A la bonne heure ! Le Chef semble maintenant se préoccuper de ces milliers de jeunes qui se barrent. Il s’est fait un sang d’encre, déplorant que des compatriotes puissent quitter Galsen dans des pirogues de fortune au nez et à la barbe de ceux qui sont chargés de surveiller nos eaux territoriales, flairant même une complicité entre ces despérados et les forces de défense. Il ne s’est alarmé que pour ces jeunes gens qui empruntent des embarcations, impuissant face à la volonté des autres qui prennent des vols réguliers à destination du Nicaragua pour les Etats-Unis, la nouvelle terre promise. A ces jeunes, personne ne peut s’opposer à leur volonté de quitter un pays où ils ne se sentent pas en sécurité et où ils ne trouvent également pas leur bonheur. Tous veulent quitter ce charmant pays pour des ailleurs supposés être meilleurs. Ceux qui restent à Galsen se préparent eux aussi à lui tourner le dos. Quand un pays se vide de sa jeunesse, c’est parce que des ressorts se sont brisés ou qu’il y a un malentendu entre cette couche de la population et ses dirigeants. En 2011, la jeunesse qui avait amené Me Wade au pouvoir s’était détournée de lui pour porter en triomphe celui qui faisait hier ses adieux aux Armées. Après douze ans d’une gouvernance peu vertueuse, l’émergence qu’il avait promise ressemble toujours à un mirage en plein désert.
En attendant la tout aussi illusoire exploitation de nos ressources gazières et pétrolières, le pays se vide de ses bras valides. Nos mers ayant été pillées par les bateaux chinois et de l’Union européenne à tel point qu’on n’y trouve plus de poissons, nos pêcheurs prennent le large en direction de l’Espagne ou de l’Italie. Parmi eux, les meilleurs capitaines des pirogues qui s’adonnaient à la pêche.
S’ajoutant à l’agriculture qui ne nourrit plus son homme et aux hordes de chômeurs dans les villes, un véritable exode est en cours. Une grande rupture de confiance s’est ainsi installée entre les autorités et la jeunesse. Conséquence : cette dernière pense que son avenir ne se trouve pas dans ce pays de tous les slogans trompeurs.
kaccoor bi – le temoin