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Questions de santé publique.

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Les autorités de la République ne disposent pas d’une politique efficiente de gestion des questions sanitaires. Elles pilotent le secteur des soins de santé à l’aveuglette sans avoir identifié et diagnostiqué véritablement les besoins réels des populations sénégalaises en terme de santé publique. Nos hôpitaux sont devenus au fil du temps des mouroirs. Le matériel médical est très souvent insuffisant voire défectueux. Les malades sont laissés à eux-mêmes .
L’Etat du Sénégal n’a pas toujours compris et pris en charge les priorités réelles des citoyens. La santé des populations doit demeurer un enjeu primordial pour les autorités de la République. Une politique de santé publique requiert un certain nombre de paramètres afin de mesurer sa faisabilité et son utilité intrinsèque pour les malades. Il est inadmissible que les districts sanitaires existants ne permettent pas de prendre en charge de façon correcte les besoins des citoyens sénégalais. Dans certaines contrées du pays, des hommes et des femmes doivent parcourir parfois plusieurs kilomètres afin de trouver le premier poste de santé , qui d’ailleurs, n’est même pas équipé pour offrir aux malades les premiers soins.
Par ailleurs, des femmes enceintes perdent la vie en donnant naissance faute de prise en charge adéquate et de moyens logistiques performants et disponibles pouvant permettre leur transfert vers des unités de santé reproductive. Ces populations sont laissées à leur propre sort sans une assistance efficiente des autorités sanitaires et publiques.
L’État du Sénégal n’investit pas assez de façon rationnelle sur la santé des citoyens sénégalais.Toutefois, je reconnais les efforts des autorités de la République , mais ils sont insuffisants et non structurants pour résorber le gap en matière d’infrastructures hospitalières répondant aux normes modernes de santé publique.
La couverture maladie universelle , qui est au cœur du plan Sénégal émergent comme d’ailleurs l’ancien plan Sésame du régime de maitre Abdoulaye Wade ont pour finalité de permettre aux populations les plus précarisées d’accéder aux soins de santé. L’accès aux services publics hospitaliers de certaines catégories sociales défavorisées est certes un instrument de justice sociale, mais il demeure insuffisant. Les malades ont des difficultés majeures pour payer les ordonnances et de certains examens supplémentaires, qui ne rentrent pas dans le programme de couverture maladie universelle. Face à cette situation tragique inconnue par les malades, ils se trouvent désarmés et accusent parfois les autorités publiques d’incompétence.
Par ailleurs, cette prise en charge ne peut être efficace que si les moyens logistiques sont à la fois suffisants et de qualité afin de couvrir les besoins récurrents de santé publique des citoyens sénégalais.Lesautorités publiques à travers la direction nationale de la statistique doivent périodiquement mettre à la connaissance des professionnels de la santé et des citoyens les différents types de ratios par exemple le ratio entre le nombre de médecins généralistes et le nombre d’habitants sur une zone géographique donnée en matière de santé publique, le ratio entre le nombre de spécialistes recensés par habitant au Sénégal afin de pouvoir apprécier objectivement les politiques sectorielles du gouvernement.
Il n’est pas primordial pour le président de la République de se lancer dans des projets de prestige personnel comme l’arène nationale au moment où nos districts de santé sont sous équipés et ne permettent même pas de traiter les malades. Les sommes d’argent astronomiques mobilisés pour la construction du train express régional ( TER ) pouvaient permettre d’assainir une bonne fois pour toutes le secteur public de la santé. L’Etat du Sénégal a l’obligation morale de fixer un plan de programme des priorités nationales. La santé des citoyens sénégalais ne peut pas attendre et ne doit aucunement être reportée aux calendes grecques. Elle se joue ici et maintenant. Les citoyens sénégalais méritent d’avoir un système de santé publique performant et accessible à l’ensemble du corps social. Il est inadmissible que les autorités de la République laissent mourir les fils du pays sans leur apporter l’assistance médicale nécessaire. L’accès aux soins de santé de qualité n’est pas du tout un privilège des autorités vis-à-vis de la population. C’est un droit inaliénable, non négociable garanti par la Constitution et les Traités internationaux ratifiés par l’Etat du Sénégal.
Il est également étonnant et inadmissible de mobiliser les ressources publiques afin de satisfaire une certaine clientèle maraboutique pour la construction d’un hôpital ultra moderne à Touba au moment où dans nos structures sanitaires les malades souffrent de ne pas pouvoir faire bénéficier auxmalades un traitement de qualité. Des malades du cancer sont victimes de l’incurie et de l’incompétence des autorités de la République de ne pas mettre à leurs dispositions des appareils modernes et sophistiqués pouvant permettre de combattre leurs maladies ou à tout le moins les soulager ou les aider à supporter dignement leur détresse.
C’est un scandale de constater que l’hôpital Aristide Le Dantec ne dispose que d’une seule machine pour traiter nos malades du cancer. C’est également scandaleux que les autorités ne parviennent pas à remplacer l’appareil défectueux. Elles sont maîtres dans l’art de la politique de la débrouillardise en proposant de transférer les malades en situation préoccupante vers l’étranger pour y recevoir les soins que la mère patrie est dans l’incapacité notoire de donner à ses fils.
Le malheur au pays de la Teranga est que les pauvres sont victimes des insuffisances notoires des services publics. Les autorités de la République trouvent toujours les moyens de se faire soigner en France ainsi que leurs familles aux frais du contribuable sénégalais tandis qu’elles trouvent normal la situation préoccupante et alarmante des hôpitaux du pays. Avoir un ministre de la santé dynamique et compétente ne suffit pas pour combattre le mal et permettre une meilleure prise en charge des besoins des malades. Il faut changer de paradigme en investissant davantage sur des appareils de pointe en matière de santé publique et sur la formation de médecins spécialistes pour combattre les pathologies morbides qui menacent régulièrement le tissu social national. Il faut investir davantage dans le service public hospitalier et réduire les inégalités sociales criardes en matière de soins de santé des citoyens sénégalais.
Le drame qui sévit actuellement dans nos structures sanitaires montre réellement le niveau de paupérisation des citoyens sénégalais.

Massamba Ndiaye
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