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Saly: Le blues des hôteliers

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Hôtels en sursis, villas en vente et menace sur les emplois, Saly fleuron du tourisme sénégalais vit dans la morosité à cause des délestages.

Le ronronnement des groupes électrogènes berce l’atmosphère de Saly ce jeudi 30 octobre. Le soleil est au Zénith et invite à se prélasser à l’ombre. A la Rivièra, un bar restaurant de Saly fréquenté par une clientèle composée de touristes et de Sénégalais de passage pour des affaires, la cafétéria ne désemplit pas, la salle climatisée non plus. La plupart des clients préfèrent s’y refugier pour fuir la canicule. Un bruit sourd provient du fond d’un bâtiment. « C’est le groupe électrogène qui marche », indique Ousmane, un serveur au visage avenant d’une noirceur d’ébène. Ousmane se lâche quand on évoque les délestages. « Nos emplois sont menacés à cause des charges. Le patron n’arrête pas de grogner car l’électricité coûte cher, le gasoil aussi parce que le groupe électrogène fonctionne des heures durant. C’est le groupe d’ailleurs qui marche actuellement sinon, la plupart des clients seraient partis. La fréquentation est déjà moyenne, si les délestages continuent, il est sûr que certains d’entre nous seront remerciés. » L’odeur de l’essence se mélange aux effluves marins au grand dam de tous ceux qui sont venus farnienter à Saly, la station balnéaire la plus courue du Sénégal.

Malheureusement, Saly vit au ralenti depuis quelques années. L’impact de la crise financière, la cherté de la destination sénégalaise, les délestages refreinent l’ardeur de ceux qui adoraient venir à Saly. La hantise des Hôteliers de Saly s’appelle les délestages.

Le diktat des groupes électrogènes

« Les délestages, c’est un surcoût de 6 millions de frs Cfa par mois », s’étrangle Boubacar Sabaly le président du syndicat des Hôteliers de Saly. « C’est 320 litres de gasoil par jour ». « Le plus étonnant, aussi c’est que nos factures d’électricité ne varient pas. » Amer, Boubacar Sabaly indique : « Les touristes ne peuvent pas comprendre que leur confort soit gâché par des problèmes de délestage. Ces gens ne peuvent pas accepter un tel langage car chez eux, ils ne connaissent pas de délestages. Une coupure de courant pour quelques minutes, cela peut se comprendre mais des heures de coupure, nous évitons qu’ils en ressentent les effets. » Alors les groupes électrogènes fonctionnent à plein régime dans les hôtels et certaines résidences de la station de Saly pour le plaisir du touriste mais aussi pour ne pas perdre les provisions. Des provisions dont le coût est chiffré à des millions confie un hôtelier de Saly. « Un hôtel fonctionne avec des approvisionnements planifiés.

Certaines denrées sont très périssables et coûtent également très chères, elles sont en permanence sous froid et sans trop entrer dans les détails, l’exigence de qualité nous recommande d’être très regardant dans la qualité de service », précise-t-il. Au mois de juillet dernier, le groupe électrogène qui alimente les bougainvilliers a cramé indique Sabaly. « Cela nous a valu les pires désagréments. Il a fallu réparer au plus vite et nous avons perdu plein de provisions. » Les désagréments des délestages sont également vécus dans les résidences. Claudine, une française qui réside à Saly évoque le calvaire de ceux qui dépendent de l’électricité de la Senelec. « Ce qui est navrant souligne Claudine, c’est qu’on n’a pas d’interlocuteur. Moi je suis une râleuse. Je vis en Afrique depuis 26 ans, mais ce qui se passe au Sénégal depuis dix ans est surprenant. Depuis 48 heures, on n’a pas d’eau, l’électricité est comme rationnée, deux heures d’éclairage, trois heures de coupure. Personne ne pense à garder des provisions. Dans les boutiques du coin, il n’y a plus de bouteilles d’eau de 10 litres. Ma bonne passe une bonne partie de la matinée à courir après les vendeurs d’eau. » La française n’est pas prête à rentrer pour autant. Tout au contraire de plusieurs propriétaires de villas disséminées tout autour de Saly. « 500 maisons sont en vente depuis près d’un an, révèle Claudine. Les délestages ont leur impact dans cette débandade. »

Au mois d’août dernier, faisant le bilan des saisons touristiques 2008 et 2009 Mamadou Racine Sy président de La Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique au Sénégal tirait la sonnette d’alarme en indiquant « les délestages minent le secteur », et d’ajouter « on ne peut vouloir un tourisme haut de gamme avec des délestages de cette nature ». La sortie de crise est encore loin.

Pape Amadou FALL
lagazette.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Tiens pour une fois je vais soutenir ce pouvoir.
    Grace à leurs delestages, Saly l’infâme pourrait peut être disparaitre de la surface du Senegal.
    Ce serait une oeuvre de salubrité public.
    Double delestage sur Saly SVP.
    Il faut accélerer les choses.

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