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Ramadan chez les vendeurs de Tangana: les «mbeuk rideaux» racontent leur misère

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En cette période du mois béni de Ramadan, plusieurs jeûneurs préfèrent prendre leur « ndogou » (la rupture du jeûne) chez eux, d’autres préférant aller dans les « Mbeuk rideaux » (tangana). Les tenanciers se plaignent de la baisse de leurs chiffres d’affaires en cette période.

Il est exactement 19h25, au quartier ZAC Mbao (Zone d’aménagement concerté de Mbao – banlieue dakaroise). Nous faisons la rencontre de jeunes apprentis car rapide (transport en commun), des chauffeurs de taxi, des marchands ambulants, assis autour d’une table remplie de tablettes d’œufs, lait, sachets et verres de thé, café noir, «café touba», cuillères, des marmites.

A quelques minutes de la rupture, les gens font leur commande par ci par là. D’autres se contentent de faire le dernier réglage autour de petits bavardages du genre: «heure bi dafa wara gaw nak» (il doit être l’heure). Sous le couvert de l’anonymat, cet homme trouvé entrain de remuer une des marmites sur le feu est le gérant du «tangana». Taille moyenne, il rouspète : « honnétement, depuis le ramadan, nos chiffres d’affaires sont en baisse. Nous sommes presque à la fin du mois, les clients se font rares et nous devons payer le loyer de cette localité ».

A quelques encablures, même son de cloche, sur l’allée du chemin de fer, certains figent leurs regards sur la télé qui déroule des sketches humoristiques à travers les différentes chaines. Ibou, en pleine discussion avec son compagnon sur l’affaire de drogue de la police explique : « je préfère prendre mon «ndogou» ici. Avec les embouteillages, je ne serai pas chez moi avant la délivrance ».

Après ZAC Mbao (banlieue dakaroise), cap sur Bountou Pikine. Ici, le climat est différent. Les gens sont très actifs. L’ambiance est particulière. Ce quartier populaire, tout juste après la station, abrite du monde. Des vendeurs de jus, café touba et autres sachets d’eaux ne sont pas en reste. Sous une tente, des plateaux remplis de verres, des cafetiéres, du quinquéliba, des sachets de lait sont posés sur la table.

Vers 21h30, les quelques jeûneurs rencontrés sont débordés par leurs commandes du diner. D’autres se contentent même de nous rapprocher et de donner leurs avis. Pa Ndiaye, la quarantaine, nom d’emprunt, assis sur une chaise rouge, vêtue d’un boubou vert menthe, un bonnet sur la tête explique : «Moi, je travaille dans ce quartier depuis des années en tant que gardien de cette banque, et j’y passe la nuit». Il ajoute : «c’est pour éviter que l’heure de coupure me trouve en cours de route, car j’habite très loin».

Interpellé sur le même sujet, le vendeur du «tangana» Mamadou explique : «il n’y a pas assez de clients. Mais, en tant que parents, nous ne pouvons pas rester les bras croisés».

Même son de cloche chez Mounass, cette vendeuse au teint clair, entrain de remuer la sauce sur le feu: « on est des mères de famille, nous ne pouvons pas rester sans rien faire, les temps sont très durs ».

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