Dans les rangs du 12ème Gaïndé, figure une supportrice atypique. Son nom, Nabou Sembène. Elle ne vit que pour « la Tanière », au point de troquer son florissant commerce contre les gradins du monde, où les Lions traînent leur crinière. Affectueusement surnommée « Maman » par la bande à Mamadou Niang, la native de Kaolack, célibataire sans enfant, demanderait volontiers le divorce si un éventuel époux tentait de lui ôter le virus qui lui colle à la peau depuis le bas âge. Connaissance avec une fille pas comme les autres.
On la surnomme la « maman de la Tanière ». Le foot est sa vie, et la passion pour cette discipline lui coule dans les veines depuis le bas âge. Elle, c’est Nabou Sembène, présidente de la Section féminine du 12ème Gaïndé. Teint clair, les yeux pétillants de bonheur à la simple évocation de la bande à Mamadou Niang, la longiligne créature promène sa silhouette sur tous les rectangles verts où les « Lions » du foot traînent leur crinière. De 2002 à nos jours, elle n’a raté aucune des sorties de l’équipe nationale : la Coupe d’Afrique des Nations au Mali, en Tunisie, au Ghana, le Mondial asiatique. La bande à El Hadj Diouf, elle la connaît comme son propre commerce. Pour avoir côtoyé Bruno Metsu et ses hommes lors de ces évènements sportifs.
Certes, la génération de 2002 est derrière nous, mais la présidente de la Section féminine du 12ème Gaïndé garde encore des relations privilégiées avec El Hadj Diouf et ses potes. « On s’appelle souvent ; quand ils sont en vacances au Sénégal, on se voit et ils m’apportent parfois des cadeaux. Même si je n’en demande jamais, parce que ce n’est pas l’essence de notre amitié », déclare-t-elle fièrement. Ces mêmes relations, elle les entretient aussi avec Niang et Cie. « Tous les joueurs de « la Tanière », à l’exception des binationaux qui viennent d’arriver dans l’équipe, me connaissent », se réjouit-elle. Ses rapports avec Amara Traoré et Ablaye Sarr, n’en parlons même pas. Nabou Sembène est une sœur pour le premier nommé, à qui il rend visite jusqu’à Saint-Louis, et une fille pour le second. Qu’elle appelle affectueusement « Papa ».
Comment la native de Kaolack a troqué son florissant commerce contre le foot
« Quand comptez-vous tirer votre révérence ? ». A cette question, la réponse de Nabou Sembène tombe sèche : « je n’y songe point. Même pas en rêve ». Et loin s’en faut ! Car la native de Kaolack troquerait volontiers baptêmes, mariages, évènements religieux annuels, entre autres cérémonies, contre une simple séance d’entraînement des « Lions » qu’elle adore voir caresser le cuir. « Quand les Lions jouent, rien d’autre ne peut me mobiliser », dit la fervente talibé niassène. En atteste son commerce qu’elle a délibérément « abandonné » entre les mains d’une de ses sœurs. Pour mieux se consacrer au foot. « La dernière fois que je suis allée en Chine pour acheter des marchandises remonte à deux semaines avant la fête de Tabaski. Depuis lors, je n’y suis plus allée, j’ai tout confié à ma sœur. Je ne reprendrai mes activités qu’après avoir amené les enfants à la Coupe du Monde », narre-t-elle.
Une « Maman » prête à rejeter son mari si…
Un époux, celle qui s’identifie comme la meilleure amie de Bayal Sall y pense, mais à condition que son futur « chocolat doré » ne cherche pas à lui ôter le virus qui lui colle à la peau. Ce sera la condition sans laquelle elle déclinerait, sans réfléchir, la bague d’alliance la plus chère, fût-elle offerte par l’homme le plus beau, le plus riche ou le plus intelligent de la planète. Et inutile de lui en tenir rigueur. Car l’idylle entre la férue du ballon et « la Tanière » est une longue histoire.
« Mon seul copain, c’est la Tanière »
Quid de la perception que certains peuvent avoir de sa fréquentation des joueurs ? Nabou Sembène n’en a cure. « Cela ne fait pas de moi une mauvaise fille. D’ailleurs, si j’étais de mœurs légères, j’aurais flanché et dévié depuis longtemps », se dédouane-t-elle. Mieux, ajoute-elle, « je n’ai qu’un seul copain : la Tanière ; il n’y a pas d’homme dans ma vie ». Ce qui est important, « c’est que j’ai le soutien de mes parents qui m’encouragent dans ce que je fais », dit-elle en envoyant se promener ses contempteurs.
Nabou et son périple européen
Pour avoir grandi sous l’ombre de Bounama Dièye, El Hadj Abdoulaye Guèye, Kosso Diané, successivement présidents de la Ligue de Kaolack de foot, la « Maman » des poulains d’Amara Traoré a très tôt flirté avec le monde du foot. Les matchs de navétanes, Nabou Sène ne les rate pour rien au monde et ce, depuis bientôt deux décennies. A l’Asc Magg Daan de Kaolack, on la surnommait « Thiate » (la cadette), pour avoir été la plus jeune dirigeante de l’équipe. Ce statut lui a permis, à travers l’Association pour la promotion de la femme sénégalaise, d’aller de la France à la Belgique, en passant par le Luxembourg, la Hollande, le Canada, etc.
Après son périple européen, Nabou Sembène intègre l’Asc Saloum, où elle fut la présidente du Comité des supporters, avant d’atterrir à l’Organisme national de coordination des activités de vacances (Oncav). Dans cette structure, elle fait la connaissance de Amadou Kane, le patron national du Championnat de navétanes. « C’est l’homme qui m’a permis aujourd’hui d’être à la tête de la Section féminine du 12ème Gaïndé et de voyager partout en Europe », dit-elle pour lui renvoyer l’ascenseur.
A l’occasion de chaque sortie de « la Tanière », la férue de « soupou kandja » fait venir de Kaolack au moins deux bus de supporters et prend en charge leurs frais de transport et billets d’entrée au stade. Histoire de leur rendre la monnaie de leur pièce. Ses heures creuses, Nabou Sembène, dont les études ont foiré en classe de Cm2 à cause du football, les passe au stade Demba Diop. Soit pour suivre des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2, soit pour prendre du thé en compagnie de ses amies Yacine Guèye, Aminata Sèye, Nogaye Diba, entre autres.
Daouda THIAM (Envoyé spécial à Yaoundé) lasquotidien.com
