En ce mois béni de Ramadan, les «Baye-fall» (disciples de Cheikh Ibra Fall) ne sont pas épargnés par l’observation du quatrième pilier de l’Islam. Il est bien vivant chez eux, à travers notamment leur sens du partage. Les «baye-fall se donnent corps et âme, distribuant des mets (du pain, café Touba, dattes) aux passants à l’heure du «ndogou» (heure de la rupture du jeûne) pendant cette période.
Il est exactement 22 heures, à la cité des impôts et domaines, plus précisément au Dahra de Cheikh Modou Guèye, (disciple de Cheikh Ahmadou Bamba). C’est dans ce cadre que nous avons rencontré Bassirou Senghor, avec d’autres disciples de Cheikh Ibra Fall entrain de faire du café «Touba » et préparaient le dîner de la nuit bénite du « leylaoul khadr ». Agé d’une vingtaine d’années, cet homme aux grands yeux, en jean et en boubou gris blanc, s’adonnant à des « zikr »(chants mourides), nous en dit plus sur le sujet du jour.
« J’avoue que je ne jeûne pas. Travailler pour Cheikh Ibra Fall, c’est ce qui m’importe. Et de poursuivre : « je ne pense même pas à jeûner tellement que nous fonctionnons à longueur de la journée. Nous passons tout notre temps à « madial » (demander de l’aumône). Au retour, c’est avec cet argent que nous préparons le café que nous distribuons à tous les passants. On leur sert du pain, du café et des dattes. Nous nous levons tous les jours, le matin de très bonne heure, et nous nous arrêtons à 19h, à l’heure de l’appel du muezzin», a-t-il indiqué.
Aux environs de 14h, Diagne, talibé de Cheikh Ibra Fall, responsable de Touba patte d’oie, du coté de « ceely», est entrain de faire des allers et retours incessants sous une forte chaleur, entouré de plus d’une dizaine de seaux et de charbon de bois.
Interpellé sur le sujet du jour, un bonnet sur la tête, un chapelet autour du cou, une marmite de 2kgs, un « keul » (calebasse où on dépose les pièces récoltées), il concède à nous expliquer. «Nous le faisons pendant tout le ramadan, car c’est un mois de bienfaisance, de partage, de pardon »….. .
Et il ajoute : « je jeûne de temps en temps. On ne fait que demander de l’aumône aux gens qui passent. Et cet argent va servir de «ndogou» pour tout le monde. On commence chaque jour, à 14heures, et quand tout le monde sera servi (heure de la coupure) on arrête.
Autre lieu, autre réalité. A grand-Dakar, (banlieue dakaroise) la fumée du charbon de bois dégage, des passagers versent de l’argent au «Café gui khéweul», dont le principal dirigeant est Moustapha Diagne. Vêtu d’un pantalon jean et d’un t-shirt, en compagnie de ses confrères mourides, ils s’y mettent.
«Depuis deux années, nous préparons du café pour tout le monde», explique-t-i, relevant au passage qu’il n’y a «aucun geste de la part des autorités. Nous avons pris l’initiative de le faire. Car, l’année dernière, on a vu une dame en compagnie de son bébé dans un état piteux. Personne d’entre nous, n’est au chômage. Et chaque vendredi, nous préparons le diner pour les gens».