Monsieur le président de la République,
Nos confrères de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) «menacent ruine»
«19h 53mn dans les locaux de l’Agence de presse sénégalaise. Le Rédacteur en chef du jour, entouré de ses différents collègues, une bonne vingtaine, tous les yeux rivés sur leur écran, vérifiait, pour la énième fois, que tout était au point avant la mise en ligne. Le scoop doit être diffusé à 20h tapantes, pour ensuite être reprise par l’ensemble des organes de presse.
L’ambiance était à la concentration et une nervosité bien particulière était aussi au rendez-vous, ce sentiment de nervosité que le journaliste qui détient un scoop et qu’il n’a pas encore lâché connaît bien, car on a toujours peur d’être court-circuité malgré tous les verrous soigneusement mis. Mais pour le moment, «Ras», rien à signaler comme venait de le répéter l’un des collègues chargés de surveiller pour ne pas dire «espionner» les autres organes de presse, encore quelques petites minutes.
Le président de la République venait de prendre une mesure sociale en cette veille de ramadan, mesure jamais prise dans le sens de l’amélioration des conditions de vie du Peuple, celui-là qui renferme le citoyen que nous nommons le Sénégalais lambda. Si la visite du Président américain Barack Obama dans notre pays a, dans son ensemble, été sentie comme une fierté pour bon nombre de Sénégalais, un succès diplomatique pour notre pays, cette mesure du Président Macky Sall, qui sera connue sous peu, sera à n’en pas douter, l’information qui allait damner le pion à toutes, parce qu’elle allait, sans contexte, apporter, non pas une bouffée d’oxygène dont on profite le temps d’une inspiration avant que n’intervienne l’expiration, obligatoire du reste pour un bon circuit respiratoire, mais comme un élément qui forcément va changer, de manière significative et durable le quotidien de nos compatriotes. A coup sûr, les populations du sud au nord du Sénégal en passant par le centre, cœur du bassin arachidier exprimeront leur gratitude au chef de l’Etat.
19h 57, un cri strident retentit, ce cri digne d’une femme en salle d’accouchement, qui exprime une douleur indescriptible, il venait de la pièce juste en face. Le temps de détourner leurs regards des machines, la pièce commença à bouger, les appareils s’écroulent»
Monsieur le président de la République, ce reportage-fiction, dont l’épilogue est volontairement laissée à la libre inspiration, malheureusement loin d’être aisée du lecteur, pourrait bien être une réalité, car plusieurs dizaines de compatriotes, qui n’ont pour seul souci que d’informer juste et vrai, vivent dans un danger permanent, et chaque fois qu’ils franchissent la porte de leur lieu de travail, laissant chez eux parents, conjoints, enfants et amis, ils «menacent ruine», à l’image du bâtiment vieillot et vétuste qui les enveloppe pendant des heures, et ne savent pas s‘ils en sortiront indemnes après des moments de labeur pour retrouver les siens. Leur ministre de tutelle, qui partageait le même lieu de travail qu’eux, les a abandonnés, telle une maman qui laisse sa progéniture loin derrière.
Pourtant, non loin de là, un joli bâtiment, spacieux, baptisé «Maison de la presse» attend des locataires qui tardent à venir, apparemment, il n’y a pas de quoi se presser. Mais la situation de nos confrères de l’Aps, elle, est plus que pressante, il faut les sortir de là, c’est une question de survie. Et ils méritent bien d’occuper, dignement, quelques paliers dans ce joyau destiné à la presse, eux qui, telle une plante nourricière, alimentent les différentes rédactions.
Je compte sur mes confrères Abou Abel Thiam et Souleymane Jules Diop afin que mon reportage puisse arriver à bon port.
Aminata MBODJ
Journaliste, ancienne de Sud Fm
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Félicitation madame!Heureusement que nous avons un journaliste à la hauteur de son métier.Saches que tu fais la fierté nationale.J’ai l’intime conviction que le Président de la République répondra favorablement à ton appel au secour.