Cela aurait beaucoup plu à Agatha Christie. Le 12 février dernier, devant Le Code DaVinci, une boîte de hip-hop de Chandler en Arizona, Sir Xavier Brooks, un Noir de 19 ans, est abattu d’une balle à l’abdomen alors qu’il reculait les mains en l’air pour se dégager d’une bagarre. Selon les descriptions de la vingtaine de témoins présents à l’extérieur, un type ressemblant à Orlando Nembhard a brandi un pistolet et tiré sur Brooks. Quelques semaines plus tard, la police arrête Nembhard, 19 ans également, qui s’était enfui à Yonkers, dans l’État de New York, et le met en prison en attendant son procès.
L’affaire semble réglée. Mais cinq mois plus tard, Orlando vient d’être relâché sous caution. Car la police ne sait plus très bien qui est le vrai coupable, Orlando… ou son frère jumeau, Brandon ! Les deux frères non seulement se ressemblent mais portent les mêmes fringues, fréquentent les mêmes amis, ont tous deux eu des démêlés avec la justice et se trouvaient tous les deux le soir du 12 février au Code DaVinci. « Je peux vous garantir qu’ils se ressemblent énormément. Tout individu normal les voyant côte à côte saurait instantanément qu’ils sont jumeaux », explique Jerry Cobb, porte-parole du palais de justice.
Bonnet blanc, noir bonnet
Comme l’arme du crime n’a pas été retrouvée et qu’il n’y a aucune preuve ADN, les enquêteurs en sont réduits aux témoignages. Or nombre de témoins ne se montrent pas coopératifs avec la police et donnent des versions contradictoires, peut-être pour embrouiller davantage les enquêteurs. « Les témoins ont vu des choses différentes et ont des idées différentes », résume Jerry Cobb. Certains disent que c’est Orlando, d’autres Brandon, d’aucuns que le tireur portait un jean, une chemise blanche et un bonnet noir. Brandon, ce soir-là, était habillé d’une chemise noire, selon les témoins, alors qu’Orlando était en blanc mais avec un bonnet blanc. Quant au témoin principal qui accuse Orlando, son témoignage est sujet à caution, car il a eu des mots avec lui dans le passé.
Qui a tiré sur la gâchette ? On ne le saura peut-être jamais. Lorsque le juge, la semaine dernière, a réduit le montant de la caution, le père de la victime s’est mis à crier et a dû être expulsé du tribunal. « Je suis fou de rage. Maintenant, il y a cette histoire que c’est peut-être un autre frère ou celui-ci, mais quel que soit le frère, vous savez que c’est l’un des deux », a-t-il affirmé ensuite à la télé. Cependant, faute de preuves, il y a des chances que les jumeaux fassent l’objet d’un non-lieu si les jurés ont un « doute raisonnable », comme le stipule la loi américaine, sur l’identité de l’assassin. En attendant, les deux frères ne se parlent plus.
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