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Recrudescence de la violence armée en Casamance : Quand le bois nourrit le grand conflit trentenaire

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L’exécution, samedi dernier 6 janvier, de 13 jeunes dans la forêt de Bayotte (7 km au Sud de Ziguinchor) par une quinzaine d’hommes en arme, avec en cause une opération de coupe de bois, remet du sable dans la machine du processus de paix en Casamance. Même si le mystère persiste toujours sur l’identité de leurs bourreaux, il reste clair que le nœud gordien de ce massacre reste la lancinante question de l’exploitation du bois vert. Dans la région de Sédhiou, tout comme dans toutes les collectivités locales sur la bande frontalière avec la Gambie, le mal est profond. Les complicités ont fini d’infecter élus, chefs de villages, agents forestiers (…) sous l’emprise des multinationales basées en Gambie. Retour sur un trafic qui alimente le grand conflit indépendantiste en Casamance.

L’exploitation du bois est devenue une source potentielle de conflit en Casamance, ces dix dernières années. Sur toute la façade nord, frontalière à la Gambie, la transaction est manifeste et sans répit, sous l’emprise des devises étrangères charriées par des multinationales, notamment des entreprises chinoises et indiennes basées dans ce pays voisin. Cette coupe abusive et inconsciente du couvert végétal est accentuée par la complicité des populations locales, rétribuées en retour par des motos cylindrées ou quelques sacs de riz.

Les zones de Tankon, Kabada, Dator, Fogny et Médina Yéro Foula sont les foyers névralgiques de ce trafic à grande échelle. L’une des grandes saisies de bois remonte à deux mois environs dans le secteur de Tankon et porte sur 82 billons de veine, 44 charrettes, deux chevaux et neuf ânes. Cinq (5) délinquants avaient également été écroués lors de cette opération des Eaux et forêts qui a conjointement mobilisé des éléments de l’Armée sénégalaise.

COMPLICITES ET KIDNAPPING SUR LE LIT DE L’INSECURITE

Le mal est plus profond que cela, avec notamment la complicité de certains agents forestiers, des chefs de villages et des maires de commune. Il y a quelques mois, en effet, un responsable technique des Eaux et forêts de Bounkiling a été relevé suite à son implication présumée dans un réseau de trafic de bois. D’autre part, l’insécurité ambiante fait aussi le lit de ce vol de bois. Et, des éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) s’étaient érigés en bouclier, dans le Nord Sindian et dans le Fogny, contre les coupes de bois en 2014.

Le 8 juillet 2015, des hommes en arme ont kidnappé des coupeurs de bois dans les forêts de Sansamba, entre Kolling et Niaguène, exigeant une rançon de 10 millions de F CFA à la scierie de Jangoo, implantée dans le département de Bignona, pour lequel ils travaillent. A la suite des accrochages, les gendarmes de la brigade territoriale de Sédhiou et les éléments supposés membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance, favorables à Salif Sadio, cinq (5) personnes prises en otage sont libérées par les hommes de l’adjudant-chef Moussa Ndiaye, commandant d’alors de la brigade de gendarmerie de Sédhiou.

Le gérant de cette scierie, Pape Cissé, est tenu informé de cette nouvelle. Et, pendant ce temps, un détachement du 26e Bataillon de reconnaissance et d’appui (BRA) de Madina Wandifa opérait sur le terrain, entre Koling et Niaguène, pour y ramener l’ordre et le calme.

AFFAIRE DES TROIS FORESTIERS PRIS EN OTAGE PAR DES GAMBIENS

Des exploitants gambiens ont enlevé, le 29 août, trois (3) agents des services des Eaux et forêts en poste dans les collectivités du Nord de la région de Sédhiou. La présence «gênante» des bérets verts près de leurs dépôts de bois était à l’origine de leur acte. Selon le témoignage d’un rescapé, les coupeurs de bois, en armes blanches, opéraient bien en territoire sénégalais, d’où leur courroux à voir les hommes en uniforme. L’extrême nord de la région de Sédhiou, intéressant les terroirs du Kabada et du Dator, est sujet à une exploitation abusive du couvert végétal.

Les trois (3) agents des Eaux et forêts dont deux (2) en service à Ndiamacouta et un à Bogal étaient partis, ce jour-là en zone de frontière pour une intervention suite à des renseignements faisant état de la présence d’exploitants de bois dans la zone de Dator et de Saré Alpha Mamady dans le Kabada. Une fois sur les lieux, les bérets verts sont interpellés par les exploitants venus du village de Saré Mamoudou, en Gambie. Au moyen des armes blanches dont ils étaient en possession, ils ont contraint les forestiers à les suivre jusque dans leur village d’origine, aidés en cela, dit-on, par les populations locales appelées à s’opposer à la présence des agents des Eaux et forêts.

Antérieurement, des élus et des chefs de villages, dont il n’est plus opportun de rappeler le nom, avaient été embastillés pour des délits de coupes illicites de bois de Ven. C’est dire, en définitive, que le bois est présentement au centre d’un conflit armé qui nourrir, hélas, le grand conflit indépendantiste à l’origine de la déstructuration de la région sud du pays depuis plus de trois décennies.

Sud Quotidien

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