Quels effets ces rejets peuvent avoir sur la situation politique à venir au Niger ?
Souley Adji : Je ne sais pas s’il s’agit d’une application stricte ou aveugle de la loi, mais tout laisse à croire que le Conseil Constitutionnelle de transition n’a pas évalué les conséquences de l’acte qu’il vient de poser. L’effet que cela aura, premièrement, c’est qu’on va se retrouver avec des parlementaires élus qui n’auront pas une véritable assise électorale, encore moins de légitimité populaire. Deuxièmement, le peuple est privé de l’occasion d’exprimer sa souveraineté sur les candidats de son choix. Ceci est très grave pour la démocratie dans la mesure où, celle-ci suppose que le pouvoir participe aux choix de ses représentants. Troisièmement, cette situation va créer un certain nombre de troubles parce qu’on va avoir à faire à un régime qui n’aura pas dans l’ensemble une légitimité populaire assise et qui va être en bute constamment à des problèmes politiques, socio-économiques majeurs. Du coup, la situation politique risque d’être tendue de nouveau avec l’exclusion de toutes ces personnalités au niveau de ces régions. Et, cela aura comme conséquence grave un autre coup d’Etat. Quatrièmement, c’est que les personnes qui seront élues à la tête des régions peuvent ignorer et même méconnaître les vraies préoccupations des populations, parce qu’elles ont été portées à la tête de ces régions sans en être des natifs. De plus, on risque d’avoir comme futur Président de la République ou futur député, des hommes politiques qui ont montré par le passé des vices de gouvernance.
Est-ce qu’une solution politique est envisageable pour la résorber cette crise ?
On dit que les décisions du Conseil Constitutionnel sont irrévocables. Mais, je pense que le Chef de l’Etat doit s’impliquer lui-même, puisque le moment est propice pour régler ce problème. Parce qu’il n’est pas exclu que la situation s’empire avec le rejet des candidatures de certaines personnalités dont le poids politique est indéniable dans leurs régions respectives. Donc, autant avoir une situation politique apaisée plutôt que des troubles, nonobstant le fait que le droit doit s’appliquer. Je pense que dans un souci de paix et d’unité nationale la junte au pouvoir doit revoir sa copie en vue de solutionner ce problème.
Pensez-vous qu’une crise politique et institutionnelle est ouverte si toutefois la cour ne revient pas sur sa décision ?
il y a des chances que les partis politiques concernés choisissent de boycotter les élections législatives en question. Ce qui implique, une fois de plus, qu’une bonne partie du peuple n’aura pas la latitude d’exprimer son choix. Aussi, il n’est pas exclu de voir la junte repêcher certains candidats parce qu’elle est soucieuse de laisser un pays stable et apaisé. Il y a des chances que la sagesse prime à ce niveau, pour que le peuple nigérien puisse avoir le droit de choisir ses propres représentants.
Chaibou Boubakar
medianiger.info