Pour n’avoir pas consulté les siens, Henri Konan Bédié a créé une rébellion dans sa propre famille en appelant à voter pour le candidat Alassane Ouattara.
Rien ne va plus chez les Bédié. La famille nucléaire du président du Pdci et candidat recalé au premier tour de l’élection présidentielle du 31 octobre est divisée en deux. Selon une source bien introduite chez les Bédié, Henriette Bomo et ses enfants d’un côté et Bédié Konan de l’autre dirigent chacun son groupe. La division elle-même, est partie de l’appel lancé par l’ex-président de la République à voter pour le candidat du Rdr au second tour de la Présidentielle. C’est la maîtresse de la maison, la première, qui a formulé haut et fort ses récriminations. Elle a très clairement dit à son époux qu’elle n’épousait pas son idée de voter le candidat du Rdr. Elle a avancé comme raison principale le fait que tous les malheurs que son mari a connus sont venus de Alassane Ouattara. Parce que, a-t-elle argumenté, c’est lui qui a fait chuter le gouvernement que dirigeait son mari par un coup d’Etat. Elle a dit qu’elle est Agni et, en tant que telle, elle est fière d’être Agni. Par conséquent, le rôle que son mari lui demande de jouer ne lui sied pas du tout.
Elle a été suivie par ses enfants dans la fronde. Ceux-ci, presque dans la rébellion contre leur père, s’en sont même ouverts à leurs amis dans des termes pleins d’humour : «Attends, le vieux même, il croit que nous allons le suivre pour voter quelqu’un qui l’a chassé du pouvoir. De toutes les façons, le rendez-vous c’est dans les urnes et dans l’isoloir. Et puis si parce qu’il a signé des papiers avec Ouattara, nous, ça ne nous engage pas. Les papiers restent des papiers.»
Un autre proche parent de madame ne dit pas autre chose : «Frère, je peux te l’affirmer haut et fort. Actuellement, nous jouons de la comédie. Nous sommes au théâtre. Sinon tu sais très bien que tonton ne croit pas en ce qu’il dit. Il ne votera pas Ouattara qui l’a humilié ici à Abidjan. Tout est question de stratégie et je crois que le monde entier a compris le jeu.»
Quand on demande à nos interlocuteurs le choix final qu’opèrera la famille Bédié, ils n’hésitent même pas et lancent : «Pour le moment, nous ne sommes pas à ce stade. Nous espérons toujours que le vieux va se ressaisir.»
Ivorian.Net
(Avec le journal «Notre Voie»)