Les ordures sont un trésor méconnu de la grande majorité des populations et leur bon usage peut beaucoup aider. A Bambey sérère, des pneus et des cannettes de boisson ont permis de construire des salles de classe et cela, au grand bénéfice des enseignants et de la collectivité locale qui a pu faire d’importantes économies avec ce procédé. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.» Cette phrase célèbre prononcée en 1777 par le chimiste français Antoine-Laurent Lavoisier vaut son pesant d’or à Bambey sérère, un village distant de 5 kilomètres de la commune de Bambey. Dans cette localité, les membres de l’association Génération pour l’Afrique (Genaf) sise à Malakoff, une commune française du département des Hauts-de-Seine de la région Île-de-France, dans l’arrondissement d’Antony, ont aidé à résoudre le déficit de salles de classe. Ils ont ainsi pu construire des salles de classe avec des matériaux de récupération composés uniquement de pneus hors d’usage et de cannettes de boisson déjà utilisées.
Mathieu Parent, chef du projet à Genaf explique le procédé : «On a utilisé 1125 pneus, une tonne de ciment et une toiture. Il a consisté à remplir les pneus avec du sable et de les tasser à la masse. Ce qui a permis de réaliser d’importantes économies de ciment et de béton.» Ces salles de classe d’un type très particulier outre le fait qu’elles sont réalisées à un coût très dérisoire en comparaison aux autres classes (une salle de classe a coûté 2 millions au Conseil rural, là où les autres construites par l’Etat coûtent 7 millions l’unité), sont très avantageuses sur le plan climatique. «La température à l’intérieur des salles de classe est de 20° parce qu’elles sont dotées d’un système d’aération qui permet de les ventiler de façon naturelle grâce aux tuyaux d’aération appelés pies canadiens», ajoute notre interlocuteur.
Ces nouvelles salles de classe qui seront fonctionnelles au mois d’octobre prochain seront d’un impact très positif pour le Collège d’enseignement moyen de Bambéye Sérère. Le principal Abdoulaye Ndiaye, explique : «L’établissement comptait 14 classes physiques pour 21 classes pédagogiques pour un effectif de 1 500 élèves pour cette année. Ce qui constituait une contrainte majeure dans les apprentissages. Avec ces 4 salles de classe supplémentaires, la capacité d’accueil va accroître.»
Cet établissement, comme tous ceux qui sont situés dans le monde rural, rencontre d’énormes difficultés. Ces dernières ont pour noms, effectifs pléthoriques, mariages précoces, pauvreté des familles, fort taux de déperdition scolaire et grossesses non-désirées dont la conséquence est l’abandon des études. Une situation dont souffre le principal Abdoulaye Ndiaye qui peine à trouver une solution au maintien des jeunes filles. D’où l’appel pressant qu’il a lancé, hier mercredi, aux structures qui œuvrent dans ce sens pour «l’octroi de bourses aux filles».
Louant le partenariat fécond de sa collectivité locale avec celle de Malakoff, Baboucar Ndiaye le président du Conseil rural de Ngogom dont fait partie le village de Bambey Sérère se fixe de nouveaux défis avec ses amis. Car la Coopération française a beaucoup appuyé la communauté rurale de Ngogom, avec «le développement transformationnel qui consiste à faire en sorte que les populations restent sur place pour développer leur terroir. C’est ainsi que 5 périmètres maraîchers ont été déjà réalisés avec l’appui de l’Ong Vision mondiale. Ce qui permettra de fixer les jeunes et de lutter durablement contre l’exode rural qui est un frein au développement économique et social de notre collectivité locale», poursuit-il.
A noter que le dynamisme du partenariat avec Malakoff a permis à la communauté rurale de Ngogom de vaincre la lancinante équation de l’approvisionnement en eau à laquelle, les populations étaient confrontées. Le poste de santé, de même que les cases de santé et les écoles ont tous pu avoir accès à l’Internet. Pour rappel, Ngogom est une communauté rurale du département de Bambey sise dans l’arrondissement de Lambaye.
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