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Ruée vers le pétrole en Afrique de l’ouest: le nouveau Far West ?

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Il y a une nouvelle ruée vers le pétrole au large des côtes d’Afrique de l’ouest. Mais on craint que le secteur ne soit pas suffisamment réglementé, et des groupes de défense des droits de l’Homme nourrissent des inquiétudes quant à la transparence et à la gouvernance dans la région.

L’impatience monte en Sierra Leone lorsque ’African Petroleum’, une société d’exploration pétrolière et gazière au large de l’Afrique de l’ouest a déclaré qu’elle commencerait le forage dans le bassin entre la Sierra Leone et le Liberia l’année prochaine après la découverte du pétrole ici en 2009.

Les groupes de la société civile en Sierra Leone disent qu’ils sont justes en train de se mettre au courant de la découverte du pétrole. « C’est très nouveau – nous continuons d’apprendre », explique Mohamed Toray du ’National Movement for Justice and Development’ (Mouvement national pour la justice et le développement).

Il affirme que la ’Petrolium Act’ (Loi sur le pétrole) du pays, qui était motivée par des accords avec les compagnies pétrolières, a été précipitée comme étant un projet de loi d’urgence par le bureau du président en juillet, et peu de gens ont été consultés.

« Les accords du gouvernement avec les compagnies pétrolières ont motivé les termes de la loi. Mais, cette loi aurait dû guider les accords avec les compagnies pétrolières », dit-il.

Il indique également que la Sierra Leone a beaucoup à apprendre du gouvernement ghanéen, qui s’est engagé avec la société civile et le public lorsque le pétrole a été trouvé au large de ses côtes en 2007. Il déclare que des leçons peuvent être également tirées de l’histoire agitée du Nigeria avec le pétrole. Un rapport publié récemment par le parlement de l’Union européenne (UE) indique que des chiffres variant de 93 à 716 barils par jour sont perdus au Nigeria en raison de conflits, selon le meilleur cas et le pire cas des scénarios.

Aujourd’hui le Liberia retient l’attention – avec de grands espoirs que le pétrole sera bientôt trouvé. Les géants pétroliers américains, ’Chevron’ et ’Anadarko Petroleum Corp’ (l’une des plus grandes compagnies indépendantes d’exploration et de production du pétrole et du gaz au monde), fouillent fort les eaux libériennes. ’African Petroleum’, relativement inconnue, mène également des explorations.

Selon la ’United States Geological Survey’ (Enquête géologique américaine), la Province côtière ouest-africaine – qui comprend le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée – dispose d’environ 3.200 millions de barils de pétrole et de 23.629 milliards de pieds cubes de gaz.

Traduit en argent liquide, cela fait des centaines de milliards de dollars. « Mais personne ne sait exactement ce qu’il vaut », déclare Natalie Ashworth de ’Global Witness’, l’organisation militante qui a découvert des liens sur la manière dont les guerres en Sierra Leone et au Libéria ont été alimentées par des ressources naturelles.

« ’Anadarko’, la compagnie qui a trouvé des réserves dans les eaux de la Sierra Leone, gardent apparemment ses données au secret », souligne-t-elle. Les découvertes de pétrole devraient être une aubaine pour cette région – renforçant les progrès réalisés à partir des efforts de sortie de guerre avec des millions de dollars des bailleurs, et augmentant la confiance des investisseurs étrangers.

Le produit intérieur brut actuel du Liberia par habitant n’est que 247 dollars, et celui de la Sierra Leone est de 325 dollars – alors, toute découverte de pétrole aurait un impact important dans deux des pays les plus pauvres au monde. Le Liberia et la Sierra Leone sont classés parmi les pires endroits au monde pour que les mères accouchent, par exemple, bien que ces deux pays renferment des ressources naturelles.

La conséquence est que l’absence de transparence entraîne une perte de potentielles recettes, et éventuellement la privation de ces économies de dépenses sociales désespérément nécessaires.

Le pétrole libérien pourrait se révéler être une bénédiction pour certains, et une malédiction pour la plupart, à moins que le gouvernement s’engage à un processus de réforme franc, souligne ’Global Witness’. L’exploration pétrolière a commencé en août au large des côtes de ce pays d’Afrique de l’ouest. Toutefois, l’organisation internationale affirme que sauf si le pays nettoie son secteur pétrolier, il ne sera pas prêt pour le pétrole.

Dans un rapport publié en septembre par ’Global Witness’, cette organisation de défense des droits de l’Homme déclare qu’elle a déjà découvert des divergences, des mauvaises pratiques et même la corruption au Liberia. « Nos enquêtes ont montré que, même avant qu’une découverte ne soit faite, il y a des problèmes profondément enracinés dans le secteur pétrolier libérien : au moins une compagnie a versé des pots-de-vin à des cadres du gouvernement, des contrats ont été accordés illégalement, et des compagnies ayant peu d’expérience dans le secteur pétrolier ont reçu des concessions », explique Ashworth.

Le groupe affirme qu’une agence gouvernementale a versé des pots-de-vin au corps législatif afin que des contrats pétroliers soient ratifiés. Il a également constaté que le secteur n’était pas réglementé de façon indépendante. ’Global Witness’ soutient que des réformes au Liberia – comme le vote de la loi révolutionnaire, la ’Extractive Industries Transparency Initiative law’, qui publie les contrats dans l’industrie extractive et des données sur les recettes pour améliorer la gestion des ressources – ne sont pas allées assez loin dans la pratique.

’Global Witness’ va loin jusqu’à affirmer que le Liberia n’est « pas prêt pour le pétrole » avec sa gouvernance actuelle et l’absence de transparence, et qu’il a besoin de réformes plus grandes dans son secteur des ressources avant que les gens ne puissent effectivement bénéficier de toute nouvelle découverte. En effet, l’histoire du pétrole en Afrique a été jusqu’ici tumultueuse. Un rapport récemment publié par l’UE a révélé que les impacts négatifs de l’industrie pétrolière en Afrique sub-saharienne constituent une préoccupation majeure pour la santé et les moyens de subsistance des communautés locales.

IPS

Meena Bhandari

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