des compte-rendus qui lui sont faits sur l’avancée des chantiers ouverts? La communication en politique n’est pas nécessairement spectaculaire. Elle doit être efficace. Elle doit définir son objet, sa cible, ses objectifs et tailler, en fonction de tout cela, un propos juste et calibré . Évidemment, si chacun ne cherche qu’à se faire voir du chef, cela conduit à des foules artificielles de porteurs de pancartes qui annoncent la présence de tel ou tel leader pour se rappeler à son bon souvenir…au cas où… Cela pousse un Ministre d’Etat à arracher le micro au Chef de l’Etat en plein discours pour pousser la chansonnette! En ces temps de rumeurs, sur un éventuel remaniement ministériel, même le ridicule ne tue pas.
Plus sérieusement : les signes avant-coureurs des inondations, en cas de pluies diluviennes, sont visibles par les flaques qui encombrent déjà certaines artères de la ville. Les résultats catastrophiques du baccalauréat vont jeter dans la rue des dizaines de milliers de jeunes gens qui vont grossir les rangs des millions de jeunes oisifs qui hantent nos demeures. A ce sujet, injecter des milliards en édifices dans le secteur éducatif n’y changera rien. Il s’agit plus de changer à fond le contenu de nos enseignements que de multiplier les salles de classe en les remplissant d’apprenants…ignares en bout de parcours. Au plan économique , les entreprises sénégalaises s’étouffent de voir la plupart des marchés publics passer aux mains des étrangers. Les fermetures d’entreprises ne se comptent plus. Bref, le discours des pouvoirs publics est en couleurs mais la réalité est, à bien des égards, plutôt sombre.
Notre Senegal n’en est pas, en effet, au moindre des paradoxes: Eh oui! le Sénégal est le pays où même les anomalies se normalisent: les hommes d’affaires s’appauvrissent et les hommes politiques s’enrichissent! Nous voulons tous savoir comment? Nous avions cru, naïvement, que les langues se délieraient a l’occasion de la rediffusion de la saison 1 des « Protocoles de Rebeuss ». Malheureusement certaines séquences ont été coupées à la censure… Même le Procureur, qui le voulait pourtant, n’a pu recoller les morceaux. On scrute donc, par défaut, la fin du montage de la saison 2 et sa diffusion prochaine. Les petits films d’auteurs diffusés entre temps ne nous distrairont jamais de l’essentiel. Nous attendrons, le temps qu’il faut, la super production de la série des » Protocoles » intitulée: » Que tous les masques tombent! »
En attendant que le Peuple sénégalais décide, définitivement, de tourner son propre long métrage » SERVIR ET NON SE SERVIR »! Un film qui nous projètera dans un avenir d’ambition et de Grandeur! Patience… Le scénario se dessine…la sélection des acteurs va se faire…naturellement.
Amadou Tidiane WONE
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