spot_img

Rien qu’un moyen d’enrichissement ! Par Abdou Latif COULIBALY

Date:

803 milliards ! C’est le montant des sommes d’argent dépensées par l’Etat du Sénégal depuis 2000 pour tenter de faire de la Senelec une société normale qui s’acquitte de sa mission de service public à la grande satisfaction de ses abonnés. L’argent qui a été dépensé, en dépit des montants astronomiques, n’a quasiment servi à rien. Le courant manque, l’économie nationale est pénalisée, les familles sont dans le désarroi complet, les manifestations spontanées qui se déroulent parfois avec violence traduisent le ras-le-bol d’une population exaspérée qui se considère comme prise en otage par la Senelec et par les autorités de ce pays. Certaines d’entre elles travaillent à rendre cette situation plus compliquée pour des populations qui ne savent plus à quelle parole se vouer, ni à qui faire confiance pour trouver une solution à un mal récurrent. Le comportement du pouvoir dans ce dossier est singulier : tout ce qui est entrepris est fait dans le seul et unique but de créer les conditions d’un enrichissement frénétique des membres des différents clans du régime qui ne sauvegardent même plus les apparences dans la course aux richesses.

La situation de la Senelec est un cas d’école type, en matière de mauvaise gestion et d’incurie d’un pouvoir politique gangréné par la corruption et la prévarication. La renationalisation de la Senelec – celle-ci a été décidée par le pouvoir en place en 2000 – cachait une volonté de donner forme et corps à un système de magouille et de prévarication mettant en première ligne les plus hautes autorités de ce pays. Celles-ci n’hésitent pas à négocier elles-mêmes les contrats d’approvisionnement en fuel de la société d’Etat et à mettre sur pied plusieurs sociétés écrans qui élaborent et entretiennent les trafics les plus préjudiciables pour notre économie et les plus dangereuses pour la Senelec.

Le président de la République se montrant satisfait et particulièrement heureux du travail de son ministre de l’Energie, l’a récemment félicité et encouragé. Beaucoup de citoyens sont convaincus qu’il l’a félicité pour ses capacités à nourrir et à entretenir un système tant décrié et par sa promptitude à le défendre. En félicitant Samuel Sarr, Abdoulaye Wade a clairement signifié le peu de souci qui est le sien, par rapport à la situation des Sénégalais qui vivent comme une sorte de tragédie nationale les graves manquements de la Senelec. En réalité, les félicitations de Wade à l’endroit de Samuel Sarr s’inscrivent en droite ligne dans une pensée exprimée il y a quelques années par lui-même, quand le chef de l’Etat disait que les Sénégalais sont prêts à retourner à la préhistoire, en acceptant, sans rechigner, de s’éclairer à la bougie.

Le propos désinvolte et irrespectueux à l’endroit des Sénégalais constitue, en réalité, un aveu d’incompétence. Il traduit aussi de sa part le manque de vision du régime. Un régime incapable de trouver une solution idoine à un problème, dont la résolution n’est au-dessus des moyens d’aucun gouvernement, un tant soit peu sérieux. Pour alléger une conscience malmenée, la meute d’incompétents qui règnent à la tête de ce pays depuis 2000, se défausse allégrement sur l’ancien régime pour tenter de justifier ses faillites du moment. On expliquera à longueur de journées et au rythme des coupures intempestives de courant, que la faute incombe aux socialistes. Eux qui n’ont jamais réalisé les investissements nécessaires pour faire jouer à la Senelec le rôle qui est le sien dans la société. La parade est commode. Elle n’en trahit pas moins la vraie nature des hommes politiques qui en sont les auteurs. Ceux-ci affirmaient au moment de la « déprivatisation » engagée en 2000, que les socialistes avaient bradé l’outil industriel et qu’eux avaient la solution du problème. A l’arrivée, le mensonge est manifeste, la faillite patente. Il y a peu d’espoir que les autorités actuelles parviennent à trouver une solution définitive et durable au problème de la Senelec. Le pouvoir n’en a pas la compétence, encore moins la volonté.

Dans son esprit, la Senelec ne peut constituer qu’un moyen d’enrichissement pour les tribus et pour les divers clans qui tiennent l’Etat en otage. Pour lui, c’est accessoirement que la Senelec est un instrument de développement au service de la Nation. A l’image des Industries chimiques du Sénégal (Ics), de Transrail, de la Société nationale des oléagineux du Sénégal (Sonacos), pour ne citer que ces cas tristement célèbres, parmi d’autres, la Senelec est un moyen mis au service d’un Etat patrimonial qui alimente les caisses du prébendier en chef occupé à organiser et à ordonnancer les mécanismes de rétribution en faveur des clans qui s’agitent autour de lui. Si la Sonatel a pu échapper, c’est parce que, et heureusement, avant l’arrivée du pouvoir actuel aux affaires, celle-ci avait fait l’objet d’une privatisation bouclée et réussie. Il n’empêche, la Société nationale des télécommunications fait face aux divers assauts du pouvoir, pour en faire un maillon du système de collecte de fonds et de redistribution de dividendes. Les Ics qui sont quasiment mortes n’ont pas malheureusement échappé à la boulimie des prébendiers. La Sonacos devenue Suneor sous l’impulsion dynamique d’une bande de prédateurs subira le même sort.

Arrêtons de croire que les choses changeront un jour pour la Senelec. Ce ne sera jamais le cas avec le régime en place. Ce n’est ni une prophétie, ni une volonté affichée de jouer aux oiseaux de mauvaise augure. C’est un triste constat qui procède des réalités que nous avons ci-haut exposées

Abdou Latif COULIBALY

lagazette.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_img

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

La colère noire du frère de Dieynaba après le verdict du procès de Dr Mbacké

XALIMANEWS- Médecin-chef du district sanitaire de Matam, le Docteur...

Arrestation de ses gardes rapprochées : Les révélations de Barthélémy Dias…

XALIMANEWS- Lors d'une rencontre avec ses militants, Barthélémy Dias...

Affaire Dieynaba Sangharé Ndiaye : Dr Mbacké écope de 45 jours ferme, ses co-inculpés de 2 mois avec sursis

XALIMANEWS- Alioune Badara Mbacké a été reconnu coupable de...