En termes de bonne gouvernance et de reddition des comptes, l’année 2022 a été marquée par une épidémie de mauvaises pratiques et d’impunité. C’est du moins l’avis de Elimane Hady Kane, président de Legs Africa. Parmi celles-ci, il a cité les scandales financiers qui ont été révélés par les rapports des organes de contrôle de l’Etat comme l’office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), l’autorité de régulation des marchés publics (ARMP) et la Cour des Comptes.
«Nous constatons que la gouvernance est un des maillons faibles du régime en place. Des réalisations importantes ont été faites dans un contexte qui n’optimise pas les ressources publiques à travers des réformes qui sont apportées au code des marchés publics à la pratique de marchés de gré à gré sur des montants assez élevés». Ces propos sont de Elimane Hady Kane, président de Legs Africa qui revenait sur les faits marquants de l’année 2022 en matière de bonne gouvernance et de reddition des comptes. Selon lui, les différents rapports produits par les organes de contrôle ont fait état de nombreuses mauvaises pratiques, de fautes de gestion, de détournements de deniers publics et d’objectifs ainsi que de malversations.
«Ces institutions ont connu des disfonctionnements, parce qu’elles sont produits avec du retard les rapports annuels. Il faut dire que leur travail permet de renseigner quand même sur le niveau de gestion des affaires publiques qui demeure alarmant. Donc, il y a une pratique de mal gouvernance qui est encore pandémique au Sénégal», a-t-il relevé.
Un autre aspect qui caractérise cette mauvaise gouvernance des affaires publiques est signale-t-il, les mesures déconsolidantes du cadre institutionnel qui assure cette gouvernance notamment le choix de certains hommes pour diriger les organes de contrôle. « C’est le cas de l’Ofnac où l’ancien procureur Serigne Bassirou Gueye qui n’a jamais donner suite à un rapport qui lui aurait été soumis a été désigné pour être le Président de cet organe de contrôle. Cette décision est une incongruité pour nous observateurs», se désole M. Kane.
L’autre élément, poursuit-t-il, c’est l’impunité. Parce que, souligne-t-il, certains rapports sont soumis au Président de la République, d’autres ont été transférés au parquet par différentes institutions et aucune suite n’a été donnée à ces audits. «On n’a pas vu des dossiers judiciaires traités sur la base des recommandations de ces organisations en charge de contrôler la gestion des finances publiques», déplore-t-il.
La situation d’impunité qui découle de toutes ces mauvaises pratiques peut mener à une société d’anomie et une rupture définitive de confiance entre l’Etat et les citoyens. «Maintenant, on ne respecte plus aucune règle, parce qu’on se dit que ceux qui font appliquer les règles sont les premiers à se partager nos peu de ressources sans être sanctionnés. Donc, cette impunité est dangereuse pour un pays. Cela peut mener vers les ruptures de justice sociale et économique et vers la colère publique qui peut se manifester par des émeutes et des rapports publics de plus en plus violents. Cela peut même engendrer le refus de payer les taxes par les citoyens. Et si on arrive à ce stade-là, il n’y aura plus de République», prévient le président de Legs Africa.
NDEYE AMINATA CISSE
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