On peut, et on doit toujours s’attendre au pire quand Nicolas Sarkozy décide d’ouvrir la bouche, et Dieu sait qu’il ne se tait pas très souvent. L’ancien président français est un multirécidiviste de la malencontreuse formule, entre les propos de bas étage, les jeux de mots pourris et les métaphores tordues qui ne font malheureusement pas rire que lui. Il y a à peine deux jours, dans la soirée de ce jeudi 18 juin, c’est dans le département français du Val-D’oise que Sarko, c’est son petit nom, se donnait encore en spectacle, s’illustrant une fois de plus dans un sketch de mauvais goût diront certains, mais pour les inconditionnels du président des Républicains (le nouveau nom de l’Ump), c’était plutôt tordant comme prestation, à mourir de rire ! On les entend d’ailleurs ricaner dans la vidéo qui immortalise l’instant, et où Monsieur Sarkozy n’a ni la subtilité, encore moins la finesse de faire dans la dentelle.
Il y parle d’immigration, mais il se moque surtout de la proposition de la Commission européenne de répartir les migrants entre les 28 états de l’Union européenne (Ue). Le ton est volontairement ironique : «Il n’y a plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements, mais ils ont trouvé un truc (…), ils ont considéré que la solution au problème d’immigration, ce n’était pas de réduire, c’était de répartir.»
Entre la Syrie et l’Erythrée, plusieurs dizaines de milliers de demandeurs d’asile jouent leur destin : la faim, la guerre ou la mort…Mais on a encore le temps pour une blague à deux balles voyons, qui plus est, sur une vulgaire histoire de plomberie. L’afflux des migrants en Europe, ce n’est qu’une grosse « fuite d’eau » selon Mister Sarko. Une maison, avec «une canalisation qui explose (et qui) se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit : j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et, si ça ne suffit pas, il reste la chambre des enfants. » Le plombier dans l’histoire, c’est Bruxelles, c’est l’Europe.
Entre chaque petit morceau de phrase, Nicolas Sarkozy marque une pause, joue sur les silences et aiguise les appétits de sa bande de sympathisants manifestement surexcités par le suspense. On connaissait pourtant le goût de Sarkozy pour la provoc à deuxtrois sous, les discours tendancieux et l’humour mi- glauque, mi- grossier, mais quand c’est au mépris de la détresse humaine, c’est absolument intolérable.
En France aussi, on a sorti le bâton, pour casser du Sarko : de la Slovaquie où il se trouvait, le président François Hollande déclarait que pour des questions comme celles-là, il fallait surtout les aborder «avec gravité et donc avec maîtrise». Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche, s’est quant à lui exprimé sur les réseaux sociaux, plus ou moins sur le même registre que celui de Sarkozy, qui serait peut-être atteint d’une « fuite de cerveau». Si Nicolas Sarkozy voulait se montrer méchant, cynique et grossier, mission accomplie…Monsieur le président !
Théodora SY SAMBOU sudonline.sn