Le plaisir de Tons était immense. Il ne pouvait contenir son émotion. Pour tout dire, il était retombé en enfance.
Ses yeux brillaient d’une joie incommensurable. Depuis le temps qu’il rêvait de babouches souples qui lui épargneraient la souffrance des cors et autre œil de perdrix, Tons attendait de tomber sur une occasion pour soulager ses pauvres pieds qui ne supportaient que difficilement sa masse corporelle.
Voici que son neuve, étudiant au pays chérifien lui offre une paire de babouches en cuir de chevreau. Il admira la paire de babouches estampillées « original made in Marocco ». Il les posa devant lui. Elles étaient d’une blancheur aveuglante avec une discrète griffe sur les cotés.
Tons les plia pour en mesurer la souplesse, les mit dans sa poche avant de les ressortir. Il demanda à Tata de lui apporter une bassine d’eau tiède, de lui astiquer les pieds. Le ramadan n’interdit pas de saint plaisir. Tons, sous la légère pression des doigts de Tata, avait les orteils en éventail et les yeux mi clos. Il savourait l’instant. Quand il chaussa les babouches, là c’était autre chose ! Il se sentait marcher sur du velours. Il se dressa devant le miroir scruta ses pieds qu’il trouva des plus magnifiques. Il pourrait même les exposer devant n’importe quelle vitrine.
Hier, il y avait une conférence religieuse à la ma mosquée « gnéty Mbar ». Tons trouva là, occasion d’étrenner ses babouches. La conférence se déroulait en semi nocturne qui se prolongea jusqu’au Nafila. Quand l’imam prononça l’asalam’aleykoum s’en suivit une coupure d’électricité qui sonna la ruée vers les chaussures. Une mêlée ouverte comme chez les All Blacks. Tons fut entrainé par la marée humaine. Quand revint la lumière ne restait qu’une paire de savates rafistolées.Tons de se saisir du micro de l’imam : satiéééé satiéééé samay barbuche samay douchdar
