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Reconnu coupable du meurtre de Bassirou Faye: Sidi Mohamed Boughaleb condamné 20 ans de travaux forcés

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Au bout d’un procès marathon de plus de 15 heures, la Chambre criminelle d’assises du tribunal de Dakar a condamné, hier, Sidi Mohamed Boughaleb à 20 ans de travaux forcés. Le jeune policier est reconnu coupable du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye. Il devra allouer, en outre, à la famille de ce dernier 50 millions de francs Cfa.
La Chambre criminelle du tribunal de Dakar a jugé, hier, le policier Sidi Mohamed Boughaleb, accusé du meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, le 15 août 2014. C’était au cours d’une manifestation à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), qui a dégénéré en un violent affrontement avec les forces de l’ordre. Bassirou Faye avait été alors atteint par balle. Et dans un premier temps, l’enquête avait mis en cause le policier Tombong Oualy, avant qu’il ne soit innocenté et Boughaleb mis en détention. Cependant, lors de ce procès, hier, l’accusé a pu compter sur le témoignage à décharge de Doudou Faye, témoin oculaire des faits. «La personne que j’ai vue ce jour-là, n’était pas Boughaleb. Il n’avait pas de bouclier, ni de casque et était de teint clair», a dit Faye à la barre. Mais comme lui, beaucoup de témoins ont défilé à la barre, sans pouvoir réellement éclairer la lanterne des juges. L’accusé a en tout cas nié vigoureusement les faits. «Je ne suis pas l’auteur des faits et les déclarations de Seth Diagne ne sont pas fondées, car il n’a aucune preuve», s’est défendu Boughaleb, pour démonter le base de l’accusation, à savoir le fait que Seth Diagne, le voisin de chambre de la victime, l’a décrit comme étant l’auteur du coup de feu mortel. Aussi, estil revenu largement sur son emploi du temps pour tenter de se disculper. Le policier a ainsi dit qu’il ne pouvait pas être l’auteur du crime. Puisqu’il avait été blessé dans les affrontements et se trouvait à l’infirmerie de l’Ecole de police, puis à celle du Camp Abdou Diassé vers 13 heures, avant de rentrer chez lui après avoir informé ses supérieurs. Pour ce qui est de son arme de service, Boughaleb a déclaré avoir reçu au Camp Abdou Diassé un pistolet automatique i0150 max 50 à 20 heures 30. Quant aux munitions, il a dit que c’est Jean Paul Napocan qui les a livrés. Sauf que ce dernier a affirmé avoir remis sur bon le pistolet automatique, mais jamais il ne lui a remis des munitions. L’accusé a affirmé avoir rendu l’arme et les 5 minutions qu’il avait reçues. En ce qui concerne le témoin principal, Seth Diagne, il a enfoncé Boughaleb. «J’ai vu le meurtrier sortir son arme, s’adosser au poteau avant de tirer. J’ai accouru jusqu’au service médical pour les aviser et en ce moment Bassirou n’était pas mort. C’est entre 15 heures et 15 heures 30 minutes», a-t-il raconté, en précisant que le meurtrier était de teint clair, de forte corpulence, 1m80 ou 90 et portait un casque qu’il avait relevé et qu’il était accompagné par cinq autres éléments. Et il a accusé formellement Boughaleb. Pourtant, dans le relevé, il est indiqué que l’arme qui a tiré sur Bassirou Faye n’est pas celle que détenait Boughaleb. Les avocats de la partie civile, Mes Adama Fall et Assane Dioma Ndiaye, parlent de falsification de registres et pointe du doigt l’Etat comme étant le principal responsable. Selon eux, après qu’on a présenté Tombong Waly comme l’agneau d’un sacrifice, est qu’il a réussi a prouvé son innocence, voilà qu’on veut faire de Sidi Mohamed Boughaleb le coupable désigné. Aussi, pour Me Fall, il n’y a
même pas dans le dossier les éléments nécessaires pour l’inculper. Ils dénoncent le fait qu’on a falsifié le registre de rotation de la police pour masquer les coupables et qu’on ait refusé de leur donner le rapport de la balistique. Pour l’Avocat général, Alé Ciré Ndiaye, Sidi Mohamed Boughaleb est coupable de meurtre, donc d’homicide volontaire sur la personne de Bassirou Faye. Selon lui, on ne peut pas dire que lors de l’enquête qu’il y a eu des artifices pour masquer la vérité. «Ce qui nous importe c’est la recherche de la vérité et dans quelque bord où la vérité se cache», a-t-il dit, estimant qu’à la lumière des débats, il ne fait pas de doute que Boughaleb avait pris position au campus social et que Bassirou Faye est décédé suite à une hémorragie interne et externe au crâne provoqué par une arme à feu. Pour lui, Boughaleb est bien l’auteur de ce meurtre, comme l’atteste le témoignage constant de Seth Diagne qui se trouvait avec la victime au pavillon D. Formel sur le fait que c’est bien Sidi Mohamed Boughaleb qui a tué Bassirou Faye, l’Avocat général a demandé à ce qu’il lui soit accordé cependant des circonstances atténuantes et que le tribunal le condamne à une peine de 5 ans de travaux forcés. Estimant qu’on veut faire de Boughaleb l’agneau du sacrifice, ses avocats ont demandé son acquittement purement et simplement. Car aucune preuve n’a été apportée pour le tenir dans les liens de la prévention. Ainsi, Me Issa Bocar Thiam at-il rappelé que le Procureur, lors de son enquête, avait dit dans son réquisitoire pourquoi Boughaleb ne peut pas être poursuivi, en soutenant que le véritable meurtrier serait Tombon Oualy. Selon la défense, aucun preuve scientifique n’a été rapportée pour prouver la culpabilité de Boughaleb. «Le verdict de ce dossier en est qu’on n’a pas trouvé le meurtrier de Bassirou Faye. Si Boughaleb prend la perpétuité, ça sera un scandale. Sa famille fait confiance à la justice, car leur nom est associé aux faits de meurtre. Jamais son souhait n’ a été d’aller à la police pour tuer. Ce sera très mal que Boughaleb paye le prix pour un crime qu’il n’a pas commis», a clamé Me Thiam. Pour l’Agent judiciaire de l’Etat (Age), Bassirou Faye est mort de façon dramatique et l’Etat du Sénégal intervient en tant que responsable pour réparer la partie administrative et engager sa responsabilité en initiant les intérêts civils. Bassirou Faye a été tué par Boughaleb qui est un agent de l’Etat, a-t-il convenu, non sans dire que, dans cette affaire, il faut que la lumière jaillisse. Car il y a des zones d’ombre et il faut des éléments de preuves pour asseoir la culpabilité. D’après l’Age, «la position du parquet dans cette affaire renvoie au : ‘mieux vaut relaxer un coupable que de condamner un innocent’. L’Etat du Sénégal ne refuse pas d’indemniser, mais il faut des bases légales pour payer les intérêts de la partie civile». Aussi, concédant que, «la culpabilité de Boughaleb pose problème», l’agent judiciaire de l’Etat de prononcer des doutes. Finalement, pour ce procès qui a début à 9 heures 18 minutes pour se terminer vers 1 heure du matin, le tribunal en rendant son délibéré, a déclare Sidi Mohamed Boughaleb coupable du meurtre de Bassirou Baye. Ne lui accordant pas de circonstances atténuantes, il l’a condamné à 20 ans de travaux forcés et a déclaré irrecevable la constitution de l’université de Dakar. Boughaleb devra aussi allouer la somme de 50 millions de francs Cfa à la famille de Bassirou Faye. Quant à l’Etat du Sénégal, il a été déclaré civilement responsable des faits.

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