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Risques d’effondrement, d’émanation de gaz toxiques et d’inondations : 300.000 Dakarois menacés par un collecteur vétuste

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Le collecteur d’eaux usées « Hann Fann », long de 8 km, commence à émettre des signaux de détresse dans la zone de Niarry Tally, Ouagou Niayes, Bopp, des Hlm 4 et 5. Le collecteur vieux de 70 ans, peut exploser à tout moment avec comme conséquences des effondrements d’immeubles, des inondations, des morts provoquées par l’inhalation de l’hydrogène sulfureux. Au total, 300.000 personnes sont exposées à un risque de catastrophe d’une grande envergure.

Jeudi 25 août 2011. Il est 10 heures. Une fine pluie arrose la ville de Dakar. Le convoi, parti de la mairie de la commune d’arrondissement de Grand-Dakar, s’immobilise à l’entrée de l’Eglise Sainte-Thérèse de l’Enfant de Jésus, près de l’Ecole nationale d’administration. L’édifice religieux n’est pas sur le collecteur qui longe cependant l’entrée principale. Il a été réparé à plusieurs reprises à cet  endroit. En remontant la rue, un regard de la canalisation apparaît dans la cour d’une maison.

A quelques mètres de là,  un bâtiment de couleurs blanche et jaune se dresse majestueusement sur la rue Casamance. Plusieurs filles sont sur le balcon. Elles contemplent la fine pluie. Mais aussi la forte délégation conduite par le préfet. Ces filles ignorent les  dangers qu’elles encourent. Leur édifice peut à tout moment s’effondrer comme un château de cartes. « Nous avons demandé l’autorisation du propriétaire pour les travaux. S’’il y a effondrement, le bâtiment peut être affecté », prévient le directeur de l’exploitation de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Ousmane Camara.

Avant la mosquée « toucouleur », se trouve le restaurant la « Nature » qui porte bien son nom. En plus de la couleur verte, des plantes tapissent l’entrée du restaurant. Trois pots de fleurs sont posés sur le regard du collecteur. Le propriétaire a une autorisation « précaire d’occupation », dit le préfet après avoir vu le papier. Le propriétaire et ses clients ne sont pas à l’abri d’un éboulement. Ce collecteur mesure 5 mètres  de profondeur. Son diamètre varie entre 300 et 1.200 m. Il a, aujourd’hui, 70 ans pour une durée normale de vie de 30 ans. Depuis 3 ans, le collecteur émet des signaux d’alarme. « Il y a plusieurs affaissements de collecteur. Il nous a envoyé plusieurs messages que nous n’avons pas décodés », avertit Ousmane Camara. A Ouagou Niayes, près du salon de couture « Aiguilleur d’or », l’Onas, vient de terminer un accolement.

 

Maladies et gaz mortel

 

« Regardez-là, montre Ousmane Camara, un propriétaire d’un R19 avait retrouvé subitement sa voiture à l’intérieur d’un cratère ». A la villa numéro 418, une vieille mère entourée de ses petits fils râle. « Nous sommes fatigués. Nous ne pouvons plus respirer à cause de l’odeur. Nous dépensons beaucoup pour la santé de nos enfants », peste-t-elle. L’avaloir est soulevé. Une odeur toxique s’élève. L’eau est noirâtre. Trois villas et édifices sont concernés à Bopp et Niarry Tally. Dans ces zones, plusieurs familles sont exposées aux maladies cardiaques et à la mort en cas d’inhalation d’une dose importante, dans une période très courte. « Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que la plus grande catastrophe  à laquelle les Dakarois sont confrontés, c’est la rupture de ce collecteur », soutient Ousmane Camara. Les risques sont nombreux.

Au moins 300.000 personnes peuvent mourir dans les minutes qui suivent si elles inhalent une forte dose de l’hydrogène sulfureux (H2 S) en un laps de temps très court.  « Le collecteur contient de l’hydrogène sulfureux H2 S. C’est gaz mortel au bout d’une minute d’inhalation. Aujourd’hui, s’il y a une explosion sur ce collecteur due à ce gaz, la catastrophe pourrait toucher plus de 300.000 personnes », prévient le directeur de la Protection civile, Mar Lô. A Ouagou Niayes, 22 villas et édifices publics sont érigés sur le collecteur.

 

Responsabilité partagée

 

Le convoi poursuit son chemin. Il traverse le grouillant marché Hlm et s’arrête au bas d’imposants immeubles roses. Les cantines font lésion dans les Hlm. Les vendeurs, comme les clients, marchent tous les jours sur le regard du collecteur pour regagner la boutique de produits cosmétiques. Des enfants accourent. « Mais qu’est-ce qui se passe ? », demande l’un d’entre eux à un cameraman. Comme les enfants, les adultes ignorent qu’ils sont exposés à toutes sortes de catastrophes. Dix villas et édifices des Hlm 4 et 14 villas des Hlm 5 sont construites sur le collecteur. Au total, 51 villas et édifices sont concernés. Comment en est-on arrivé à cette situation ? C’est la question que se posent plusieurs élus locaux et habitants des Hlm. « Il y a une responsabilité des autorités qui délivrent les autorisations de construire mais aussi des habitants. Il faut que les autorités prennent leur responsabilité », préconise Mme Tandian, une conseillère municipale domiciliée à Angle Mousse. « Il faut déguerpir les maisons et dédommager les propriétaires. Il ne faut pas être fataliste. N’attendons pas une catastrophe », renchérit le maire de Grand-Dakar, Jean Baptiste Diouf.

Le préfet de Dakar, Ibrahima Sakho, livre une position plus ou  moins tranchée. «Il y a les services concessionnaires, la Sn Hlm, la Sicap qui, par inertie ou par négligence, ont laissé faire. Il y a aussi la responsabilité des  populations. Parmi elles, certaines font des extensions sans, au préalable, avoir une autorisation administrative», soutient-il. La sensibilisation est une première étape.

La libération des emprises sera étudiée et soumise aux autorités. «L’une des solutions, c’est essayer de faire en sorte que l’emprise soit libérée. C’est une solution extrême, mais que nous envisageons pour éviter qu’il y ait catastrophe », laisse entendre le préfet de Dakar.

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