Saint-Louis : La vérité sur la démolition des deux mosquées à Guet Ndar

Une semaine après les affrontements qui ont opposé les populations de Nget Ndar et les agents de la mairie de Saint Louis, IGFM a fait un tour dans cette des pêcheurs pour percer le mystère qui enveloppe la destruction des deux mosquées à Nguet Ndar.

La commune de Saint-Louis a tenu à éclairer les Sénégalais sur les vraies raisons du mouvement d’humeur des habitants suite à la démolition des deux mosquées prévues dans les semaines à venir. L’enquête qu’a faite Igfm confirme tout puisqu’il y a des preuves tangibles mises la table (voire images).

Tout a débuté au début « des années 2000 » comme le révèle Balla Guèye, adjoint au maire de la ville, chargé du cadre de vie, des affaires domaniales et foncières, quand la commune avait « prêté » cet espace situé aux abords du fleuve à deux hommes, « Yankhoba et Adramé ». L’un est devenu « responsable » de la première mosquée et l’autre de la « seconde ». Ce, après plusieurs années d’occupation pour l’apprentissage du coran avant de transformer ces deux espaces en lieux de prière. Construites il y a maximum six ans, ces mosquées sont devenues depuis quelques semaines le centre de tous les débats à Guet Ndar, un quartier Lebou où la pêche est la principale activité. Ce, parce que la mairie de Saint-Louis veut changer le décor.

Des sommations envoyées à temps

Pourtant, de près, la marie a procédé dans le professionnalisme. A entendre les révélations du Balla Guèye, les sommations ont été envoyées à temps. « Nous avons respecté la procédure normale depuis le début. Récemment avant la dernière opération, on a donné une lettre parce qu’ils (les habitants) nous avaient exprimé le besoin d’intégrer les mosquées dans le plan d’aménagement. Mais, nous leur avions dit que c’était impossible. Par contre, ils ont reçu des sommations et ont même répondu et vous verrez dans les documents qu’ils ont bien répondu ».

Seule une minorité dit niet

« Il ne s’agit pas de toute la population de Guet Ndar qui s’oppose à cette démolition. Au contraire, les populations dans leur grande majorité adhèrent à ce projet et ils nous exigent même de démolir ces mosquées pour faire passer les projets », estime-t-il.

« Cependant, il y a des réfractaires, ça nous le reconnaissons et c’est une infime partie. Ce sont les tenants directs de ces deux mosquées-là qui ne sont pas d’accord, mais ce ne sont pas les populations », explique-t-il.

L’adjoint au maire a par ailleurs soutenu que les populations avaient même tenu une réunion ces derniers jours pour dire que « nous avons connu un couac » lors de la dernière opération de démolition.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les populations ont appelé tous « les sages et personnes ressources » du quartier pour « fustiger » le comportement de ces deux mosquées-là. « Il s’agit des lieux qui n’appartiennent pas à des tiers, mais à la commune de Saint-Louis. On leur avait prêté cet espace-là et en échange même, on leur avait octroyé des terrains à Idrobase et Goxou Mbacc », dit-il.

Au lieu donc d’en faire des Daaras, ces habitants en ont fait des lieux d’habitation qu’ils ont continué à occuper jusqu’à ce que la commune ait besoin de ces espaces-là.

Plus de 90% disent oui, l’islam appuyé

De loin, on pense que tout le monde s’oppose à cette affaire. Lors d’une promenade dans les rues de Guet Ndar, une de nos sources nous confie que le quartier est « divisé », certains souhaitent « la démolition », d’autres « non ».

Ce que confirme l’adjoint au maire. « Les populations ont pris conscience de ça. D’ailleurs elles ont même dit qu’elles ne laisseront pas les projets passer. Elles disent que ce sont des gens qui n’habitent même pas à Guet Ndar qui tentent de s’y opposer. D’ailleurs c’est Yankhoba et Adramé qui sont les responsables des deux mosquées », estime M. Gueye.

Pourtant, ces derniers ont fait savoir qu’ils ne « tiennent pas obligatoirement » à ces deux mosquées, parce qu’ils « reconnaissent » que ces endroits leur avaient été prêtés par la commune. « Donc, ils n’avaient pas le droit d’ériger endure. Ils disent que puisqu’on leur avait prêté, maintenant, ils restituent puisque les propriétaires sont là. Maintenant, c’est une communauté. Ce sont les autres qui refusent de suivre, mais la population de Guet Ndar à plus de 90% sont pour la démolition de ces deux mosquées-là. C’était donc une occupation précaire. C’est juste une minorité qui s’y oppose », raconte-t-il, arguant que les mosquées sont construites dans des espaces « inadéquats à la pratique » de la prière. Il y a une « insalubrité » telle qu’on ne peut pas faire la pratique religieuse.

Selon la commune de Saint-Louis, en voulant démolir les deux mosquées, l’intention n’est pas de combattre l’islam comme le pense cette minorité. Au contraire, « nous sommes l’Islam. Nous sommes des musulmans et notre raison de vivre c’est l’islam », précise l’adjoint au maire. « Nous ne poserons jamais des actes qui porteront préjudice à l’islam. On ne peut pas s’attaquer à l’islam. Nous sommes les premiers défenseurs de l’islam. Le maire Mansour Faye ne ferait jamais ça parce qu’il est en train d’appuyer les mosquées », explique-t-il, soulignant que tout ceci c’est dans l’intérêt général sachant qu’ils y ont prévu des travaux d’utilité publique.

Des projets de plus de 10 milliards avec deux nouvelles mosquées…

Véritablement Saint-Louis plus précisément Guet Ndar mérite un environnement saint voire meilleur. Si on se réfère aux propos de Balla Guèye, la commune veut investir une importante somme dans cette localité afin que tout devienne moderne. « Ce sont des projets qui doivent passer là-bas. Ils sont hyper importants pour toute la population de Guet Ndar et de Saint-Louis. Il s’agit d’aménagement de la berge avec des installations nouvelles », affirme-t-il.

Dans cette optique, « la construction de deux mosquées qui respectent les normes avec tout cela requiert comme respect des normes en termes de papiers, mais également en termes de respect technique de construction. Les normes architecturales et autres. Donc, ces moquées seront équipées et ça c’est pour l’intérêt général. L’islam est une religion d’hygiène et de propreté. C’est pour cela que nous leur proposons des mosquées modernes avec des équipements modernes, tout ce qu’il faut », explique Balla.

« Vous avez vu la berge et c’est vraiment déplorable. Nous allons mettre de la verdure, des arbres, avec tout ce qu’il faut pour changer le décor. Nous prévoyons pour la grande mosquée, 200 millions francs Cfa et pour l’autre, il y aura également un investissement important. Maintenant, il faut la destruction pour qu’il y ait ce passage parce que les techniciens disent que c’est impossible. Il faut cette destruction pour que les travaux puissent commencer parce que les emplacements n’y sont pas », souligne-t-il, relevant que sur l’emprise de cette berge fluviale, il y a trois projets qui passent, celui de l’assainissement de Guet Ndar, de la construction d’une route appelée route de l’Idrobase qui part du pont Moutaf Malick Guèye jusqu’au pont polonais. Enfin, vient le projet d’aménagement de la berge.

L’évacuation des eaux usées et la reconstruction des cimetières ainsi qu’autres projets comme la digue de protection côtière entre Guet Ndar et Goxu Mbac sont également cités. Ce sont des projets importants, le tout fait plus de 10 milliards. « Si les gens ne saisissent pas cette opportunité, comment faire », s’interroge-t-il, indiquant que la commune ne va pas laisser tomber parce que ce sont des projets d’une importance capitale. Sur ce, la prochaine opération sera bientôt fixée quand on sait que les travaux devaient démarrer depuis très longtemps.