Dans son premier roman, Sur le long chemin de l’exode, le poète Alioune Badara Coulibaly fait un survol des tares de la société d’aujourd’hui. Viol, cupidité, infanticide sont, entre autres, les catastrophes rencontrées dans cet ouvrage qui fait aussi place aux valeurs positives de la civilisation noire. Et cela à travers deux histoires symétriques.
Siriki et Fanta forment un couple. Grâce à son emploi, le mari subvient aux besoins de sa femme et de ses cinq rejetons. Des enfants qui allient l’école française et celle coranique. Un ménage paisible dans l’atmosphère de cette demeure, jusqu’au jour où un grain de malheur vient bouleverser cette quiétude. Siriki perd son emploi. Une situation qui, du coup, affecte la scolarité des enfants et le fonctionnement de la maison. D’aucuns n’adressent plus le regard à ce licencié, encore moins daigner répondre à sa main tendue. Et pourtant, il a passé vingt-cinq longues années avec ceux qui lui ont aujourd’hui tourné le dos. Toutefois, certains proches lui apportent leur aide dans la plus grande discrétion. La femme, qui s’est toujours afférée aux corvées ménagères, s’est convertie au commerce. Et c’est ce commerce qui a redressé leur chute sociale.
C’est l’une des histoires qu’Alioune Badara Coulibaly a traitées dans son roman intitulé Sur le long chemin de l’exode. Des vers, l’auteur est passé dans sa dernière production à la prose pour traduire, non seulement la douceur de vivre en Afrique caractérisée par la solidarité, la compassion et le respect des parents, mais aussi la cohabitation religieuse. Cependant, les tares de la vie ont aussi une place dans cet ouvrage. C’est ainsi que du viol d’une jeune fille, l’auteur en est arrivé à la découverte macabre d’un cadavre de nouveau-né. Non sans s’exprimer sur la crise scolaire qui sévit dans le milieu de l’éducation.
Pour la première fois, l’auteur du recueil de poèmes Rayons de Soleil sur Saint-Louis s’essaie au roman. ‘J’ai voulu renouveler mon écriture par le roman’, a-t-il déclaré. Le président de l’Association des écrivains de Saint-Louis envisage de flirter avec d’autres genres littéraires. Toutefois, Alioune Badara Coulibaly n’entend pas divorcer de la poésie qui a guidé ses premiers pas. ‘Je suis poète et je le resterai toujours’, dit-il. Pour Coulibaly, le réel s’est fait une place dans ce qu’il raconte aux lecteurs. ‘L’histoire du viol m’a été raconté’, précise-t-il.
Parallèlement, ce proche du défunt poète Léopold Sédar Senghor relate dans ce même ouvrage l’histoire des Malinkés ayant abandonné leur village d’origine, le Kénédougou, pour venir s’installer au Sénégal, plus précisément à Saint-Louis. Une présence matérialisée par la reconstruction de leur village d’avant détruit, le Sénéfo Bougou. Dans cette narration, l’auteur retrouve le passé de sa famille. ‘Mon nom est de connotation malinké, on vient de Kénédougou. Il y aussi l’histoire de ma famille qui est racontée dans cet ouvrage’, explique-t-il.
Beaucoup de valeurs, perdues d’après l’auteur, ont été dispensées dans les 17 chapitres qui composent le roman. ‘Nous avons perdu nos valeurs, constate Coulibaly, car ayant trop imité l’étranger, il nous faut garder nos valeurs positives’. Selon lui, ces fléaux qu’il a dénoncés dans ses écrits et qui gangrènent notre société ne sont que le fruit de l’abandon de notre civilisation. ‘Prenons le positif dans nos valeurs et aussi ce qui est positif dans les valeurs de l’autre’, ajoute l’auteur de Sur le long chemin de l’exode.
Sur le chemin de l’exode de Alioune Badara Cissé Impulse les Editions 2010, 125 pages, prix 9 euros
Aïda Coumba DIOP
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