XALIMANEWS-La réduction du taux de décès des nouveau-nés au Sénégal se poursuit, mais elle est qualifiée de « progression lente » par le Dr Amadou Doucouré, qui occupe le poste de directeur de la Santé de la mère et de l’enfant au ministère de la Santé et de l’action sociale.
Cette observation a été partagée lors du symposium de plaidoyer et de partage des résultats de recherche clinique en faveur des nourrissons prématurés et fragiles. Cet événement a été organisé par Likak Research en collaboration avec la Children’s Investment Fund Foundation (CIFF), la Bill and Melinda Gates Foundation et l’Université de Tampere.
«Au Sénégal, d’importants efforts ont été faits en termes de santé néonatale. Ce qui s’est traduit par une diminution de cette mortalité néonatale. Mais force est de constater que cette diminution est encore lente. Parce que c’est en dents de scie. En 2015, on était à 2 pour 1000 naissances vivantes. En 2017, on était presque à 28, mais aujourd’hui nous sommes à 21 pour 1000 naissances vivantes. Alors que nous avons un objectif d’atteinte au moins de 12 pour 1000 naissances vivantes en 2030», a confessé Dr Amadou Doucouré. Qu’est-ce qui explique cette lenteur ? «Elle est liée à plusieurs facteurs. Je pense que l’un des déterminants les plus importants, c’est la prévention. Quand on dit prévention, c’est par exemple les consultations prénatales de qualité. Il faut que les femmes enceintes fassent correctement ce qu’on appelle le taux de Cpm. Je l’ai dit, on a un taux de couverture qui avoisine les 64%. Mais il y a encore des gaps par rapport à ça», ajoute-t-il.
Invitant à diagnostiquer de «façon holistique» les obstacles par rapport à cette lenteur de la diminution de cette mortalité néonatale en ne se limitant pas à l’expression «c’est lié au système de santé», mais en faisant un diagnostic en prenant en compte la communauté. «Aujourd’hui, est-ce les femmes viennent très tôt dans les structures sanitaires pour faire leurs consultations prénatales ?», questionne le directeur de la Santé de la mère et de l’enfant.
Il faut savoir que le Msas a fait une étude comparée par rapport à la diminution de la mortalité néonatale au Sénégal et dans le monde sur la base de données chiffrées. Et les résultats montrent évidemment une forte disparité.
«Aujourd’hui, dans le monde, 25% des bébés naissent prématurément, très tôt ou très petits. Ce qui, à mon avis, est un scandale. Au Sénégal, nous sommes à 12% par rapport au 25% au niveau mondial. Mais nous voudrons que chaque enfant naisse avec un poids normal. Je pense que c’est un défi…», affirme Dr Doucouré. Mais à terme, si la femme donne naissance à des prématurés, le plus grand défi reste la prise en charge. «Qui dit prise en charge, dit personnels qualifiés, dit aussi infrastructures et équipements. Là, certes des efforts importants ont été faits, mais force est de constater qu’il y a encore des défis à relever», fait-il remarquer.
Fondatrice de l’institut de recherche Likak Research, Dr Elizabeth Diallo s’est appesantie sur l’importance de ce symposium que son institut de recherche organise sur la santé néonatale. «C’est un problème qui touche le monde entier. C’est important que l’on dissémine ce groupe de chercheurs. 250 depuis quatre ans ont travaillé d’arrache-pied. Ça nous fait l’économie de travailler pendant cinq ans, de trouver de grands chercheurs qui nous fournissent des informations que nous pouvons appliquer, celles qui s’adaptent à notre contexte», explique Dr Diallo.
Aujourd’hui, il y a de fortes recommandations à appliquer pour changer la situation. «Ils nous ont par exemple recommandé la supplémentation en nutriments pour les femmes enceintes. Par exemple, on supplémente déjà en médicaments pour le traitement anti-palu. Ils recommandent d’autres supplémentations en aliments, en micronutriments, et on va en discuter tout au long de la journée, tout au long de ce symposium. Il recommande des visites de meilleure qualité, que les femmes aillent beaucoup plus tôt, beaucoup plus souvent et qu’on les serve mieux lorsque vraiment elles sont enceintes dans les structures de santé», argumente-t-elle.
Avec LeQuotidien