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Rédaction d’un appel des Assises nationales des états-Unis : Un «ordre» du Général Seck sème la polémique

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Une grande polémique s’est instaurée entre les représentants des Assises nationales aux Etats-Unis, suite à «un ordre oral», par la suite confirmé par écrit par le Général à la retraite Mamadou Mansour Seck, membre du Bureau national des Assises nationales. La polémique qui s’est faite à travers des échanges de plusieurs mails confirmés par plusieurs sources aux Usa, et dont nous avons des copies, font suite à la demande du Général Seck invitant les responsables et autres membres des Assises nationales des Etats-Unis à se joindre à l’appel des autres diasporas ou de faire leur propre appel. Or, certains se sont indignés de cet «ordre», d’autant plus qu’ils considèrent que cette question a été réglée lors d’une Assemblée générale, tenue le 17 octobre 2010.

Le 7 octobre 2010, à partir de Paris et Toronto, les comités de suivi du Canada et de la France avaient lancé un appel pour l’application par les différentes parties prenantes de la Charte de bonne gouvernance issue des Assises nationales (An) du Sénégal. Parmi cela, figure le respect d’une transition politique de trois ans. Seulement, aux Etats-Unis, la proposition de se joindre à l’appel de la diaspora canadienne et française ou de rédiger un autre appel n’a pas fait l’unanimité – comme en témoignent des échanges de mails – entre différents responsables et membres du comité de suivi des Assises nationales, tel que voulu par le Général Mamadou Mansour Seck, vice-président des An chargé de la diaspora. Il a été reproché à ce dernier d’avoir donné «un ordre oral» à Denis Ndour, président du Cdp des Assises nationales à New-York. Par exemple, le 24 octobre 2010, Amadou Ndiaye, représentant du Parti socialiste (Ps) aux Etats-Unis, a adressé une correspondance électronique à Denis Ndour pour s’indigner de la note d’information du Général Seck invitant les Cdp des Usa à «se joindre à l’appel des autres diasporas ou à faire leur propre appel». Or, dans son mail, M. Ndiaye se demande pourquoi le Général Seck a fait une telle invitation, alors que «cette affaire a été débattue en Ag et cela n’a pas été retenu». Et de poser des questions : «Le premier Appel qui nous est venu de France et qui a été signé finalement reçu par le Canada aussi, portait-il anonymement la marque du Général Seck qui tient à ce que nous aux Usa, signions le même Appel ou fassions notre Appel ? Est-ce qu’il appartient au Général Seck de nous imposer ce que nous avons rejeté à l’Ag ?  Si le Général Seck veut un tel Appel des Cdp/diaspora, pourquoi il ne le fait pas par écrit en donnant ampliations à toutes les parties prenantes à Dakar, représentées aux Assises nationales ? Pourquoi ne pas nous envoyer des écrits signés du Général Seck, écrits que nous pourrons transmettre aux différents partis politiques que nous représentons, qui auront ainsi des preuves de l’invitation qui demande aux Cdp/diaspora  de se mêler de politique ?» Après avoir constaté, écrit-il, une volonté de «politiser» les Cdp de la diaspora, le représentant du Ps a signifié, au nom de son parti, s’opposer à toute Déclaration ou Appel, avant de réclamer «une feuille de route», pour éviter des «ordres invérifiables, donnés au gré d’un agenda inavouable».

SUSPICIONS DE POLITISATION
Cette même indignation sera exprimée par Samba Prosper Mbaye de la Ligue démocratique (Ld), par un mail daté du 25 octobre 2010.  M. Mbaye se désole «de voir que (leurs) instances sont en train d’être polluées par la politique». Pour le représentant de la Ld aux Etats-Unis, «l’Ag du 17 octobre s’est prononcée, sans équivoque, sur cette déclaration» que certains, dit-il, veulent ramener «par la petite fenêtre». Tout en prônant un retour à la sérénité, il précise que «ce n’est pas Dakar qui doit (leur) dicter la ligne à suivre». Pour lui, la Déclaration de la diaspora de France et du Canada «sort du cadre des préoccupations des Assises nationales et rentre dans le cadre de la politisation du mouvement». Par contre, Samba Prosper Niang ne voit pas d’inconvénients à ce que certaines parties prenantes des Assises, en leurs noms, signent ou rédigent une nouvelle Déclaration.
Dr Ousmane Diallo, coordonnateur du Mrds aux Usa, s’adressant lui aussi à Denis Ndour, président des Cpd, se demande si ce dernier ne serait pas «atteint du virus de la politique», non sans lui signifier que «l’Ag a déjà statué sur cette Déclaration». M. Diallo conseille de s’en tenir à la mission consistant à «faire la vulgarisation de la Charte de bonne gouvernance et du contenu des Assises nationales», mais aussi «à sensibiliser les acteurs de la société et le peuple sur la nécessité de faire leur le travail des Assises». A Denis Ndour, il écrit : «Ne gâche pas ce capital de confiance. Maintenant, si au nom de votre mouvement citoyen (Denis Ndour serait militant du mouvement initié par Serigne Mansour Sy Djamil : Ndlr) ou de par votre convergence de vue avec certains partis politiques et hommes aux ambitions présidentielles, vous voudriez passer outre (…), je n’hésiterai point à m’opposer ouvertement à cette instrumentalisation de notre comité de suivi.»  Par la suite, dans une autre correspondance, Ousmane Diallo fera parvenir le message de son leader Imam Mbaye Niang qui exprime la position du Mrds : «La situation dans le pays est telle que c’est l’unité qui doit être de mise, l’unité de toutes les composantes des Assises nationales. La question de la candidature ne doit pas nous diviser. L’enjeu veut qu’on taise les ambitions personnelles pour ne regarder que l’intérêt de notre peuple. Il ne faudra rien faire ni dire qui puisse semer le trouble au sein de l’opposition. Nous avons besoin de nous unir pour sauver le Sénégal.» Par conséquent, écrit M. Diallo, «la section Mrds/Usa ne saurait signer aucune Déclaration qui ne découlerait pas d’un consensus avec toutes les parties prenantes. Au cas où vous vous décideriez à sortir une Déclaration, veuillez le faire au nom de vos structures individuelles».

«DÉBAT SORDIDE»
Papa Tall, rapporteur général du Cdp/Usa réagira pour dire sa promesse «de ne pas rentrer dans ce débat sordide de pseudo-intellectuels en mal d’inspiration». Pour lui, le «pauvre peuple sénégalais n’a que faire de (…) disputes d’état-major». M. Tall exprime ainsi son refus de s’associer «au superficiel» pour se «concentrer sur l’essentiel, à savoir comment amener la bonne gouvernance au Sénégal». Il «suggère aussi d’arrêter les attaques sur la personne de Denis dont le seul tort est de vouloir travailler pour les An et le peuple sénégalais». Cela, d’autant plus que Denis Ndour avait, dans un mail ; invité «tous ceux qui critiquent l’Appel» ou qui sont contre la rédaction d’un autre Appel «de faire des argumentations solides et objectives (…), au lieu de se limiter à dire non à la proposition du Bureau, sans mettre quelque chose de valable à la place». Pour M. Ndour, ainsi il sera possible de «faire la synthèse des différents arguments pour tirer ensemble une conclusion» qui sera rendue publique.
Fallou Guèye, représentant le Rta-S/Usa se démarque lui aussi de «ces discussions stériles», «ce bavardage partial», tout comme Denis Ndour. M. Guèye déclare ne pas se rappeler que «l’Ag ait systématisé une position quelconque sur le débat. Il y a eu des interventions pour et contre, mais on n’a pas fait le décompte pour adopter la position de la majorité». Pour lui, les interventions avaient porté seulement «sur les modalités et non sur le principe». Fallou Guèye précisera qu’«il ne s’agit pas de faire une Déclaration qui donne son soutien politique à Bennoo ou un parti de Bennoo, mais tout juste d’un Appel pour que ces politiques qui ont signé la Charte et qui sont pour la plupart les initiateurs, acteurs et signataires (…) fassent preuve de conséquence».
Cheikh Mbengue, représentent de l’Afp/Usa, trouve, lui, «qu’il est vraiment temps d’orienter ce débat vers une autre perspective». Même s’il reconnaît n’avoir pas assisté à l’Ag, le compte-rendu qui lui a été fait, indique que «la proposition de rédiger un Appel ou d’endosser l’Appel des Cdp de France et du Canada a été rejetée». Après avoir exprimé sa surprise quant à la position de Fallou Guèye, Cheikh Mbengue souligne que le «débat n’est pas sordide», car il est légitime que «les camarades puissent poser des questions à Denis». Concernant l’intervention du Général Mamadou Mansour Seck, M. Mbengue voudrait «qu’on l’aborde sous un angle positif, en considérant qu’il a juste donné un point de vue personnel, voire un conseil, à Denis. Pour cette raison, nous pouvons ne pas étudier sa recommandation, à partir du moment où il ne l’a pas faite en sa qualité de membre du Bureau des Assises. Si c’était le cas, je considère qu’il nous aurait envoyé un mail, pour l’attester par écrit». Pour le représentant de l’Afp, «la solution la plus sage serait de clore le débat sur la Déclaration». Il propose alors «que cette question ne soit même pas inscrite à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Bureau, pour qu’on se consacre aux questions importantes comme la préparation de la conférence du Dr Dialo Diop et la vulgarisation de la Charte».
A noter que les membres du Comité de suivi des Assises nationales/Usa ont été convoqués en réunion de coordination, dans la nuit d’hier. L’ordre du jour devrait porter sur l’évaluation de l’Assemblée générale, la synthèse et l’adoption de l’Appel des Cdp/Usa et la préparation de la conférence du Dr Dialo Diop du Rnd, et la vulgarisation de la Charte.

lequotidien.sn

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