Quand la Gouvernance flaire un parfum de faux et usage de faux dans la liste d’électeurs fictifs, s’attache les services de la Police dont les investigations confortent ses appréhensions et lorsqu’un huissier est envoyé au marché au poisson, où le directeur des lieux lui notifie que le nombre d’électeurs inscrits est totalement en porte-à-faux avec les chiffres réels, l’élection du président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar pourrait accoucher d’un feuilleton judiciaire à l’ampleur insoupçonnée. Et au détour du scrutin initialement prévu hier puis reporté sine die, Ibrahima Diagne, rival du candidat sortant Lamine Niang, accuse ce dernier qui, à son tour, pointe du doigt le diable.
Décidément, dans l’élection du président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar initialement prévue hier puis reportée sine die, tout y passe. Et si l’on n’y prend garde, le prochain scrutin pourrait accoucher d’un feuilleton judiciaire aux conséquences incalculables. En effet, à en croire le challenger du candidat sortant, Ibrahima Diagne, le gouverneur de Dakar l’a saisi pour s’émouvoir du fait que parmi les 2500 personnes que Lamine Niang souhaite faire inscrire, la plupart n’ont ni adresse ni un quelconque élément distinctif de nature à témoigner de leur authenticité. Aussi, informe-t-il, « le Gouverneur, après avoir senti ce parfum de faux et usage de faux, a envoyé la Police de Pikine vérifier l’adresse d’un certain Aliou Gadiaga. Mais arrivés sur les lieux, les limiers ont été surpris de constater que c’était une fausse adresse et que dans cette maison, n’a jamais vécu un nommé Aliou Gadiaga ». Pour convaincre les plus sceptiques, il brandit la lettre du Gouverneur, ainsi que les listes des électeurs fictifs. Et ce n’est pas tout, renchérit-il, « car au marché au poisson également, un huissier a été envoyé, pour vérifier le nombre de marchands. Mais au lieu des 650 personnes brandies par Lamine Niang, le directeur du marché n’en a dénombré que 150 ». Suffisant pour que Ibrahima Diagne et ses camarades exigent non seulement l’installation d’une délégation spéciale à la Cciad, mais aussi la tenue du scrutin au plus tard dans trente jours. Election prévue au demeurant depuis plus de deux ans.
Ibrahima Diagne : « on demande l’installation d’une délégation spéciale »
Vingt-quatre heures après que la conférence de presse du candidat sortant et tête de liste de la Coalition Disso vendredi dernier, pour pester, contre les reports successifs du scrutin, « accuser une main invisible et demander aux autorités que ce cinéma cesse, parce que les opérateurs économiques méritent plus de respect et de considération que ça », c’est au tour de son rival de lui emboîter le pas.
Lors d’une conférence de presse tenue samedi dernier, Ibrahima Diagne fulmine : « le président de la Cciad doit arrêter de chercher à tromper l’opinion. Il est l’unique responsable du énième report du scrutin, pour avoir tenté d’inscrire frauduleusement 2500 personnes dans la Section agricole et ce, à soixante-douze heures du scrutin ». Le vice-président de la Cciad trouve donc que ce serait invraisemblable que les autorités laissent partir Lamine Niang. Et d’ajouter : « Le Gouverneur l’a pris en flagrant délit de vol, lequel vol consiste à produire une ordonnance pour dire qu’il avait oublié d’inscrire 80 % du fichier électoral. Ce qui, du reste, est à l’origine de cet énième report du scrutin ». Mais, martèle-t-il, « il faut que les autorités prennent leurs responsabilités, parce que c’est la troisième fois qu’il manigance pour obtenir le report du vote avec des astuces du genre : je vais à la Mecque, c’est l’approche de la Tabaski, j’ai un mal de pied, la Korité approche, entre autres faux alibis ».
Daouda THIAM
Lasquotidien.info