Après le feu vert reçu du Conseil consultatif, composé des Gouverneurs de banques centrales africaines et des Ministres en charge de l’Economie et des Finances dans les 53 pays africains membres de la Banque africaine pour le développement (Bad), les Chefs d’Etat de l’Union africaine, entrent dans la danse pour dans une résolution, appeler à la mobilisation de ressources supplémentaires pour le Groupe de la Banque africaine de développement qui cherche 70 milliards de francs Cfa.
A travers une décision prise dans le cadre du renforcement du dispositif de relance de l’économie africaine, les Chefs d’Etat et de Gouvernement, à l’issue de leur 14ème Assemblée ordinaire de l’Union africaine, ont lancé un fervent appel en faveur de la 6éme augmentation générale du capital de la Banque et de la 12ème reconstitution des ressources concessionnelles du Fonds africain de développement(FAD) . Les Chefs d’Etat ont noté que la crise financière a affectivement augmenté la demande des pays africains auprès de la Banque, et ont sollicité la mise en vigueur rapide des recommandations des différents Sommets du G20, notamment celui de Pittsburgh, appelant à une augmentation des ressources des Banques multilatérales de développement, dont la Bad.
Ainsi, la Bad chercherait 70 milliards de francs Cfa. En parvenant à les mobiliser, les fonds propres de la Bad passeront de 35 milliards en 2008 à 105 milliards de francs de Cfa. Une augmentation du capital (recapitalisation) de 200%.
Trois (3) ratios (le rapport entre deux grandeurs caractéristiques) expliquent ce besoin d’augmentation de capital : Le ratio des fonds propres (qui détermine sa capacité d’autofinancement, donc la capacité de la Bad à prêter de l’argent aux Etats membres) , le ratio dette/capital utilisable (qui renseigne sur le poids de ses dettes et de ses fonds propres dans ses investissements, donc son niveau d’endettement) et le plafond des prêts qui risquent d’atteindre, au rythme où la BAD est sollicitée, la limite (objective) des 100% en 2012, si les caisses de la banque ne sont pas renflouées.
Pour ce qui est de ses fonds propres, la BAD n’en a utilisé que 55% en 2009. Si elle déroule sa stratégie à moyen terme (Smt) comme elle compte le faire, l’utilisation de ses fonds propres va passer de 69% en 2010 à 85% en 2011 pour atteindre la barre des 100% en 2012, avec un point culminant de 117% en 2013. Ce qu’elle n’a pas dans ses caisses. En ce qui concerne le ratio Dette/ Capital utilisable, il est déjà à 78% en 2009. Selon une projection faite par la Bad sur un scénario de crise prolongée, ce ratio va passer à 95% en 2010 pour dépasser la barre des 100% et pointer à 112% en 2011 avec un point culminant de 156% en 2013.
Même scénario pour le plafond des prêts. Au 31 décembre 2009, la Bad a prêté 51% de ses ressources. Si elle doit continuer à catalyser les demandes de financement des Etats membres pour faire face à la crise de croissance et à la crise de développement , la Bad va prêter, 76% de ses ressources en 2010, 94% en 2011 et dépasser la barre des 100% pour se retrouver à 111% en 2012 et 127% en 2013.
En d’autres termes, la conclusion qu’on peut tirer de cette analyse financière des états financiers de la BAD au 31 décembre 2008 est que si elle ne procède pas à une augmentation de son capital, en 2012 elle va prêter et financer ces opérations sur fonds propres, puiser dans ses réserves sans pour autant couvrir toutes les opérations qu’elle doit faire. Elle risque donc de s’endetter très lourdement pour faire face à ses opérations ; et à terme, une faillite pure et simple et un dépôt de bilan de la Bad.