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Réponse à l’Abbé André Latyr Ndiaye (Par Ibrahima Traoré)

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« La douceur n’a jamais accompagné une chose sans l’embellir, et elle n’a jamais été ôtée d’une chose sans l’enlaidir. » Hadith

Cher Abbé André Latyr NDIAYE,
La bienséance exige que je vous traite avec déférence eu égard à votre rang et à ce que vous représentez pour l’église et la communauté chrétienne pour laquelle nous n’avons que respect et considération. C’est vrai que notre culture et notre éducation nous inculquent la conception du rapport que nous devons avoir avec vous nous impose de vous traiter avec une certaine révérence. Permettez-moi cher Abbé, le temps d’une réponse, de différer ce principe car le citoyen que je suis ne peut pas et ne doit pas faire l’économie d’une réflexion sur le sujet qui fait l’objet de nos débats. Votre sortie est une invite à prendre position par rapport à un sujet d’une importance capitale car questionnant un des fondements du vivre ensemble. Une telle invitation ne doit pas rester lettre morte : elle se doit d’être honorée. Ainsi, je vous prie d’avance d’excuser mon impertinence si tant est que mes propos puissent passer pour telle. Cependant, je tâcherai de m’exprimer de la manière la plus respectueuse qui soit.

Mon cher Abbé, je pense sincèrement que votre lettre empreinte de prétention et de pédanterie, est une démonstration éclatante d’une certaine arrogance déguisée en sagesse. Vous brandissez des maximes latines et des citations érudites comme des boucliers, espérant peut-être dissimuler derrière ce vernis de culture votre incapacité à comprendre pour ne pas dire votre refus d’être à la hauteur des véritables enjeux de notre temps.

Vous commencez par rappeler l’adage latin « qui bene amat, bene castigat », mais j’aimerais vous inviter à considérer un autre principe cher aux humanistes de la Renaissance : « In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas » (Dans les choses nécessaires, l’unité ; dans les choses douteuses, la liberté ; en toutes choses, la charité). Cette maxime souligne l’importance de l’amour et de la tolérance dans tous les aspects de notre vie, y compris dans le discours politique.

Vous évoquez la politesse comme une clé en or, mais oubliez que celle-ci n’ouvre que les portes qui sont dans les dispositions. En pareille circonstance la tentation de parler sous l’effet de la colère est grande, la passion peut supplanter le reste mais nous savons que vous êtes assez sage et éclairé pour ne reconsidérer que ce qui doit l’être.

Mon cher Abbé, vous citez Bismarck et Montaigne sur la politesse, de grandes figures historiques connues pour leur pragmatisme et leur sagacité. Cependant, l’histoire nous enseigne également que la politesse ne doit jamais être un masque pour l’injustice. Le discours politique, bien que nécessitant une certaine forme, ne doit pas sacrifier la vérité et la justice sur l’autel de la politesse.

Votre référence à l’éducation catholique et son ouverture d’esprit est louable, mais permettez-moi de rappeler que cette même ouverture doit s’étendre à toutes les formes de diversité, y compris religieuse. L’Évangile selon Matthieu (5:9) nous enseigne : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » La paix, chère Abbé, réside dans l’acceptation et la célébration des différences, et non dans la contrainte de l’uniformité.

Nous musulmans savons que certains de nous pouvent faire preuve de régression et de simplisme sur certains aspects et c’est en cela que nous trouvons salutaire tout discours ou critique qui nous permet de réinterroger nos paradigmes et nos pratiques à la lumière d’une démarche exigeante et objective. Cependant, votre Église, que vous érigez en bastion de vertu et Dieu sait qu’elle a beaucoup apporté à la civilisation et à l’humanisme, ne saurait effacer des siècles d’obscurantisme et de domination culturelle si bien que personne n’a à avoir une condescendante. Le voile, symbole de foi et de respect pour beaucoup, n’a nullement besoin de notre approbation pour exister. Votre attitude semble être celle qui manifeste une peur déguisée en mépris.
Vous évoquez la nécessité de dialogue et de respect des institutions. À ce propos, je me permets de rappeler les paroles de Martin Luther King Jr. : « La vraie paix n’est pas simplement l’absence de tension ; c’est la présence de justice. » Le dialogue doit être ouvert et sincère, mais il doit aussi être fondé sur un respect mutuel et une véritable recherche de justice.

Mon cher Abbé, nous devons attendre de vous que vous travaillez à faire de telle sorte que vos écoles soient capables de s’adapter à la diversité qui compose notre nation car votre grande culture et votre fine intelligence font de vous une des personnalités les plus outillées pour cette mission. Oui, mon cher Abbé Dieu vous a donné des bienfaits sur le plan intellectuel et culturel et cela exige de vous certaines missions au premier rang desquels celle-ci.

Mon cher Abbé, de grâce évitons tout discours qui peut être clivant, évitons d’importer un problème franco-français dans notre pays le Sénégal qui est un exemple de vivre ensemble et de fraternité entre chrétiens et musulmans.

Mon cher Abbé, vous faites mention du livre de l’Ecclésiaste, un texte riche en sagesse, mais n’oublions pas les paroles de l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3:28) : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous, vous êtes un en Jésus-Christ. » Cette affirmation radicale de l’égalité et de l’unité humaine doit nous guider dans nos actions et nos politiques.

Mon cher Abbé, vous critiquez l’emploi du pronom « on », le qualifiant d’indéfini. Cependant, il est parfois utilisé pour représenter une communauté ou un groupe, ce qui peut être un acte d’humilité plutôt que de lâcheté. L’amoureux des lettres que vous êtes si je m’en fie au niveau de langue et au style de votre lettre, n’êtes pas sans savoir que le moi est haïssable en littérature. En sus, en politique, comme en rhétorique, chaque mot porte un poids, et le choix d’un pronom indéfini peut parfois servir à être plus dans l’humilité que de rester dans une certaine imprécision.

Mon cher Abbé, enfin, vous terminez sur une note de mise en garde contre les déclarations de guerre et les rhétoriques belliqueuses. Merci pour ces sages conseils, nous sommes en total accord avec vous. La politique doit être l’art de la conciliation et de la recherche du bien commun même si
Victor Hugo nous rappelle que : « La guerre, c’est la guerre des hommes ; la paix, c’est la guerre des idées.

Mon cher Abbé, comme vous, nous pensons que notre société gagnerait à permettre que tous les segments, toutes les sensibilités aient droit au chapitre. Aucune voix ne doit être étouffée car il y va de la vitalité de l’équilibre de notre société. Nous pensons également qu’une vraie démocratie ne veut pas dire la dictature de la majorité mais le respect des minorités et c’est dans ce cadre que je pense qu’il appartient à chaque musulman d’être le défenseur et le garant des chrétiens. D’ailleurs, nous avons la chance de ne pas faire de distinction entre musulmans et chrétiens et c’est une obligation à nous tous (à vous, à Ousmane Sonko et à nous autres) de préserver cela.

Ibrahima Traoré
Citoyen Sénégalais
Expert financier
Paris – France.

1 COMMENTAIRE

  1. Je me demande qu’est ce qui les prend, Sonko n’a demande a personne de repondre pour lui. Ils disent qu’ils veulent repondre a l’abbe qui ne les connais meme et qui ne leur a jamais ecrit. Juste il faut apprendre a se respecter. Le silence est d’or

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