XALIMANEWS- L’entrée dans le Gouvernement des responsables du parti Rewmi et d’Oumar Sarr, du Parti des libéraux et démocrates/« And Suxali » (Pld/As) semble consacrer les retrouvailles de la famille libérale. Pour certains acteurs politiques, il s’agit là d’un « grand pas » dans ce sens.
La nomination du président du parti Rewmi, Idrissa Seck, comme nouveau Président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et l’entrée dans le Gouvernement de ministres issus de sa formation politique, ainsi que celle d’Oumar Sarr, du Parti des libéraux et démocrates/« And Suxali » (Pld/As), ouvrent de belles perspectives pour les retrouvailles de la grande famille libérale. Sur les 33 ministres et quatre secrétaires d’État que compte le nouvel attelage gouvernemental, deux sont issus des rangs du parti Rewmi et un du Pld/As.
Auparavant, le leader du Bloc des centristes Gaïndé (Bcg), Jean Paul Dias, récemment nommé envoyé spécial du Chef de l’État en charge des institutions sociales, a été le libéral le plus en vue à rejoindre le Président Macky Sall dans le cadre de la coalition « Macky 2012 ». Il avait, cette année-là, battu campagne avec les promoteurs de l’Alliance pour la République (Apr) pour in fine porter le candidat Macky Sall au pouvoir, avec l’apport des voix de l’opposition d’alors, au second tour du scrutin du 25 mars 2012.
Parmi les nouveaux alliés de la grande majorité présidentielle Benno Bokk Yaakaar (Bby), l’on peut citer des barons du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’instar des anciens ministres libéraux, Ousmane Ngom et Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada, Farba Senghor, Pape Samba Mboup, Abdoulaye Baldé, etc. Contre toute attente, l’ancien Premier Idrissa Seck a rejoint la mouvance présidentielle, faisant de lui la 3e personnalité de l’État.
Mamadou Bamba Ndiaye, vice-président et porte-parole du Pld-And Suxali, indique qu’un « grand pas » vient d’être franchi avec ces retrouvailles. Il s’agit, de son point de vue, de « deux compositions essentielles du Parti démocratique sénégalais (Pds) » qui ont rejoint le Chef de l’État. Se voulant prudent, il dit constater que ces retrouvailles tant rêvées ont été réalisées au moins au deux tiers.
« Il s’agit du même parti, de la même trajectoire, des mêmes convictions et de la même génération », souligne-t-il. Au-delà d’être des libéraux, M. Ndiaye pense que « cette génération charnière doit réinvestir l’expérience acquise au service de notre pays ». Le porte-parole d’And Suxali ajoute qu’il faut agir dans ce sens et préparer les jeunes générations « avant qu’il ne soit tard ».
Le président du groupe parlementaire Bby, Aymérou Gningue, avance, de son côté, qu’il s’agit d’ « un signe précurseur » des retrouvailles de la famille libérale. À l’en croire, le Président de la République a le « génie » de maintenir sa coalition de base, à savoir Benno Bokk Yaakaar, rappelant que le Président Idrissa Seck était membre de cette coalition au début de la seconde alternance.
Redistribution des cartes
Dans un communiqué publié hier, la Cellule des cadres du parti Rewmi (Cecar) a réitéré son soutien « total » et sans « faille » à leur leader, Idrissa Seck, dans l’exercice de ses nouvelles fonctions. Par ailleurs, elle a appelé les « militants et sympathisants du parti à continuer à faire confiance au président Idrissa Seck et à se mobiliser pour un Sénégal de paix, uni et fort ».
Lors de l’inauguration de la grande mosquée Massalikoul Jinaane, le 27 septembre 2019, à Dakar, les Présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade s’y étaient retrouvés. Quelques jours après leur tête-à-tête, le 12 octobre 2019, le Chef de l’État avait reçu son prédécesseur, Abdoulaye Wade, au Palais de la République avec tous les honneurs. Magnifiant ce geste, Doudou Wade avait lancé, dans un entretien au Soleil, que « le Président Abdoulaye Wade a fait ce qu’il devait faire ». Sur les retrouvailles de la grande famille libérale, il a répondu : « Nous commençons à revenir dans la normalité ».
« Consensus et élargissement »
Mamadou Bamba Ndiaye d’And Suxali est d’avis que ces retrouvailles ne surprendront simplement que ceux qui croient que la politique doit être « une affaire d’égo et de conflits d’égo ». « Le champ politique est un champ conflictuel comme tous les autres. Un champ conflictuel alterne les périodes d’affrontement et de coopération », dit-il, indiquant que notre pays traverse actuellement la période d’entente.
L’entrée des ministres du Parti Rewmi et d’And Suxali dans ce Gouvernement relève, selon Dr Hamidou Dème, politologue et enseignant-chercheur à l’Ucad, de « tactique politique pour mieux contrôler des adversaires politiques ». Aujourd’hui, dit-il, on peut dire que Rewmi et le Pds (Oumar Sarr) sont « neutralisés ». Pour lui, il y aura une redistribution des cartes ». Contrairement à cette perception, le député Aymérou Gningue souligne que le Président de la République, Macky Sall, est en train d’élargir sa base, car étant, témoigne-t-il, « un homme de consensus et d’élargissement ». « Il n’est pas sectaire. C’est un de ses marqueurs », ajoute-t-il. Les retrouvailles de la famille libérale constituent, à ses yeux, un processus. « Si on parle de l’élargissement de la famille libérale, c’est comme si on se séparait des autres (les socialistes). Alors que la vision du Chef de l’État va au-delà. Le Président de la République est un libéral humaniste », estime Aymérou Gningue.
Le Soleil