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Réforme LMD: «L’Université glisse vers un précipice ténébreux»

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L’Union des Doctorants et Chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop (Udc/Ucad) fait part de son inquiétude sur la manière dont la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) est conduite. N’étant pas opposée à cette option prise par les autorités pédagogiques, l’Uds/Ucad dit éprouver « une profonde affliction de constater que les contours de cette réforme sont loin d’être maîtrisés par les autorités de l’Ucad qui sont en train de la conduire dans une impasse sans précédent ».

La manière dont la réforme du système LMD (Licence Master Doctorat) est menée n’est pas du goût de l’Union des Doctorants et Chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop (Udc/Ucad). Elle l’a fait savoir à travers son Manifeste daté du 18 novembre 2011 et qui est parvenu à notre rédaction.

Dans son document, l’Udc/Ucad qui a salué le fait que les composantes de l’université aient été fascinées d’évoluer en phase avec les innovations académiques à l’échelle internationale, dans ce contexte de mondialisation, éprouve, cependant, « une profonde affliction de constater que les contours de cette réforme sont loin d’être maîtrisés par les autorités de l’Ucad qui sont en train de la conduire dans une impasse sans précédent ». De l’avis de cette union, « aucun citoyen ne doit rester indifférent face aux dérives et au pilotage à vue de l’université ».

A son avis, le temple du savoir est victime d’une forme de dictature et d’une privatisation par une classe mercantiliste. « Du sommet de la montagne vivement éclairé, l’Ucad glisse vers un précipice ténébreux. Ses fossoyeurs ont ainsi décidé de troquer son « lux mea lex » contre le « pecunia mea lex » ». En vérité, se désole l’Udc/Ucad, « nous assistons à la mort programmée de la formation publique à l’université et par ricochet à sa réelle privatisation ». Avant de souligner : « Dans un pays en voie de développement comme le Sénégal, cette option ne rime pas avec le droit à l’éducation et la promotion de l’excellence ! Nous réfutons alors, toute tentative allant dans le sens d’annihiler les performances du système éducatif en général et de l’université en particulier ».

Partant du principe que tout peuple menacé doit réagir, l’Union des Doctorants et Chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UDC/UCAD) dénonce avec fermeté le processus de privatisation de la formation doctorale. La condition sine qua non de s’acquitter d’une inscription pédagogique d’au moins 150 000 F CFA pour être admis en thèse de doctorat unique en est une parfaite illustration. Les doctorants considèrent cette idée comme une aberration compromettante, défiant toute promotion et le mérite à l’université. C’est ainsi que « nous rejetons unanimement cette mesure impopulaire qui n’émane d’aucune concertation impliquant les doctorants et qui, à coup sûr, a faussé toutes les procédures administratives et juridiques ».

Devant cet état de fait, elle exhorte les Directeurs des Ecoles Doctorales, en rapport avec la Direction de la réforme, le Rectorat et toutes les parties prenantes au fonctionnement de l’université, à se soucier de faire le bilan de la formation doctorale au lieu d’être obnubilé par des questions financières. « A la lumière d’une petite expérience d’environ trois années, le bilan partiel des Ecoles Doctorales est loin d’être satisfaisant. Faute de moyens, de rigueur dans la formation et d’encadrement de proximité tel que préconisé par la réforme LMD, le taux de soutenance est faible et ceux qui ont épuisé leur troisième inscription se contentent de demander une dérogation. Bref, la précarité des conditions socio-pédagogiques des doctorants de l’UCAD ne favorise véritablement pas le succès », a-t-elle avisé. Cet état des lieux peu reluisant amène les doctorants et chercheurs de l’Ucad à lancer une invite à tous les acteurs du développement et aux partenaires pour « le financement de la recherche et une valorisation du statut du doctorant, gage d’une sauvegarde de ce maillon incontournable de l’intelligentsia sénégalaise en particulier et de l’Afrique en général ». Ils estiment que « pour conforter la place de notre université dans la société et le développement du pays, l’accès à la formation doit être à la portée de tout citoyen ayant les compétences requises ». Avant de rappeler que le rôle éducatif et scientifique de l’université lui confère un statut particulier d’être un lieu privilégié de vie, de réflexion, de connaissance, de recherche et d’échange entre les acteurs dans le plus grand respect.

Néanmoins, ont-ils précisé, « nous déplorons le manque de concertation sur certaines décisions qui ont un impact significatif sur l’avenir de l’élite intellectuelle du pays et de l’Afrique ». A leur croire, « à l’université de Dakar, la prolifération des masters privés doit inquiéter tout bon citoyen ». Dans leurs critiques, ils n’ont pas épargné les enseignants du supérieur. « Des professeurs engagés dans la fonction publique et payés par l’Etat du Sénégal, utilisent des amphis et/ou des salles publiques pour dispenser des cours privés et s’enrichir sur le dos des étudiants. Nous critiquons l’attitude des enseignants du supérieur, des syndicats d’enseignants et de toutes les autorités qui affichent un silence coupable, révélateur d’une complicité avérée par rapport à la privatisation de la formation à l’Ucad ».

Face à cette situation, « l’Udc/Ucad entend combattre pour les intérêts et les buts des chercheurs que nous sommes et défendre la recherche qui est un passage incontournable pour le développement du pays et du continent tout entier ». Elle appelle ainsi à l’union de tous les chercheurs, des universitaires, des patriotes, des citoyens actifs…quant à la préservation des acquis sociaux et à la sauvegarde des universités sénégalaises pour le triomphe de la justice, de l’excellence et de l’équité.

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