C’est dans un contexte d’urgence que la France et le Fonds international de développement agricole (Fida) ont réaffirmé hier leur engagement commun à éviter une crise alimentaire mondiale et à investir pour une agriculture plus résiliente et durable.
Selon un communiqué de presse, la pandémie de Covid-19 et, plus récemment, la guerre en Ukraine ont aggravé l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition. En 2020 déjà, plus de 800 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire chronique d’après les Nations Unies ; la situation est particulièrement préoccupante en Afrique, où plus d’une personne sur cinq a été confrontée à la faim.
«Cette mobilisation conjointe s’inscrit dans le cadre de l’initiative européenne Farm (Mission pour la résilience alimentaire et agricole).
Lancée durant la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, l’initiative Farm est articulée autour de trois piliers dédiés respectivement à la fluidité des échanges commerciaux, à la solidarité envers les pays les plus exposés aux conséquences de la crise et à l’appui à la production durable dans les pays en développement », lit-on dans le document. Le Fida a officiellement accepté de prendre en charge le secrétariat du troisième pilier de l’initiative Farm. Avec ce pilier « production durable », il s’agira notamment de promouvoir des pratiques agricoles durables, qui permettent d’assurer la sécurité alimentaire et la nutrition, tout en luttant contre le
changement climatique, la perte de la biodiversité et la dégradation des terres.
Selon la même source, quatre domaines d’action prioritaires ont été définis : l’augmentation des capacités locales de production, le soutien à la consommation de produits locaux sûrs et de qualité, le développement de marchés domestiques et l’intégration des marchés régionaux, et la lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires. Cette feuille de route nécessitera la mobilisation de tous les acteurs des systèmes alimentaires, les États et les organisations régionales et politiques pertinentes, les institutions financières internationales, les agences bilatérales de développement, mais aussi les organisations paysannes, la recherche, les autorités locales et la société civile.
Avec l’expertise technique du Fida, le pilier 3 de Farm permettra d’accroître les synergies entre l’ensemble des parties prenantes,
de renforcer l’action d’acteurs clés comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le Programme global pour
l’agriculture et la sécurité alimentaire (Gafsp), et de fédérer les bailleurs autour de projets à fort impact pour la sécurité alimentaire et la nutrition, notamment sur le continent africain.
Le succès de cette ambition portée au travers de Farm se fondera notamment sur l’engagement des pays en voie de développement à transformer leurs systèmes alimentaires et des bailleurs de fonds à la soutenir par un plan de financement ambitieux, ainsi que sur une forte coordination, dans le cadre des efforts déployés par le Groupe de réponse aux crises mondiales des Nations Unies et de l’initiative Gafs (Global Alliance for food security) du G7, dont les actions menées au travers de Farm constitueront une composante importante.
Comme l’ont réaffirmé hier le Président de la République française et le Président du Fida lors d’une visite à Yaoundé, la capitale du
Cameroun, le rôle du secteur privé sera aussi déterminant pour ancrer ces partenariats dans la durée et il s’agira de mobiliser les outils de financement adaptés pour intégrer les entreprises à la feuille de route de Farm.
Enfin, le pilier production de Farm s’appuiera sur les initiatives déjà existantes pour bâtir une agriculture et une alimentation plus
durables et résilientes, y compris, pour ce qui concerne l’Afrique, la Grande Muraille verte, le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine de l’Union africaine, et l’engagement de l’Equipe Europe pour une transition vers des systèmes alimentaires
durables, incarné notamment par l’initiative pour les protéines végétales lancée lors du Sommet Union Africaine – Union Européenne
le 18 février dernier.
La France soutiendra le Fida en finançant intégralement pour la première année un secrétariat dédié à cette initiative, pour un montant de 3.2 millions USD, et en apportant un soutien technique, avec un accent particulier mis sur l’évaluation d’impact.