A l’occasion de sa visite en Namibie, le nouveau chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi a notamment confirmé sa promesse de libérer tous les prisonniers politiques et de réformer l’Agence nationale des renseignements (ANR).
Félix Tshisekedi avait été interpellé ces derniers jours sur l’importance de mettre en oeuvre cette mesure. Depuis Windhoek, le nouveau chef de l’Etat congolais se veut rassurant. Ces libérations auront bien lieu et dans les prochains jours, quitte à devoir user de la grâce présidentielle, dit-il.
« Dans les jours qui viennent, je peux vous dire que tous les prisonniers politiques seront libérés, selon évidemment leurs cas, parce qu’il y en a qui peuvent bénéficier de la grâce présidentielle immédiatement. Et d’autres, rien qu’avec leurs procédures, elles peuvent être levées et leur obtenir la libération. En tout cas, ce qui est certain, c’est que tous les prisonniers qui sont retenus pour des raisons politiques dans les prisons du pays seront libérés dans les jours prochains », a assuré le nouveau président congolais.
Un sujet sensible
Félix Tshisekedi le sait, la libération des prisonniers politiques est un sujet sur lequel il est attendu. Ce n’est pas un hasard si dès son investiture il y a plus d’un mois, il a promis de s’y atteler. Mais à l’époque, il reste assez prudent. Il ne s’avance pas sur les délais et évoque avant toute libération un préalable « recensement » de ces prisonniers politiques confié au ministre de la Justice.
Ce lundi en Namibie, le nouveau président congolais est donc allé un peu plus loin, en évoquant un possible recours à la grâce présidentielle, qui lui permet selon la Constitution de décider tout seul de ces libérations. Des propos accueillis avec satisfaction mais impatience du côté de l’Asadho, l’association africaine pour la défense des droits humains. « Multiplier les déclarations c’est bien, mais il serait mieux de passer aux actes », réagit son président Me Katende. Surtout que la grâce relève du seul président, insiste-t-il.
Voilà qui illustre bien la situation délicate de Félix Tshisekedi, estime un observateur pour qui le nouveau président, contraint de cohabiter, est « toujours sur le fil du rasoir », mais tente au fil des semaines « d’élargir sa mage de manoeuvre » et de « tester » les limites de son champ d’action, alors que les discussions, délicates elles aussi pour la formation du futur gouvernement, n’ont pas encore abouti.
Réforme de l’ANR
Deuxième annonce et promesse renouvelée à Windhoek : Félix Tshisekedi s’engage à donner un visage humain à la très redoutée ANR, qui dépend directement de la présidence de la République.
« L’Agence nationale du renseignement, qui était la police politique depuis toutes ces années, depuis notre indépendance, la police politique du pouvoir, va être requinquée, a-t-il ajouté. On va lui redonner un autre visage, plus humain. Et j’ai d’ores et déjà donné l’instruction pour que tous les cachots de ces services soient fermés, et qu’on ne puisse plus retenir des individus dans ces endroits uniquement à cause de leurs opinions politiques. Cela n’arrivera plus. »
Félix Tshisekedi promet donc la fin des mauvaises pratiques. Pour autant, ce mercredi 27 février au matin, à Goma et Kinshasa, au moins une cinquantaine d’activistes ont à nouveau été interpellés alors qu’ils manifestaient. A Goma, au Nord-Kivu, c’était pour protester contre l’insécurité. A Kinshasa, la capitale, c’était pour sensibiliser sur la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les crimes de sang et les crimes économiques commis sous l’ère Kabila. A noter que sur l’ensemble des services de sécurité, seul le chef de la direction générale des migrations a été remplacé.
Rfi